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Gamou 2015: Maodo et ses Khalifs

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Ferveur, recueillement et rappel des recommandations divines  vont rythmer le Mawlidou Naby ou Gamou  qui sera célébré dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 janvier prochain dans de nombreux foyers religieux du Sénégal.  Le Gamou correspondant à la date du 12 du Rabia al Awal, troisième mois de l’année musulmane, commémore l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed ( Salut, Paix divine sur lui), le sceau des Prophète.  Cette commémoration aura une résonnance particulière dans la cité religieuse de Tivaouane qui s’apprête dans les prochaines heures à accueillir un flot continue de pèlerins en provenance des quatre coins du Sénégal et de l’étranger. Au-delà de cet intense moment de communion, le Gamou est  surtout une source d’inspiration, de méditation sur la vie et l’œuvre et l’enseignement du Prophète Mohamed et de bénédiction.  Comme l’avait recommandé le vénéré El Hadji Malick Sy.  Le propagateur de la confrérie Tidjane qui a initié le Gamou de Tivaouane en 1902  avait appelé ses coreligionnaires à travers son fameux message : «Commémorez la nuit de la naissance du Prophète Mouhamed mais que cette célébration  ne mène pas  à aucun actes  interdits ».
La communauté musulmane sera à l’unisson pour célébrer dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 janvier, le Mawlidou Naby.  La  commémoration de la naissance du Prophète Mohamed aura encore  un cachet particulier dans la cité religieuse de Tivaouane où elle a été instaurée depuis 1902 par le vénéré guide El Hadji Malick Sy.
Teinté à l’origine de paganisme ou encore célébré par un cercle restreint d’intellectuels,  le Mawlidou Naby a connu avec le sage de Tivaouane une grande envergure au début  du siècle dernier.  Il a certes réussi à préserver l’aspect  festif de cette commémoration de la naissance du Prophète Mouhamad  en se sens  que : « La joie obtenue le jour de la naissance du guide de l’humanité s’est généralisée dans ce mois et au cours de cette année, faisant ainsi du jour, du mois et l’année de sa naissance des moments de fête ».  Seydi El Hadji Malick Sy   de lancer ce vers désormais célèbre: « Commémorez la nuit de la naissance du Prophète Mouhamed et faisons le selon des règles définies par l’Islam et qu’elle ne mène pas vers l’interdit ». Il donne au Gamou une dimension culturelle et une occasion pour ses coreligionnaires de célébrer, de promouvoir le modèle prophétique, de montrer son grand attachement au Prophète et surtout faire  savoir que l’amour du Prophète  est aussi intimement lié  à l’application de la Sunna comme  « wa laysa nafoun alâ hubbin bilâ  amalin wa tâbi an sunnatal mukhtâri faghtanamî », « il n’y a aucune utilité à clamer son amour au Sceau des prophètes si cet amour n’est pas matérialisé en action. Il faut que tu suives la sunna de l’Elu ».
 C’est ainsi  qu’il le définit dans son inimitable œuvre biographique du Prophète « Khilass ou zahab  fi siratil xayroul Arab», ou  « L’Or décanté » dans lequel il adopte la rime en «m» (d’où l’appellation mîmiyya). De 1902 à sa disparition en 1922, El Hadji Malick Sy a fait  de Tivaouane le carrefour de la foi,  un foyer ardent. A travers la célébration de cette journée de gloire pour l’humanité toute entière,  le pèlerin  a  encore l’occasion de se ressourcer,  de raffermir sa foi  tout en bénéficiant des incommensurables bienfaits du Mawloud al Nabi. Depuis son rappel  à Dieu en 1922, cette mission a été perpétuée et tenue de main de maître par ses différents successeurs.
EL HADJI MALICK SY,  UN GUIDE MULTIDIMENSIONNEL
De Gaya dans le Walo où il vit le jour en 1855 à Tivaouane où il s’installa et fut rappelé à Dieu  en 1922, El hadji Malick Sy s’est illustré par un itinéraire hors du commun. Sa quête de savoir qui dura vingt  cinq longues années lui a permis de sillonner le pays et d’asseoir de solides connaissances dans tous les domaines des sciences religieuses et même profanes (mathématiques, astronomies, prosodie et poésie). Ses études qui ont duré vingt cinq ans étaient parfois entre coupées de séjours. Les principaux foyers de la culture islamique d’alors l’accueillirent. C’est à Gaya qu’il s’initia à la théologie et à l’exégèse, puis à Ndombo pour le fiqh. A Bokhol, il commença son droit qu’il alla terminer à Keur Kodé Alassane et à Taiba Sèye.
Ainsi se termina le premier cycle de ses études. C’est alors que la ville de Saint-Louis l’accueille. Il se rendra au Ndiambour, à Ndiabali chez Mor Barama Diakhaté puis à Thilla Dramane pour le Tome 2 du Khalil et à Ngade Demba.  Keur Kodé Alassane l’accueillit à nouveau pour la Risala, Thilogne, ensuite pour l’Ihmirar. Et enfin, la Mauritanie, chez Mouhammed Ali al Yaqubi pour le mysticisme. Il y reçut des capacitations dans ce domaine comme dans celui des sciences exotériques : les hadiths, le tajwid (orthoépie). La liste de ses ijâza peut être consultée dans l’introduction de son ouvrage ifhâm al munkir al jâni. Elle est simplement impressionnante au point qu’il est permis de dire que la silsila  ( la chaîne de transmission) de Maodo est incomparable. Walo.
S’adonnant en même temps à l’agriculture, les produits de son champ de Ngambou Thillé lui permirent de faire le pèlerinage aux lieux Saints de l’Islam. C’est alors qu’il se trouvait à la Mecque que naquit sa fille Fatoumata, de Mame Safi Niang qu’il avait épousée un an plus tôt. C’était le vendredi 17 Août 1888, jour d’Arafat, El Hadji Malick avait 35 ans. Après La Mecque, il fit un périple dans d’autres cités du Moyen Orient comme Alexandrie, Jérusalem, Boukhara, Samarkand. L’occasion lui fut donnée de rencontrer des sommités intellectuelles, et de nouer des relations solides avec celles-ci. Il revint chez lui avec un projet : revivifier la pratique religieuse chez lui. Ce projet se déclinait en quatre points : enseigner et fonder des daara (écoles coranique), bâtir des mosquées, avoir un champ pour travailler la terre et gagner sa vie. Avoir un lieu où il pourrait réunir les musulmans annuellement. «Qui d’autre mieux que lui a su rendre à Seydina Muhammad (PSL) ce qui lui revient ! Dans chaque facette de sa vie, Seydi El Hadji Malick renvoie tout au Prophète Muhammad (PSL). Le point d’orgue de cet amour du Sceau des Prophètes et la volonté d’élever, autant que possible, celui-ci à son plus haut degré est l’inimitable «Khilâçu Dhahab fî Sîrati Khayril Arab» dans lequel il adopte la rime en «m» (d’où l’appellation mîmiyya) et le ver  al-basît tel que le fit Muhammad al-Busayrî, l’auteur de la Burda, quelques siècles avant. Mais là où Seydi El Hadji Malick Sy innove c’est dans sa connaissance du contexte socio-historique dans lequel vécut le Prophète. Il navigue, constamment, entre la vie du Prophète et l’évocation de ce contexte avec une culture historique qui peut étonner plus d’un», rappelait le chercheur Bakary Samb
KHALIFA ABABACAR SY,  UNE FIGURE CHARISMATIQUE
L’homme au bonnet carré est né à Saint-Louis en 1885. Mbaye Sy comme l’appelaient affectueusement ses intimes et ses talibés, était le deuxième fils de Seydi El Hadj Malick Sy et de Sokhna Rokhaya Ndiaye.
On raconta que le jour de sa naissance, le vénéré Elhadj Malick Sy, installé à Ndombo Allarba, village situé dans le Walo, entre 1885 et 1885, alliant travaux champêtres et activités intellectuelles, alors qu’il composait le célèbre Taîssir ( wassilatoul Mounâ ou arrangement des plus beaux noms Dieu), sous le Tamarinier à l’ombre duquel il étudiait non loin du champ et qui s’y trouve encore de nos jours, qu’on lui apprit la bonne nouvelle que Sokhna Rokhaya Ndiaye a mis au monde un Garçon, en exaltant le Très Haut de ce joli cadeau , il lui donna le nom du plus fidèle compagnon du Prophète (PSL) Aboubakrine as Sadikh (RA). A l’âge de six ans, il entama avec l’aide de son oncle Abdou Boly Fall la mémorisation du saint livre coranique.
Ayant succédé à son père en 1922, il a toujours défendu, avec  dévouement, trois choses : l’islam, la Tarikha et les dahiras. Guidé par sa droiture, il a su selon le site Tivaouane.monsite, par sa sincérité et sa foi, se forger un destin de meneur d’hommes.   Respectueux des lois de Dieu comme de celles des hommes, imbu de culture islamique, Cheikhal Khalifa  s’est inscrit en droite ligne de l’œuvre de Cheikh Ahmed Tidiane Chérif, fondateur de la tarikha tidiania, et de son père  El Hadji Malick Sy.Ayant acquis une solide formation, Serigne Babacar Sy se distingua comme un guide religieux exemplaire. C’est sous son khalifat que les dahiras (cercles de fidèles), dont le premier s’appelait « Dahiratoul kirâm tidianiya », créés entre 1920 et 1923,  ont commencé à se  structurer.
Seydi Ababacar Sy, deuxième fils d’El Hadj Malick Sy, recueille la succession de son père le jour même du décès de celui-ci : le 27 juin 1922. Bien qu’âgé seulement de 37 ans, Son autorité est reconnue par tous les Mokhaddam qui voient surtout, en sa personne l’héritier de la Baraka du vénéré El Hadj Malick. Le Chercheur Bakary Samb, écrivait, citant Cheikh El Hadji Abdou Aziz Sy Dabakh : «il est permis de lui adjoindre tous les qualificatifs exprimant la vertu dans son essence avec des superlatifs absolus, à quoi bon alors s’étendre dans la description du communément admis ? Qul mâ tashâ’u min-al-amdâhi moo lako may !(Dis ce que tu veux dans son apologie, tu y es autorisé !).Le Khalife Ababacar Sy laissera une confrérie puissante par le nombre de ses adeptes. Le 25 mars 1957, Ababacar Sy meurt à son domicile de Tivaouane des suites d’une affection chronique à l’âge de 72 ans.
EL HADJI MANSOUR SY, L’EMPREINTE DU PERE FONDATEUR
Le fils de El Hadji Malick Sy et de Sokhna Safiétou, Serigne Mansour  a vu le jour en 1900 à Tivaouane. Très tôt, son intelligence, sa capacité de discernement et sa maturité révélèrent sa très grande envergure. Très vite, il se signale comme le «secrétaire» d’El Hadji Malick Sy Doté d’une vaste culture, il a réussi la prouesse d’incarner le modèle achevé du soldat de la foi, de veiller sur la tarikha et d’assurer l’héritage de El Hadji Malick Sy. D’où son surnom qu’on lui attribua : «inspecteur de la tarikha», le gardien de l’orthodoxie de la confrérie. Il préside les conférences religieuses et rempli les mosquées.Serigne Mansour Sy quitta ce bas monde le 29 mars 1957, soit quatre jours seulement après le rappel à  Allah de son  frère Serigne Babacar Sy.  Par sa présence rassurante, son attachement à l’esprit et à la lettre du Coran et de la Sunna, Serigne Abdoul Aziz Sy, affectueusement appelé Moulaye Dabakh, accéde à la charge de Khalife.
EL HADJ ABDOUL AZIZ SY DABAKH
Troisième Khalife de Seydi El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh  a vu le jour en 1904, de Sokhna Safiétou Niang. Il eut la chance d’être éduqué par son père, ses grands frères et les Moukhadams. Doté d’une solide  formation à Tivaouane. El Hadj Abdou Aziz Sy  entrepris à l’image de son père des voyages studieux dans les autres contrées du pays et particulièrement auprès du grand érudit Maodo Serigne Hady Touré. Il fréquente ensuite  Mbacoumé, dans le Cayor avant de rallier en 1930, à l’âge de 26 ans, Saint-Louis qui était un passage indiqué pour nombre d’érudits, il y resta jusqu’en 1937 chez Serigne Birahim Diop, un des Mohadam de El Hadji Malick Sy.  Serigne Abdou acquiert rapidement une réputation de poète et de chanteur. Il se charge  de diriger les Chœurs des talibés de son père ce qui contribuera à lui assurer une solide popularité parmi les membres de la confrérie. Le rassembleur de toutes les forces sociales, philosophe, moraliste et poète, il faisait autorité de par sa sagesse et sa culture.Il s’illustre non seulement par son érudition mais aussi par ses prêches, son engagement pour la cause islamique, ses nombreux écrits en arabe et une importante biographie de son père, El Hadj Malick Sy. Pacifique dans l’âme, humble, courtois et discret, Serigne Abdou Aziz a su tisser dans les pays arabes, notamment au Maroc et en Arabie Saoudite, un tissu relationnel très dense, avec un seul et unique objectif: cimenter la Umma islamique. Après avoir veillé quarante (40) ans sur l’héritage et le temple de Maodo, il est rappelé à Dieu le 14 septembre 1997.
SERIGNE MANSOUR SY «BOROM DARAJI» (1925-2012), L’ENSEIGNEMENT COMME SACERDOCE
Quatrième khalife de son vénéré grand-père Maodo Malick Sy, Serigne Mansour Sy est le premier petit-fils dans l’ordre successoral. Ayant vu le jour en 1925, «Borom Daraji» a démontré dés son jeune âge ses qualités de préservateurs des œuvres de ses devanciers.
On souligne à cet égard, que dans la redistribution des  tâches et de missions de son père Serigne Babacar Sy, lui est revenu de pérenniser l’école de Maodo. Au point qu’il consacre l’essentiel de ses activités à la diffusion des sciences islamiques, de la Charia et la Sunna.
Mais aussi des enseignements du guide de la Tijanniya, Abdoul Abass Ahmada Tijaani. Ce qui lui a valu le surnom de «Borom Daradji» pour témoigner de ses qualités d’intellectuel. Sa bibliographie est estimée à une centaine de production écrit dans divers domaines, lit–on dans la présentation qui lui a été faite en mars dernier.
Il avait reçu de son oncle Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, la légitimation de la charge le 11 septembre 1997.  Soit trois jours avant le rappel à Dieu de ce guide le 14 septembre. Après 15 ans de Khalifa, Serigne Mansour Sy s’éteignit  le 8 décembre  2012 et rejoignit à l’au-delà son illustre père Serigne Babacar Sy et ses oncles Serigne Mansour Sy et Serigne Abdou Aziz Sy «Dabakh».
CHEIKH AHMED TIDIANE SY, UN GUIDE MULTIDIMENSIONNEL
Troisième fils de Serigne Babacar Sy, Serigne Cheikh Tidiane Sy a vu le jour en 1926 à Saint-Louis. Selon  le site Asfiya, l’actuel Khalife a très tôt tenté de réformer son entourage familial. Déjà à l’âge de 14 ans, il a bouclé prématurément les cycles inférieurs et moyens des études islamiques.
Dans sa formation spirituelle, Cheikh Ahmad Tidiane Makhtoum revendique “une fidélité sans faille aux enseignements de Serigne Babacar Sy”, son père qu’il prend pour “seul et unique maître spirituel”. Toutefois, il ne cache pas une pleine admiration pour son formateur Serigne Alioune Guèye, ainsi qu’il aime à citer ses autres professeurs de sciences islamiques notamment l’imam Moussa Niang, Chaybatou Fall.
Il rappelle aussi son passage entre les mains de son oncle El Hadji Abdoul Aziz Sy. A 16 ans, il publie son premier livre : “Les vices des marabouts” et écrivit “L’inconnu de la nation sénégalaise : El-Hadji Malick Sy”.
A la trentaine, il effectue son premier voyage à Paris où il vit, bien plus tard pendant cinq ans, une sorte d’exil.  Cette précocité intellectuelle fait lui qu’il joue les premiers rôles dans l’entourage de son père.  Il a hérité du Khalifat en 2012 après le rappel à Dieu en décembre de Serigne Mansour Sy.

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