Après avoir fait accepter vos regrets par « les responsables de la confrérie des mourides, son khalife général en tête », vous vous êtes néanmoins lancé dans une opération de communication qui a eu le malheur de caricaturer, cette-fois-ci, les talibés qui seraient, selon vous, victimes de leur mauvaise perception sur les « intentions » de votre dessinateur Damien GLEZ. Ils seraient emportés, dans leurs réactions, par leurs sentiments. Mais, vous semblez ignorer que dans cette Afrique qui n’est plus jeune parce que mature, les nègres que nous sommes, savons user autant de la raison que de l’émotion. Et, c’est sous ce registre qu’il apparaît que vous avez tout faux, M. SOUDAN !
Vous avez délibérément trafiqué la « thématique centrale » de l’article litigieux, qui porte en réalité sur « un délit de port de sac » : « Polémique autour d’un sac de femme arboré par Waly Seck. L’acte de mode posé par l’artiste sénégalais est perçu comme un manifeste homophile. Ce qui ne saurait être toléré au pays de la Teranga. » Et la trame de votre article était bâtie autour de la défense du «sac féminin», objet, à votre étonnement, de vindicte populaire puisque n’étant pas « farci de drogue ou de petites coupures transportées pour le compte d’un ponte corrompu… Que nenni ! »
C’est clair comme l’eau de roche que vous avez voulu enrober d’une couche « vénielle » le « péché » associé au « sac féminin ». Et, nulle part dans ce texte, il n’est fait mention de « Serigne Touba » et encore moins de « dénonciation de « la bêtise de ceux qui ne font pas la différence entre un caftan et une robe, avec toutes les déductions faciles et infondées qui pourraient en découler » comme vous en faites état dans votre article. D’ailleurs, personne n’a jamais confondu le « caftan « du cheikh à une « robe ». La véritable « bêtise » provient de cette « invention » de votre caricaturiste consistant à les assimiler par le fait d’un personnage dont on ne sait la nationalité et n’ayant pas, en tout cas, les traits d’un « jeune africain ». Suprême provocation, il avait l’insulte, pardon, le cigare à la bouche ; et, nous savons tous que Touba ne rime pas avec tabac!
C’est le fait d’avoir invité le Cheikh comme autorité d’argument dans un mise en dérision de l’homopobie au Sénégal qui pose problème. Et, c’est Jean Meissa Diop, un professionnel de la communication comme vous et qu’on ne peut taxer de «mouride fanatisé » qui a soulevé le lièvre dans son « Avis d’inexpert » : «passés l’impair et les excuses présentées par Jeuneafrique.com, cet organe de presse ferait bien d’expliquer comment un sac de Waly a pu aboutir à un boubou devenu robe. Rien que cela. » Et pour masquer les « desseins inavoués » de votre « dessin », vous ne serez jamais prêts à lui fournir une réponse. Il nous est donc revenu d’en chercher l’explication afin que nulle n’en ignore !
Notre principale source reste votre rédactrice en chef numérique, Elise COLETTE quand elle avoue qu’il s’agit d’«une simple analogie humoristique avec l’« affaire Waly Seck,». Or, la caricature ne saurait être « simple » en tant que forme d’expression charriant du contenu et distillant du sens. Et la démarche analogique trouve par « association » des points de ressemblance facilitant les opérations mentales d’assimilation et de transfert par la vertu d’un formalisme structurant. Et dans ce cas-ci, elle est convoquée du fait de son potentiel argumentatif dans un plaidoyer en faveur du « sac féminin ». En fin de compte, le message global se résume ainsi : le sac est à Wally, ce que la robe est à Bamba ! L’étonnement, qui est l’élément de continuité entre le texte et le dessin, proviendrait, alors, d’un traitement discriminant qui reconnaît un droit à « lui », tout en le refusant à « l’autre ». Il s’agit là, d’une véritable revendication pour une égalité de traitement, sous cette forme : « Tiens, pourquoi il porte une robe, lui ».
La finalité a été de trouver à « l’homme au sac féminin », un ascenseur éthique – et c’est là où le choix de Bamba, perçu par la même opinion comme immaculé, devient stratégique et non fortuit. Un illustre anonyme n’aurait pu avoir la même fonction purifiante pour la souillure « contenue dans le sac ». La « robe », un article féminin autant que le sac incriminé, permet de sacraliser Wally et de l’élever au rang d’idole par procédé analogique. L’utilisation de l’image de Bamba, dont le potentiel symbolique en fait un réservoir inépuisable de désirabilité, a pour fonction d’absorber la contestation et la controverse qui alimentent l’autre pôle de comparaison. L’objectif est de produire un effet subliminal tendant à banaliser, ou au mieux faire désirer, le « sac féminin ».
Mais le « système de représentation » que vous avez voulu orienter dans un seul sens, n’a pas fonctionné tel que voulu et a produit des effets contraires au niveau des cibles qui ont opposé un principe d’incompatibilité à l’association que vous avez voulu créée. Vous aviez sous-estimé la vivacité et la résistance des barrières symboliques qui entourent la personnalité du Cheikh que vous avez tenté d’altérer par effraction. A son niveau, « sacré » rime avec « secret », en tant citadelle imprenable, comme il le dit lui-même. La levée de bois vert provient du fait que le même ascenseur éthique qui vous a servi à élever « l’authentique El fenomeno », a, en même temps, rabaissé Bamba au niveau d’un « porteur de sac féminin ». Et, il ne s’agit pas d’une fausse opinion chez les « talibés », mais d’une conclusion qui résulte rigoureusement de votre « analogie humoristique ».
Soyons clairs ! Il n’y a aucune caricature sur le portait de Cheikh Ahmadou Bamba, dans un style à la « Charlie Hebdo ». Ici, le jeu est plus subtil entre deux différents tableaux : un texte narratif supposé informer de par son contenu et un dessin supposé faire dans l’humour avec sa caricature. Mais l’analogie, plus qu’une simple « illustration », est fortement reliante avec la logique de substitution qu’elle instaure entre les deux entités inscrites dans le même projet d’écriture, en dépit de l’absence de linéarité textuelle. L’humour, dans le registre satirique et ironique, a besoin d’une « rupture » marquée ici, par le passage du « discours du narrateur » aux « propos d’un sinistre personnage » dans son double rôle d’énonciateur et de dénonciateur. Il s’agit là d’une fonction déléguée et non d’une « parole d’autrui » d’autant plus que la satire ne rature pas la problématique de départ ; elle en est un relais plus objectivant par l’emphase sur certains aspects et par d’autres modes d’énonciation. C’est lui qui a, ici, accompagné le texte et non le contraire, comme a voulu le signifier la rédactrice en chef numérique.
Le « véritable opérateur de la caricature » est la bulle du dessin qui fait procède à une inversion de signes et faitdu Cheikh, un « Waly » avant la lettre, un précurseur et pionnier de cette nouvelle tendance allant du « pinw » au « sac féminin ». L’usage du présent dans la formulation, avec son unique photo comme support, permet d’en faire un acteur principal dans le dénouement de la trame relative à l’homophobie et non un simple élément du décor. On pouvait pousser le commentaire sur le registre langagier, le style, l’allure désinvolte et provocatrice du personnage caricaturant et qui officie en tant que principal foyer de propagation du virus devant saper les fondements de nos croyances. Et le fait de vous « rectifier » en changeant le personnage relève d’une « caricature de substitution » du Cheikh par un « iman » (Abdou Ndukur Kacc NDAO) et assure la sauvegarde votre projet initial autour de la promotion du sac et par ricochet, la promotion de l’homophilie.
Il est fort probable, M. SOUDAN, que vous ayez inconsciemment voulu, à travers cette provocation délibérée, avoir du buzz à la Charlie suite à des réactions irréfléchies de mourides qui vous transformeraient en victimes. Mais les talibés du Cheikh ne vous fourniront jamais cette opportunité. Assurément, vous avez voulu tester leur capacité d’indignation et de réaction; et sous ce registre, vous serez servis à profusion car, après avoir perdu l’initiative du combat, vous serez également privés de l’opportunité de la trêve. Et, il n’y a pas lieu à vous référer, de façon anachronique et malveillante, au Cheikh dans le but de nous endormir avec votre subite et intéressée proximité « spirituelle ». Les mourides qui sont vos contemporains, se suffiront à eux-mêmes, chacun à sa façon, pour laver l’affront. Le Khalife général y est allé en fonction de sa Station et de ses responsabilités qui l’amènent à vous prêter une oreille attentive. Mais, il n’a pas le temps de vous lire, encore moins de vous commenter pour que vous pouviez l’invoquer dans la polémique. Cherchez plutôt ses prières que Dieu vous affranchisse de Satan.
En attendant, le génie sénégalais ne manquera pas d’immortaliser votre bêtise à travers son humour et ses calembours, son art et sa culture. Un condisciple historien, Yaya Coly, suggère, d’adopter la même attitude que Bamba face à ceux qui ont voulu le nuire, par la tenue, chaque 28 janvier, d’un « magal ». Certains vont traineront devant les tribunaux pour vos propos désobligeants, d’autres vous boycotteront. Les officiels pourraient interdire votre « navet ». Et, comme vous avez fait usage de la plume dans vos attaques, il y en a qui vous combattront par cette même plume qui a plusieurs facettes chez nous : nationales, françaises, arabes, coraniques… A notre niveau, nous allons vous renvoyer à Serigne Mouhamadoul Mansour Sy qui fut Khalife général des Tidjanes (que Dieu lui aménage une demeure en Sa proximité) : « vous frappez sur du fer froid. Ne torturez pas vos mains ! » «Ô bande ! Que soient anéanties vos mains … Que vos mains soient paralysées ! »
Babacar MBOUP
Belel Consuling
Content du brûlot ( Ils irons tous en enfer avant de mourir )Qui diffame nos Hommes de Dieu le verra
Dieudeufieuf Dieureudieuf dieureudieuf Babacar
Rabou Sama wati wa Raboul arshi laka sarafftou dieureudieuf wa merci
A. Nicolas Huchard