XALIMANEWS- En moins de deux semaines, la Douane a intercepté des cargaisons de faux médicaments estimées à près de deux milliards de nos francs. Ces
produits prohibés viennent de la Gambie voisine devenue le hub, voire le laboratoire sous régional, de faux médicaments. Si l’exercice 2019 avait
vu les gabelous battre le record en matière de saisie de drogues dures (cocaïne), 2021 est en passe en passe d’être l’année des saisies record de
faux médicaments.
En moins de deux semaines, nos douaniers ont réussi la prouesse de saisir plusieurs tonnes de faux médicaments pour une valeur estimée à près de deux milliards cfa. Le dernier raid douanier sur ces cargaisons de la mort a eu lieu le vendredi 08 mai 2021 où plusieurs tonnes de faux médicaments d’une valeur marchande estimée à plus d’un milliard et demi de francs cfa ont été saisies. Cette saisie inédite a été effectuée sur un camion frigorifique en provenance de la Gambie. Et n’eut été le flair douanier, la mise en vente de ces produits sur le marché sénégalais allait porter un coup fatal à la santé publique du fait de l’importante quantité de faux médicaments saisie. Imaginez un peu les conséquences sur les populations si ces comprimés, ampoules, gélules et autres flacons avaient été consommés par nos compatriotes. Plutôt
que de guérir, il y a de très fortes chances que les malades qui auraient pris ces « médicaments » seraient passés de vie à trépas !
A noter que la marchandise était dissimulée sous des caisses de poissons congelés. Le triste constat, c’est que toutes les dernières saisies en date de faux médicaments ont été réalisées pratiquement sur les axes Keur Ayip- Kaolack et Keur-Ayip Nganda.
Sans oublier les autres prises faites dans les forêts et zones de marécages situées dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Fatick suite à des patrouilles des unités mobiles de la Douane. Pire, toutes ces marchandises prohibées ou contrefaites proviennent de la Gambie considérée ces dernières années comme le hub, voire le laboratoire sous-régional de faux médicaments.
Comme le déplorait le président Emmanuel Macron à propos de la surveillance des frontières Schengen, si la France verrouille ses portes, d’autres migrants passent par les fenêtres espagnoles et italiennes.
Justement, nous sommes confrontés à cette même situation avec nos voisins. Et particulièrement la Gambie où l’économie semble être basée sur la fraude et la contrefaçon sans oublier la souplesse des taxes et droits de douane appliqués par ce pays lové au sein même du Sénégal. D’où réputation de la Gambie d’être la plaque tournante du commerce illicite des médicaments en Afrique de l’Ouest. Une plateforme de la fraude et de la
contrebande aussi. D’ailleurs, c’est ce qui favorise l’importation de faux médicaments. Et aussi de vrais médicaments, mais frauduleux, puisque leur vente n’est pas autorisée ou homologuée au Sénégal.
Un marché très lucratif…
En poussant ses investigations, « Le Témoin » a appris que la Gambie est loin d’être un pays industrialisé et ne fabrique donc pas de médicaments, qu’ils soient authentiques ou faux. La conclusion qui s’impose, c’est que l’écrasante majorité des produits contrefaits à savoir des antipaludéens, antiinflammatoires, antibiotiques et analgésiques mais surtout, surtout, des aphrodisiaques introduits en territoire gambien sont fabriqués au Nigéria, en Chine, en Inde et Brésil. La Gambie étant un suppositoire dans le train arrière de notre pays, ces immenses quantités qui dépassent de très loin les capacités de consommation de nos voisins « mbokka », se retrouvent donc au Sénégal du fait de l’intense circulation des personnes et des marchandises à travers des frontières poreuses. Justement, le commerce très lucratif de faux médicaments et des médicaments frauduleux est donc au cœur de cette mobilité entre les deux pays.
Il est vrai que si le Sénégal est une importante destination de vrais et faux médicaments, c’est parce que le marché local est attractif. Sans oublier l’autre cause qu’est la disproportion notée entre le prix élevé des produits pharmaceutiques de qualité et le faible pouvoir d’achat des sénégalais. Lesquels sont donc tentés de se tourner vers les médicaments « venus de Gambie ».
Le Sénégal n’est pas le seul Etat confronté à ce problème puisque sept pays africains (Togo, Congo-Brazzaville, Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie) s’étaient retrouvés à Lomé en janvier 2020 pour tenter de trouver des voies et moyens d’éradiquer le fléau es faux médicaments. On se souvient que le président de la République Macky Sall, aux cotés de ses pairs, s’était engagé à travers un communiqué à voter une loi criminalisant le trafic des produits médicaux de qualité inférieure et/ou falsifiés. Hélas, la plupart des pays signataires peinent à considérer les trafiquants et commerçants de faux médicaments comme des criminels passibles des chambres criminelles.
De par sa mission sécuritaire, l’Administration des Douanes constitue la première ligne dans la lutte contre le trafic de stupéfiants et d’autres produits illicites. Rappelons-le, la Douane avait saisi en juillet 2019 près de 800 kg de cocaïne en provenance du Brésil cachés dans des véhicules neufs sur un bateau mouillant au port de Dakar. Une prise inédite après une autre de 238 kg effectuée quelques jours plus tôt. Cette année-là, en
moins de deux semaines, les agents des douanes avaient saisi plus d’une tonne de cocaïne d’une valeur marchande estimée à des centaines de milliards cfa. Donc si l’exercice 2019 a été une année record en matière de drogues dures (cocaïne), 2021 est en passe de se distinguer dans des saisies records en faux médicaments. Ce, contrairement aux années 2017, 2018, 2019 et 2020 où la valeur des saisies de faux médicaments tournait entre 500 millions cfa et 1 milliard 500 millions de francs seulement. En cette année 2021, sous sommes au mois de mai, c’est-à-dire à mi-parcours dans la lutte, et la valeur des faux médicaments et médicaments frauduleux saisis frôle déjà le montant de 10 milliards cfa. Un triste constat, le trafic de faux médicaments est de plus en plus fréquent et constitue un danger réel pour la santé et la sécurité des populations. D’où la vigilance accrue des services de surveillance douanière. Des douaniers dont l’offensive contre les faux médicaments et ceux qui les trafiquent ne fait que commencer…
Le Temoin