C’est une vraie histoire de fous qui défraie la chronique dans la communauté Al-pular de Normandie, dans le nord de la France, et gêne le corps médical. Une de ses mésaventures tragicomiques qu’on pense qu’elles ne se produisent que sous les tropiques, là où tout est informel. À la place de Mme Tall qui devait être internée dans un hôpital psychiatrique, les ambulanciers ont séquestré une autre Mme Tall, l’ont maltraitée pour le conduire dans un asile.
Le drame aurait certainement beaucoup fait rire si la victime n’avait pas été une compatriote, de surcroit une maman d’une soixantaine d’années dont les enfants sont des adultes responsables et bien intégrés dans la société. Ce week-end, venue en consultation au CHU de Rouen, Mme Tall qui patientait tranquillement dans la salle d’attente a eu la surprise de s’entendre appeler par des ambulanciers. S’étant levée de sa chaise, elle est venue à la rencontre des ambulanciers qui lui annoncent qu’ils devaient l’accompagner chez elle, sur ordre du médecin. N’y voyant aucun inconvénient, la bonne dame les suit et prend place dans l’ambulance. Mais, à peine quelques mètres de voiture, elle se rend compte que l’ambulance ne prenait pas la direction de son domicile. Elle interpelle ses accompagnateurs et leur fait savoir qu’ils n’empruntaient pas le chemin de chez elle. Silencieux depuis le départ, les ambulanciers deviennent menaçants et insolents. «Ils m’ont dit : «tais-toi, ferme ta gueule, reste tranquille» et il me tapait», dira plus tard Mme Tall. Aux gestes et aux propos désobligeants, s’ajouteront des actes barbares et humiliants pour cette dame qui ne comprend pas ce qui lui arrivait. Elle prend peur, les supplie de ne pas la tuer et demande à descendre de l’ambulance. Comme ils ne voulaient pas l’écouter, Mme Tall se lève de son brancard et tente de sauter du véhicule. Elle est ceinturée et placardée au sol par les gros bras qui tiennent à la conduire «chez elle». Le calvaire de Mme Tall ne se terminera qu’une fois à l’hôpital psychiatrique. «C’est à «la livraison de la malade» que le personnel de l’hôpital a fait comprendre aux brancardiers que cette femme n’était pas leur patiente», soutient une source proche de dossier. Agents d’une société privée d‘ambulanciers, ces brancardiers interviennent souvent pour le transfert des patients du Centre hospitalier universitaire de l’Hôpital de Rouen vers leur structures sanitaires de la région. Et ce jour, les blouses blanches avaient été appelés pour conduire une certaine Mme Tall en internement à l’hôpital psychiatrique. À leur arrivée, dans la salle d’attente, ils ont demandé après Mme Tall. Sans prendre le temps de demander le prénom de la madame Tall réclamée par les blouses blanches, Mariême se lève et les suit. Pendant ce temps, l’autre Mme Tall – qui devait être internée- était tranquillement assise dans son coin. Libérée, la victime de cette erreur médicale a ameuté sa famille et, en compagnie de ses enfants, elle s’est fait ausculter par un médecin qui lui a délivré un certificat médical attestant des maltraitances qu’elle aurait subies. Munie de cette attestation, la famille Tall a décidé de porter plainte contre l’hôpital. En attendant la suite, à donner à cette affaire, la direction du CHU de Rouen a convoqué la famille afin de trouver un arrangement financier et enterrer l’affaire. Pour sa part, après avoir présenté ses excuses à la famille Tall, la société propriétaire de l’ambulance a commandité une enquête. Et, sans obtenir les conclusions des investigations, elle a intenté une procédure de mis à pieds à l’encontre de ses employés impliqués dans cette affaire d’aliénés.
Babacar Touré