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Gbagbeaucoup Par Aliou ndiaye

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La salle d’audience du Palais est devenue le théâtre des boulettes. Transformé en terrain d’entraînements par des danseurs, le château abrite, régulièrement, des séances d’exhibition provocantes. La diplomatie du tam-tam tient en Wade un tambour-major, une virtuose et un précurseur. Gbagbo doit danser dans son Palais. Le chef de l’Etat du Sénégal vient de lui offrir l’occasion inespérée de se trémousser. L’enchanteur malin ne se contente plus de transformer son Conseil des ministres en concert des ministres. Il veut s’inviter dans la Sagacité ivoirienne. C’est du Coupé-décalé. Bouchez-vous les Oreilles, c’est Gbagbadaboum !

Le boulanger d’Abidjan va pouvoir jouer sur la fibre identitaire. Gbgabo se voit offrir, par Me Wade, l’occasion de mobiliser une partie de l’électorat contre Alassane Dramane Ouattara. Dans le pire des cas, il pourrait même bloquer ou retarder le processus électoral dans son pays. Pour une simple demande de sponsoring, Macky Sall avait été convoqué à la Division des investigations criminelles. L’ancien Premier ministre avait été accusé de blanchiment d’argent en collusion avec un pays étranger. C’était à la veille des élections locales de mars 2009. Le pouvoir du Sopi le soupçonnait d’avoir sollicité et obtenu un soutien financier du défunt Président gabonais Omar Bongo. Et si Gbagbo faisait la même chose avec Ado ? Le Sénégal se trouverait fort embarrassé. Et la communauté des nations fort courroucée.

Le porte-parole du président ivoirien sortant a dansé sur un air déjà connu. La théorie du bouc émissaire et de la conspiration internationale vit au fond de la Lagune Ebrié. Elle  a permis au leader du FPI de se maintenir au pouvoir cinq ans après la fin de son mandat. Abdoulaye Wade offre à Gbagbo la possibilité d’un retour en zone. Il a rappelé son ambassadeur à Dakar et convoqué le représentant du Sénégal à Abidjan. On joue le drame pour faire mousser l’affaire. Wade est d’une maladresse ! C’est Gbagbadaboum !

Il y a dans l’initiative malheureuse de notre chef de l’Etat, un zeste de démesure symptomatique. Affréter un avion pour aller cueillir Alassane Dramane Ouattara est une manière évidente de se faire de la publicité. Ce désir manifeste de choquer Laurent Gbagbo, son camp et bien d’autres Ivoiriens, a quelque chose de terriblement caractéristique. A ce niveau de responsabilité, l’intervention sénégalaise est d’un manque de finesse inquiétant. La réclame sera contre-productive à tous les coups. Alassane Dramane Ouattara risque d’avoir du mal à mobiliser au-delà de son camp. Et même, en cas de victoire, toute initiative de sa part, en direction du Sénégal, sera analysée comme un vulgaire retour d’ascenseur.

Dakar est consciente de l’énormité de la boulette diplomatique. Elle est restée presque coite et sans voix. Le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement s’était contenté, dans un premier temps, d’une réaction de pure forme. Moustapha Guirassy a fait le constat de la gravité de l’accusation ivoirienne. Par la même occasion, il a rappelé deux précédents. Les audiences accordées par Laurent Gbagbo à Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng à la veille de la Présidentielle de 2007. Mais le Sénégal ne sortait pas d’une guerre civile, de plusieurs tentatives de coups d’Etat, d’un charnier et de la partition en deux du pays. Cette comparaison est d’une déraison inexplicable. Il faut arrêter de semer le vent. Nous avons déjà récolté une tempête diplomatique. Nul ne sait si une tornade ou un ouragan ne va pas suivre. En conférence de presse samedi, le ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, a voulu dédramatiser. C’est une manière toute diplomatique de ramasser les pots cassés. Mais le vin est déjà tiré. Gbagbo va le boire. Jusqu’à l’ivresse du pouvoir.

Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. La question se pose sur la nature des intérêts défendus par Wade. Le président de la République peut faire ses calculs, opérer un choix, l’assumer et l’appliquer. Mais en diplomatie, la forme importe autant que le fond. La précipitation et le manque de délicatesse sont révélateurs. C’est la confusion entre les intérêts de son clan et ceux du pays qui amène Wade à ce type d’empressement brouillon. D’ordinaire, la raison n’habite pas longtemps chez les gens séquestrés. Et comme le disait Pape Samba Mboup, son chef de Cabinet, le Président Wade semble être l’otage d’un clan d’amateurs empressés. Ils sont d’une outrecuidance ! Leur hardiesse a passé déjà bien des limites. C’est Gbagbeaucoup !

lobs.sn

1 COMMENTAIRE

  1. C’est un joli raisonnement avec une jolie boulette diplomatique commençant apr l’envoi d’un avion… sauf que l’information est fausse puisque Ouatara est venu avec son propre avion… et quand une des prémisses est fausse, le raisonnement est… 😉

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