Lors de la cérémonie officielle du gamou annuel de Pire tenue ce week-end, le khalife de Pire, El Hadji Moustapha Cissé, a taclé sévèrement la classe politique sénégalaise, qu’il accuse d’être obnubilée par le pouvoir. Mais à l’en croire, cette situation a été favorisée par le multipartisme intégral institué par le Président Abdou Diouf après le départ de Senghor du pouvoir
Le Gamou annuel de Pire a vécu ce week-end et comme à l’accoutumée, la cérémonie officielle a réuni autour du Khalif Serigne Moustapha Sy, les autorités administratives, religieuses, coutumières, etc. La délégation gouvernementale était conduite par Mansour Sy Ministre du Travail et comprenait également Augustin Tine, ministre des Forces Armées, Mamadou Talla, ministre de l’enseignement professionnelle, Abdou Ndéné Sall Secrétaire d’Etat au Réseau Ferroviaire National. Une occasion pour Serigne Moustapha Cissé de cracher ses vérités, en taclant sévèrement la classe politique. «La classe politique sénégalaise dans sa forme actuelle n’existe nulle part ailleurs, parce qu’elle n’est pas composée d’hommes politiques, mais de politiciens», déclare-t-il d’emblée. Selon lui, les actes de l’homme politique sont toujours encadrés par une culture politique et ils reposent toujours sur un parti bien organisé, ayant un programme bien déterminé dans tous les domaines de l’activité socio-économique et c’est ainsi qu’il oriente toujours le débat dans ce sens. Mais, se désole Serigne Moustapha Cissé, c’est tout le contraire avec la classe politique sénégalaise, qui verse à longueur de journée dans les attaques crypto-personnelles, la médisance et la calomnie.
«Des gens sortent de nulle part, pour créer un parti, dans le seul objectif d’avoir un instrument qui leur permet d’insulter les autres. Si cela continue, notre pays risque de sombrer dans le chaos». A l’en croire, tout le problème est que cette classe politique ne s’intéresse en réalité qu’au pouvoir. «De grâce, que la classe politique fasse son introspection,
pour aller dans le sens d’un dialogue sincère, si elle est véritablement intéressée par l’émergence de ce pays qui nous appartient à tous», tonne le khalife de Pire. Pour lui, il est temps qu’elle s’inspire de l’exemple d’hommes de valeur comme Ngalandou Diouf, Blaise Diagne, Léopold Sédar Senghor, Mamadou Dia. Et de ce point de vue, il pense qu’il serait important d’organiser des séminaires sous la conduite d’historiens comme Iba Der Thiam, pour retracer la trajectoire politique de ces hommes de référence.
De l’avis de l’ancien diplomate sénégalais, l’imbroglio politique actuel découle d’une erreur qui a été commise après le départ de Léopold Sédar Senghor du pouvoir, avec le multipartisme intégral.
Pour lui, Abdou Diouf aurait dû simplement reconnaître le Rassemblement National Démocratique (Rnd) comme cinquième parti, en lieu et place du multipartisme intégral et s’en
arrêter là. «L’Etat doit aller dans le sens de la limitation des partis, car la forme actuelle risque
même de constituer une entrave à la démocratie». Le khalife de Pire a, par ailleurs, dénoncé la clameur qui entoure la découverte de gaz et de pétrole au Sénégal. Selon lui, si toutes les
conditions d’une bonne exploitation sont réunies, ces découvertes offriront au Sénégal toutes les ressources nécessaires à son développement, à l’image du Koweit. Mais dit-il, il y a déjà un mauvais signe avec ce débat malsain autour de la question. Il a affirmé qu’il urge de mettre en place des instruments bâtis sur le socle du dialogue et de la concertation, pour aller
vers une bonne exploitation de ces ressources naturelles.
Serigne Moustapha Cissé de Pire a par ailleurs dénoncé l’organisation de manifestations mondaines le vendredi comme les combats de lutte, les marches. Il a également proposé la suppression du jour férié accordé aux travailleurs le lendemain de la Tamkharite, pour porter la fête de tabaski à deux jours.
(Source : L’As)
