Entre Yékini, le confident, Tyson qui lui envoie un mouton lors de la Tabaski et Bombardier qui lui rend visite et lui offre du poisson, Gaston reconnaît avoir des rapports particuliers avec certains lutteurs. De bonnes relations avec les lutteurs, qui lui permettent de bénéficier de leur compréhension dans des situations particulières. C’est le cas avec Baboye et Balla Gaye 2, qui ont accepté le report de leur combat jusqu’à la saison prochaine. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le promoteur de lutte connu comme socialiste, affirme cependant qu’il a plus d’amis parmi les gens au pouvoir. Réfutant toute idée de rejoindre ses amis libéraux au Pdsl, le promoteur souligne néanmoins qu’il partage avec Wade plusieurs traits de caractère dont : l’esprit d’initiative, le courage à défendre ses idées face aux critiques, et le fait de ne pas regarder dans le rétroviseur. S’agissant de son principal concurrent, Luc Nicolaï, Gaston note qu’il n’y a aucun problème entre eux, et que ce sont des gens mal intentionnés qui essaient de les mettre en mal et de les pousser à se jeter des pierres. Mais pour les mal-intentionnés, Gaston se veut menaçant. Comme un lutteur, le promoteur affirme haut et fort qu’il a lui aussi ses marabouts qui le blindent contre toute attaque. Avec le vice-président du Comité national de gestion de la lutte (Cng), Cheikh Tidiane Ndiaye, le patron de Gaston Production a été très dur, le traitant de grand voyageur qui ne connaît rien à la marche de la structure et qui attend le dimanche pour mettre ses plus beaux habits pour se rendre au stade.
L’As : Vous avez décidé de reporter la combat Baboye-Balla Gaye 2 à la saison prochaine ; est-ce que cela ne va pas poser problème avec ces lutteurs ou le Cng ?
Mais vous n’allez tout de même pas retenir les lutteurs jusqu’à l’année prochaine sans les dédommager ?
Je sais que même si je ne les dédommage pas, ils ne vont pas me le réclamer. Mais ne serait-ce que par bon sens, je dois le faire. Je suis sensible à leur situation. Ils ont des responsabilités à assumer. Si je dois les retenir jusqu’à l’année prochaine, il faut que je leur donne de l’argent en contre-partie.
Pour ce qui est du Cng, il ne peut pas y avoir de problème, du moment que le promoteur et les lutteurs ont trouvé un accord sur le report. Surtout que le combat n’était pas prévu pour cette date. Quand je prenais cette date, c’était pour l’organisation de la finale du challenge Orange. Je voulais juste y greffer cette affiche. Je peux le faire comme je peux ne pas le faire.
Vous parlez de vos bonnes relations avec les lutteurs et l’on a entendu Yékini dire que vous avez des rapports particuliers. Qu’est-ce qui vous lie réellement ?
Tous les lutteurs sont mes amis. Mais c’est vrai que j’ai des relations particulières avec certains. Yékini, par exemple, nous sommes devenus de véritables confidents. Il me consulte sur beaucoup de choses. Avec Tyson et Bombardier aussi j’ai de très bons rapports. Si je prends le cas de Bombardier, il arrive qu’il me rende visite en m’apportant beaucoup de poissons. S’agissant de Tyson, pendant la Tabaski, il achète un mouton et me l’envoie. Pourtant, il sait que j’ai les moyens d’en acheter. Parmi les jeunes, il y en a qui viennent régulièrement chez moi. Ils ont des relations amicales avec mes enfants. Modou Lô, lors de son voyage en Italie, est allé voir mes enfants. Balla Gaye est très souvent avec mes enfants, s’ils sont en vacances.
Les pratiques mystiques sont très présentes dans l’arène, comment réagit Gaston face à ce phénomène ?
Il ne faut pas se voiler la face. J’ai mes marabouts comme tout le monde. Ça fait partie de notre culture et de nos coutumes. Même si par ailleurs nous sommes musulmans et nous comptons avant tout sur la protection de Dieu, de Son Prophète (PSl) et sur les prières de nos parents. Pour être clair, Gaston a lui aussi ses marabouts. Je ne veux du mal à personne. Mais toute personne qui tenterait de me faire du mal ou de nuire à mes activités, en verrait indéniablement les conséquences. Ça se retournerait immédiatement contre lui.
Vous avez de bons rapports avec les lutteurs, mais est-ce le cas avec votre principal concurrent, Luc Nicolaï ?
Luc et moi, nous n’avons aucun problème. Il le sait et moi je le sais. La preuve en est qu’il est venu jusque chez moi. Moi également, je suis allé jusqu’à son hôtel à Mbour. Donc, si j’entends les gens parler de problèmes entre nous, ça m’étonne. Je pense sincèrement que ce sont des gens mal intentionnés, qui essaient de créer des problèmes entre nous ou de nous pousser à nous jeter des pierres. Cela, en entretenant l’idée de la concurrence, qui voudrait qu’à chaque fois qu’on parle de Gaston, on parle parallèlement de Luc, et vice-versa.
Luc est mon jeune frère. Et je peux témoigner qu’il est un travailleur et un homme bien. D’ailleurs, je ne pense même pas qu’il ait le temps de faire du mal, lui qui est tout le temps hors du pays ou en train de s’occuper de ses affaires. Je ne vois pas quelle importance aurait une animosité entre nous. Mais je comprends un peu tout cela. C’est la rançon du succès. Il y aura toujours des gens pour attiser le feu, et pour inventer des choses sur nos dos et pour essayer de nous mettre en mal l’un l’autre.
Le vice-président du Cng a déclaré dernièrement que c’est un cachet de 30 millions que vous avez déclaré au Cng, pour le combat Tyson-Yékini, qu’en est-il ?
C’est parce que Cheikh Tidiane Ndiaye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne connaît rien aux affaires du Cng. Par souci de transparence, tout le monde a vu que quand j’ai signé le contrat, j’ai saisi la télévision et la presse. Et j’ai précisé que le cachet est de 100 millions dont 40 millions de cachet lutte, déposés au Cng, et 60 millions cachet sponsoring. Etre membre du Cng, c’est une chose facile, mais il faut être capable de l’assumer. Mais être membre du Cng et se limiter à faire la toilette chaque dimanche pour venir à la lutte et faire comme si on voulait se vendre, on n’a pas besoin de ça au Cng. C’est malheureux, mais il y a des gens qui ne font que se servir du nom du Cng. Il en fait partie. La preuve, l’autre jour à la télévision, il a voulu parler de l’affaire du fisc alors qu’il n’en sait rien. Il a failli faire une gaffe. Je l’ai arrêté devant tout le monde, pour lui dire qu’il valait mieux qu’il se taise, au lieu de parler au conditionnel ou en utilisant des peut-être. Quand on ne maîtrise pas une question, on ne doit pas en parler. S’il n’est pas informé, il doit d’abord se renseigner à la direction administrative du Cng, ou auprès de Alioune Sarr, avant de s’adresser à la presse. Il est tout le temps hors du pays. Donc, il ne peut pas se permettre de se prononcer sur des choses qu’il ne maîtrise pas, parce que tout simplement on lui a tendu un micro. Il est même allé plus loin en disant que Gaston veut entrer dans les bonnes grâces des lutteurs. Là aussi, il m’a déçu. A part Dieu, Son Prophète et mes parents, je ne vois pas une personne dont je cherche à entrer dans les grâces. Surtout pas les lutteurs que je paye. Peut-être que c’est parce que lui, il a l’habitude de chercher à entrer dans les bonnes grâces des gens.
Pourquoi n’avoir pas déclaré directement la totalité des 100 millions, comme cachet, au Cng ?
C’est tout simplement pour protéger les sponsors. Car si je fais ça, et que les lutteurs ne respectent pas le contrat de sponsoring, c’est moi qui aurais des problèmes avec les sponsors. C’est pourquoi, je verrouille les 2/3 pour que les lutteurs puissent respecter les engagements envers le sponsor qui, il faut le rappeler, finance l’essentiel du cachet global.
Gaston est connu comme un socialiste, mais on voit plus les libéraux à ses manifestations. Etes-vous devenu libéral ?
Non, je ne suis pas devenu libéral. Je reste socialiste. Ceux qui viennent aux combats, qu’ils soient du Ps ou du Pds, je les considère tous comme des citoyens et des Sénégalais, venus assister à un combat de lutte. Ma politique se limite à aller voter pour le Ps, le jour de l’élection. Ensuite, je retourne à mes affaires et je continue à vivre avec tous les Sénégalais. Car j’ai des amis partout. D’ailleurs, j’ai plus d’amis du côté du pouvoir que de l’opposition.
Est-ce que ces amis au sein du pouvoir ne pourraient pas un jour vous convaincre d’adhérer au Pdsl ?
Non pas du tout. Parce que tout simplement, je ne connais pas la politique au sens où elle est généralement pratiquée ici. Moi, je n’ai pas le temps d’aller à des réunions ou meetings politiques. Personne ne peut m’embarquer sur ce terrain. Pour moi, il y a un seul parti dans le pays, c’est le peuple. Je crois seulement au peuple et au travail. Pour réussir à me dévier, ça ne peut être que dans le domaine du travail ou tout au plus vers les autres disciplines sportives.
Vous reconnaissez pourtant partager certains traits de caractères avec Wade. Pouvez-vous être plus explicite ?
Peut-être qu’en entendant cela, les mauvaises langues diront que je voudrais aller dans le camp libéral, mais ce n’est pas ça du tout. Il y a en effet des aspects sur lesquels j’ai de l’estime pour Abdoulaye Wade. Il a certains traits de caractère que je partage avec lui. Moi par exemple, quand je décide de quelque chose, je vais jusqu’au bout, sans regarder dans le rétroviseur. Si Abdoulaye Wade regardait dans le rétroviseur, il n’allait jamais réaliser le monument de la renaissance, encore moins la corniche. Il a reçu toutes sortes de critiques, mais il a foncé vers son objectif. Aujourd’hui, le résultat est là, visible de tous. Maintenant, que ça soit suffisant ou pas, on sait au moins qu’un travail a été réalisé. C’est grâce à son esprit d’initiative et son courage qu’il est parvenu à faire ces réalisations. Il a des idées et le courage de les mettre en pratique. Sur ce plan, nous avons beaucoup de choses en commun. Et l’histoire retiendra ce qu’il a fait. De la même manière, l’histoire retiendra ce que Gaston a fait dans la lutte, ou ce que quelqu’un comme Youssou Ndour a fait dans la musique. Même si nous avons des divergences, nous devons avoir l’honnêteté de reconnaître les vérités et de les dire telles quelles.
On reproche à Gaston d’être trop réactif et rude dans ses propos. Qu’est-ce qui l’explique ?
C’est mon tempérament. Peut-être, c’est un défaut. Mais c’est ma nature. En dehors de ça, ceux qui me connaissent savent que je suis un homme jovial, ouvert et très serviable. Je ne peux même pas voir une personne souffrir. Seulement, je ne sais pas tricher ou tourner autour du pot. J’appelle les choses par leur nom. Maintenant, si ma façon de parler ou de dire les choses ne plait pas à des gens, qu’ils me pardonnent. Mais aussi, il faut reconnaître que je réagis souvent selon la manière dont je suis interpellé. Car certains m’interpellent sur certaines questions, uniquement dans le but de nuire. Or, ils ne savent pas qu’ils ne peuvent pas me détruire.
Après la lutte, est-ce que Gaston pense réinvestir dans d’autres secteurs ?
Bien sûr que je voudrais bien investir dans d’autres domaines. Vous parliez de mes relations avec la presse. J’ai envie de rentrer dans la presse et de créer des journaux. La presse, c’est un travail très sain. L’essentiel pour moi, c’est d’y entrer avec des professionnels. Je n’ai pas de connaissances en la matière, mais je pourrais trouver des gens professionnels et rompus à la tâche à qui je confierais le travail, pour n’être qu’un simple bailleur.
Mbaye THIANDOUM
lasquotidien.info