L’opposant historique au Gabon Pierre Mamboundou, leader de l’Union du peuple gabonais (UPG) et trois fois candidat à l’élection présidentielle, est décédé dans la nuit de samedi à dimanche à l’âge de 65 ans.
« Il est décédé vers 23H00 (22H00 GMT). Il avait travaillé samedi toute la journée et semblait en pleine forme », a indiqué à l’AFP Fidèle Waura secrétaire général de l’UPG à propos de M. Mamboundou, qui a passé toute sa vie politique dans l’opposition.
La télévision publique gabonaise RTG a suspendu ses programmes à plusieurs reprises pour évoquer sa mort et donner des réactions. Une délégation de la famille a précisé que M. Maboundou était mort « des suites d’une cris cardiaque ».
« A cet effet, la famille invite le peuple gabonais à se recueillir dans le calme (…) « La famille met en garde quiconque contre toute forme de récupération politique », a déclaré Sidonie-Flore Ouwe, soulignant que le programme des obsèques serait communiqué ultérieurement.
Le porte-parole de l’UPG Thomas Ibinga a lui demandé « au peuple gabonais de garder le calme pour respecter la mémoire de l’illustre disparu ».
A Libreville, des forces de l’ordre ont pris place près des bastions populaires de l’UPG pour prévenir tout débordement, a constaté un journaliste de l’AFP.
A Kinguelé (nord-est), une zone à majorité punue, l’éthnie du défunt et où il est très populaire, Orché, un bijoutier de 21 ans, estimait: « On va beaucoup en parler mais il n’y aura pas de débordement », alors que Jeff, 32 sans emploi, affirmait lui: « C’est vraiment une perte. Après lui, il y aura qui? ».
Le président gabonais Ali Bongo Ondimba a pour sa part rendu un « vibrant hommage » à un « démocrate de conviction » « plaçant par dessus tout l’intérêt du Gabon », dans une déclaration de sa porte-parole Clémence Mezui.
« démocrate de conviction »
L’opposant décédé était un « un démocrate de conviction (…) acteur de première heure du multipartisme (1990), militant infatigable de la transparence politique et du développement du Gabon », selon le porte-parole.
M. Mamboundou avait séjourné pendant près de six mois en France pour des raisons médicales en 2010, et était revenu au Gabon en novembre 2010.
Il avait notamment participé le 1er octobre à une manifestation de plusieurs leaders de l’opposition demandant le report en 2012 des législatives prévues en décembre pour pouvoir introduire la biométrie dans le processus électoral.
Opposant radical, il s’était présenté à la présidentielle contre Omar Bongo en 1998 et en 2005, revendiquant à chaque fois la victoire et s’insurgeant contre la fraude électorale.
En 2009 après le décès d’Omar Bongo, il s’était présenté contre son fils Ali Bongo. Initialement classé troisième, il avait ensuite été classé deuxième après l’officialisation des résultats là aussi contestés par toute l’opposition.
Il avait rencontré le président Ali Bongo en 2010, et la presse ainsi que des membres de son parti avaient alors évoqué une possible entrée de l’UPG au gouvernement. Les négociations n’avaient pas abouti.
D’ethnie Punu, Mamboundou était le fondateur de l’Union du peuple gabonais (UPG). De haute taille, il portait toujours au moins un élément rouge sur lui (la couleur de son parti pour « carton rouge » au pouvoir).
« Nous sommes orphelins. Le départ du président Mamboundou est une perte inestimable (…) pour nous l’opposition mais aussi pour le Gabon », a affirmé à l’AFP Fidèle Waura, le secrétaire général de l’UPG.
Emu, Zacharie Myboto, 74 ans, ancien ministre d’Omar Bongo passé dans l’opposition depuis plus de dix ans et aujourd’hui président de l’UN, a lui estimé: « C’est quelqu’un aussi avec qui nous partagions le même combat depuis des années. Nous menions actuellement un combat déterminant (biométrie) ».