LE QUOTIDIEN – Le Président Adama Barrow a rencontré samedi la presse dans une résidence prêtée par Moustapha Ndiaye, un riche homme d’affaires gambien au quartier Burfut, qui sert pour le moment de Palais présidentiel en attendant le déménagement à la State House. Adama Barrow est revenu sur les enjeux de l’heure : la réforme de l’Armée et de la Nia, la coopération bilatérale, la formation du gouvernement, le mandat présidentiel, l’âge de la vice-présidente, les attentes du Peuple gambien.
Le Président Adama Barrow pose ses empreintes sur la Gambie et efface en même temps l’héritage de Yahya Jammeh. Depuis samedi, elle n’est plus République islamique. Le Président Adama Barrow a fait cette annonce lors de sa première conférence de presse après son retour à Banjul, tenue samedi dernier à Burfut. «La Gambie va désormais s’appeler la République de la Gambie et non plus la République islamique de Gambie. Nous voulons instaurer la démocratie dans le pays. Nous voulons rétablir l’Etat de droit. Nous allons résoudre les défaillances concernant les droits de l’Homme», a précisé le chef de l’Etat. Interpellé sur sa promesse électorale consistant à faire trois années de pouvoir, M. Barrow a relativisé en laissant entendre que cette question est en suspens et sera discutée au niveau de la coalition. D’ailleurs, cette même coalition, si on en croit le Président Barrow, ira ensemble aux Législatives. Sur la formation du gouvernement, le Président gambien a informé qu’il pourrait l’être au plus tard mardi.
Quid de l’Agence nationale du renseignement, à la réputation sulfureuse ? «La Nia fait partie des institutions de ce pays. Elle est chargée de collecter des renseignements. Puisque c’est une institution, elle va poursuivre ses activités. Mais ce sont ses méthodes de travail qui vont changer. Nous avons l’intention de changer le nom de cette institution afin qu’elle soit plus professionnelle. Nous allons faire également une réforme pour que son travail soit un peu plus conforme avec les lois», répond M. Barrow. Sur l’âge de la vice-présidente Fatoumata Tambandiang Jallow, le Président gambien répond : «Nous sommes certains de ce que nous avons fait. Maintenant, s’agissant de ce que les autres disent qu’elle aurait dépassé l’âge, ils n’ont qu’à nous apporter des documents clairs.» Même s’il admet que l’opposition aura son mot à dire dans la marche du pays. Il dit : «Elle a un problème réel pour avoir longtemps duré au pouvoir. Ce ne sera pas facile. Les droits de l’opposition seront consacrés. D’ailleurs, ce sont les changements constitutionnels, qui ont introduit que celui qui a la majorité dès le 1er tour gagne les élections, qui ont emporté l’ancien régime.»
Par ailleurs, il est revenu sur les accusations de détournement portées sur l’ex-Président qui aurait emporté durant sa fuite des millions de dalasi. En attendant, Adama Barrow préfère rester prudent sur cette question et attend d’avoir toutes les informations pour pouvoir se prononcer. L’autre sujet fâcheux est lié au sort du général Ousmane Badjie, patron de l’Armée gambienne. Mais Adama Barrow préfère poursuivre dans la continuité : «Ousmane Badjie est le chef de l’Armée. C’est un poste qui doit être occupé par un fils du pays. Donc, il va continuer son travail et conserver son poste. C’est ce que j’ai décidé. Il poursuivra sa mission à la tête de l’Armée gambienne.» D’ailleurs, il a promis de réformer l’Armée.
Au cours de cette conférence de presse, le Président Barrow a confié que son pays va réintégrer le Commonwealth et la Cpi. Selon lui, «l’impunité est finie dans son pays, la presse va travailler plus librement. Le secteur de l’audiovisuel sera libéralisé avec l’attribution de fréquences de télévision aux promoteurs. Le projet de loi sur les médias sera réexaminé. Il y aura la démocratie et le respect des droits humains». Durant sa première sortie médiatique sur le territoire gambien, Adama Barrow est revenu sur la construction du pont sur le fleuve Gambie. «Cette question, on en a beaucoup débattu. Si le gouvernement est formé, on en parlera», tranche-t-il, en insistant sur les priorités de son gouvernement : il s’agit de la pêche, du tourisme «afin de créer un meilleur environnement pour les investissements à grande échelle». Mais l’objectif principal est la création des emplois pour les jeunes qui «ont énormément contribué à l’alternance politique en Gambie». «C’est normal. Nous étions dans un combat et c’est normal que le vainqueur soit accueilli. Je mesure le poids des attentes du Peuple», avance-t-il. Quel sera le sort de Kanilai, village natal de Jammeh en exil en Guinée Equatoriale ? «C’est une localité du Président (Jammeh). Le festival qui y était organisé était son festival. Je n’ai aucun contact avec le Président Jammeh. Nous voulions qu’il sorte de ce pays parce que nous ne pouvions pas garantir sa sécurité. Nous avons voulu résoudre le problème dans la paix», estime-t-il. En outre, il estime que la Gambie ne sera plus une base arrière pour les rebelles du Mfdc.
En marge du 28e sommet de l’Union africaine, les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao ont tenu une réunion de concertation hier à Addis Abeba. Selon El Hadji Kassé, ils ont recommandé le maintien des troupes de l’organisation communautaire en Gambie pour une durée de 3 à 6 mois ainsi que la réforme des forces de défense et de sécurité gambiennes. En outre, ils ont tous confirmé que la Cedeao, l’Union africaine et l’Onu n’ont pas la compétence de garantir l’impunité à qui que ce soit.
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Aucune surprise. Nous savions que Barrow ne pouvait avoir le parrainage de Hollande sans avoir le mot islamique collé à la Gambie comme un mot à effacer en toute priorité. La Gambie islamique de Jammeh n’avait aucune différence avec la non islamique de Daouda Diawara.