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Front Wattu Sénégal n’a pas marché, il a bravé

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S’il fallait que Front Wattu Sénégal manifeste pour sensibiliser l’opinion sur la mauvaise gestion des ressources, un meeting aurait suffi largement. S’il suffisait que les autorités soient mises en garde sur la capacité de mobilisation des opposants, Wattu Sénégal se serait gardé d’outrepasser les dispositions de l’arrêté préfectoral. Non, il fallait attester d’une capacité de nuisance à faire peur, à tenir le président Macky Sall en respect. À vrai dire, il l’a bien cherché. Échappatoire, dédain et forcing, voilà les instruments de prédilection du pouvoir qui s’abattent sur l’opposition depuis 2012, dans l’indifférence manifeste du peuple souverain.
En voulez-vous, en voilà. Des vidéos et des photos mettent en exergue chaque leader en quête manifeste de prestance et de prestige. C’est pour proclamer ce qui suit : « je suis un vrai résistant, prêt à en découdre avec le pouvoir et ses paroissiens ». Pour chacun d’eux, il ne faut surtout pas être en reste, il faut démontrer visiblement qu’on réunit les critères de détermination et de dureté. Le reste suivra. Baptême de feu pour les uns, garantie de courage pour les autres, il a fallu défier l’autorité et ses feuillages réglementaires pour que les conditions de la mise en scène soient enfin réunies. Ce n’est pas tant protester contre quoi que ce soit ni informer sur des dossiers brûlants que secouer la cage dorée du lion qui, jusque-là, dort sur ses deux oreilles. « Arr momin, arr gay momin »
Les observateurs en sont là, à se demander minimalement si la marche s’est soldée par un échec ou par un succès. Qu’importe les raisons pour lesquelles l’opposition a voulu battre le macadam. Ce qui compte pour les manifestants, au-delà des prétextes changeants, c’est l’aspect rétif et l’objection en bloc contre le régime. Leur dénominateur commun consiste à souligner que : Macky Sall est “cadavré” et pourri; il est temps que l’opinion s’accorde à la cause commune qui veut qu’il débarrasse le plancher. Ce n’est pas une marche de protestation, c’est un moyen ordinaire de pression contre un dominateur qui s’appuie temporairement sur la froideur des populations et sur la force de commandement mise à sa disposition.
Le diable est dans les détails, dans les conflits intuitu personae, dans les chocs d’égos, entre celui-là qui veut effrontément casser des concurrents et ceux-là qui aspirent à la notoriété. Le président Sall se comporte en avisé, ses détracteurs s’improvisent habiles au point de prévenir les courantes accusations de hors-la-loi. Il n’en fallait pas plus pour que le discours tourne autour de libertés publiques bafouées et d’ordre public à préserver. C’en est rien de tous ces arrangements habituels. À qui mieux-mieux, la bataille d’opinion porte sur des sentiments et des susceptibilités, à qui mieux-mieux. Instrumentalisation de la loi contre saisissement de l’émotivité, l’opinion publique s’en sort tourmentée de l’incohérence légaliste des élus et de l’absurdité dans l’union des marcheurs.
En attendant les législatives prochaines, il se passera moult merveilleuses manières de marquer la mémoire des faiseurs de roi. C’est compréhensible et recommandable de surcroit face au régime actuel qui a déçu à bien des égards de ses promesses de ruptures et d’intégrité. Toutefois, de cette logique minable de fusion sans harmonie ni même entente, il y a rien à espérer si ce n’est traumatisme de l’électorat. Cette marche n’était pas un acte de protestation, c’était un banal baroud d’honneur.
Birame Waltako Ndiaye
[email protected]

2 Commentaires

  1. D’accord avec votre conclusion
    Ce n’était pas le peuple qui marchait, mais des militants. C’est la raison pour laquelle il y’avait si peu de monde, et le fait qu’ils étaient en majorité habillés de t-shirt de meeting politique. J’étais aux premières loges car habitant le quartiet

    C’est dommage pour le Sénégal de n’avoir que cela comme opposition, des novices qui cherchent le buzz, et 2 mastodontes qui se font avoir par les novices en se mettant à leur même niveau, je parle du PDS et de Rewmi

  2. La dictature est une obligation chez Macky Sall. Pour le comprendre, il suffit de se poser une question: comment lui, simple mortel, pourra t il sauver éternellement sa famille de sa propre justice ? Macky Sall s’est mis en prison, et y a mis sa famille, dés les premiers actes de sa prise de pouvoir. Et depuis c’est l’effet boule de neige qui se poursuit. Plus il comprendra les inévitables conséquences de ses actes sur sa famille, plus il croira que c’est la dictature qui pourra venir à bout de leur peur, et plus ses actes que nécessitent cette dictature hausseront leur peur. Un cercle vicieux.
    Depuis 2012, j’ai habitué certains à une interrogation: Quelle est la meilleure stratégie pour faire d’un homme libre votre esclave à vie ? Réponse: Faites lui faire ce qui lui fera être rejeté par son monde. Lorsqu’il aura compris avoir empoisonné tout autour de lui, il s’agrippera à vos comme à sa seule bouée de sauvetage. Le piège s’est refermé sur Macky dés les premiers mois de son pouvoir. Dans l’euphorie de la victoire, bien des malins, des profiteurs, mais ses vrais ennemis, ont réussi à l’embarquer dans cette barque. Aujourd’hui, il n’a de solution que la terre brûlée.
    Comme d’habitude, les fanatisés insulteront. Mais je leur dis: qui vivra verra.

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