Samedi 21 avril, minuit pile, rideau. La campagne officielle s’achève et avec elle s’ouvre l’interdiction de publier tout nouveau sondage jusqu’à dimanche 20h. Une mesure prévue par la loi de 1977 afin de garantir l’équité et la bonne tenue du scrutin de premier tour de l’élection présidentielle.
Si la règle est contestable et contestée, on ne pourra pas dire que les Français auront manqué de repères. À la veille du premier tour, 375 sondages auront été publiés, a fait savoir ce vendredi la Commission des sondages. Celle-ci estime même que le record de 2007 (293), déjà largement dépassé, devrait être pulvérisé avec pas moins de 400 enquêtes d’opinions publiées au soir du 6 mai.
Rien que pour ce vendredi, pas moins de cinq enquêtes d’opinion ont rendu leurs dernières photographies du rapport de force de ce premier tour: Ipsos, Harris Interactive, TNS Sofres, BVA ainsi que le sondage quotidien « Rolling » de l’Ifop.
Les cinq sondages parus le 20 avril 2012
INSTITUT – CANDIDAT IPSOS HARRIS INT. TNS SOFRES BVA ROLLING IFOP
Nicolas Sarkozy 25,5% 26,5% 27% 26,5% 27%
François Hollande 29% 27,5% 27% 30% 27%
Marine Le Pen 16% 16% 17% 16,5% 16%
J.L. Mélenchon 14% 12% 13% 14% 13,5%
François Bayrou 10% 11% 10% 10% 10,5%
Confrontés à cette avalanche d’informations, les électeurs frôlent néanmoins le mal de crâne. Enquêtes réalisées par téléphone ou par internet, marges d’erreur fluctuantes, temporalité des enquêtes, formulation des questions… Pour se retrouver dans ce dédale d’enquêtes d’opinion, Le HuffPost fait le point sur les toutes dernières tendances de la campagne officielle. En attendant le verdict final de dimanche.
TENDANCE N°1: Sarkozy et Hollande clairement en tête
C’est la tendance de long terme de la campagne. Depuis le mois de février, aucun des deux favoris de l’élection présidentielle n’a été réellement inquiété par la perspective d’une élimination au soir du premier tour. Une tendance que confirment les derniers sondages publiés ce vendredi. François Hollande comme Nicolas Sarkozy affichent encore et toujours plus de 10 points d’écarts avec leurs poursuivants, soit bien au-delà des marges d’erreurs les plus sévères. Conséquence d’un réflexe de vote utile à gauche et d’un socle électoral conforté pour Nicolas Sarkozy? Peut-être. une chose semble acquise. Le scénario d’un 21-avril ou d’un 21-avril à l’envers semble raisonnablement exclu.
MAIS… Ce constat ne doit pas masquer deux phénomènes que relèvent aussi tous les instituts de sondage. Tout d’abord, le très haut score potentiel de Marine Le Pen qui avoisinerait celui de son père en 2002 et dépasserait très largement la moyenne des scores enregistrés par le FN lors des quatre dernières élections présidentielles. Insuffisant néanmoins pour espérer rattraper un Nicolas Sarkozy dont le score moyen en terme d’intentions de vote reste néanmoins très en-deçà de son score de 2007. C’est d’ailleurs le deuxième enseignement des tous derniers sondages parus. S’ils se confirment, le président sortant n’aura pas réussi à reconstituer son socle électoral de 2007 (31%).
TENDANCE N°2: La dynamique est du côté de Hollande
Comme le montre notre infographie, le duel des favoris a connu plusieurs séquences ces trois derniers mois. Parti avec un retard conséquent sur son rival socialiste, Nicolas Sarkozy a ensuite nettement redressé la barre au point de rejoindre puis dépasser François Hollande dans certains sondages. Le candidat UMP a néanmoins décroché ces deux dernières semaines, période qui coïncide avec l’ouverture de la campagne officielle et l’entrée en vigueur de l’équité du temps de parole.
Parallèlement, après un bon départ en janvier dans la foulée de son meeting du Bourget, François Hollande a connu une lente mais constante érosion après l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy. Sur la même période, le parallèle avec l’ascension de la cote de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement saisissant. Cette dépression a néanmoins atteint son plancher la semaine dernière avant de se muer en dynamique positive, le député de Corrèze regagnant des points dans une majorité d’enquêtes d’opinion.
MAIS... Si la dynamique semble donc en faveur du candidat socialiste, impossible de prédire qui arrivera en tête dimanche soir, et surtout avec quel écart. La forte disparité des sondages de ce vendredi, dont plusieurs donnent les deux candidats au coude à coude, les derniers réflexes de vote utile et les ultimes élans de mobilisation de certains électorats clés pourraient en effet réserver quelques surprises. D’où les appels répétés des deux candidats à se rendre aux urnes et à voter pour eux dès le premier tour.
TENDANCE N°3: Marine Le Pen devant, Mélenchon en embuscade, Bayrou décroché
En milieu de tableau, la concurrence pour la troisième place est toute aussi ouverte, même si le candidat du Modem, François Bayrou semble avoir perdu toutes ses chances de rééditer son exploit de 2007. Au vu des toutes dernières enquêtes, le match se jouera donc entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dont la rivalité n’a eu de cesse de pimenter cette campagne présidentielle.
Dans ce duel pour la troisième place, la candidate du FN semble néanmoins avoir pris l’avantage, la quasi-totalité de ses intentions de vote repartant à la hausse, tandis que celles du candidat du Front de Gauche ont tendance à se stabiliser. Bon à noter: tous deux affichent des espérances de vote particulièrement élevées pour leur famille politique.
MAIS… Reste à savoir si la dynamique engrangée par Marine Le Pen, revenue ces derniers jours aux fondamentaux du Front national, se poursuivra dans les urnes et si celle de Jean-Luc Mélenchon ne sera pas victime d’un ultime réflexe de vote utile à gauche. La forte avance des deux favoris pourrait néanmoins inciter certains électeurs à voter avec le coeur dimanche prochain. Là aussi, des surprises sont encore possibles.
TENDANCE N°4: L’abstention sera plus forte qu’en 2007
Ultime point sur lequel s’accordent toutes les enquêtes d’opinion, l’abstention risque de connaître un de ses niveaux les plus élevés dimanche pour un premier tour de présidentielle, confirmant la tendance générale à la baisse de la participation, après la parenthèse de 2007 (seulement 16% d’abstention).
Les écarts restent néanmoins élevés, 22% pour les plus optimistes, mais jusqu’à 30% pour les plus alarmistes, soit au-dessus du record de 28,40% de 2002. Les résultats de participation ce premier tour de 2002 avaient d’ailleurs bouleversé le jeu politique, participant à l’élimination de Lionel Jospin dès le premier tour.
Les raisons de s’inquiéter sont bien réelles: tous les scrutins organisés depuis 2007 ont enregistré des abstentions record. Elle a été de 38,95% aux municipales de 2008, contre 33,0% en 2001, de 59,37% aux européennes de 2009 (57,24% en 2004). Aux régionales de 2010, le taux d’abstention a été de 53,6% (39,2% en 2004) et aux cantonales de 2011 de 55,68% (35,12% en 2008).
MAIS… Seule raison d’espérer, l’abstention reste difficile à anticiper par les instituts de sondage, même si la démobilisation des électeurs ne s’est jamais démentie tout au long de cette campagne.
Huffingtonpost