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Général de division Francois Ndiaye, commandant de la Micega: « Nous avons contraint l’ennemi sans combattre »

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Le général de division François Ndiaye, peut s’estimer heureux du déroulement, sans encombre, de sa mission après le retour, avant-hier, du président Barrow. Il revient, dans l’entretien qu’il nous a accordé, sur la Mission de la Communauté économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest en Gambie (Micega), mais aussi sur ses composantes, le volume des troupes. Et un éventuel affrontement avec les troupes de l’ancien président Jammeh qui ont été contraintes sans combat.

Mon général, comment se porte aujourd’hui la Mission de la Cedeao en Gambie (Micega) ?

La Micega vient d’exécuter la première phase de sa lettre de mission qui consistait à créer les conditions sécuritaires permettant le retour du président élu, Adama Barrow. Ce retour hier (avant-hier) a été fait dans un environnement sécurisé. On peut même le qualifier de succès. Ce retour s’est fait dans de très bonnes conditions. Comme nous l’avions planifié. La Micega se porte au jour d’aujourd’hui très bien.

Quelles seront les prochaines étapes de votre mission après le retour du président Barrow ?

La phase de déploiement et le retour du président ont déjà été assurés. Nous attendons maintenant le reliquat des contingents nigérian et ghanéen. Ces deux pays et le Sénégal avaient prévu de déployer un certain volume de forces. En ce qui concerne le Sénégal, cela est déjà fait et le volume prévu atteint.

Le reliquat des forces nigérianes est à Thiès et sera déployé dans les prochains jours et nous pensons aussi qu’il en sera de même pour les Ghanéens. Du point de vue des troupes, nous avons ces trois pays qui sont les principaux fournisseurs. Mais nous avons des officiers de différents pays de la Cedeao.

Aussi, il faut rappeler que la Micega a trois composantes : terrestre, navale et aérienne. La composante aérienne est assurée par le Nigéria et le Sénégal. Nous disposons d’un patrouilleur de haute mer nigérian et de trois bâtiments navals sénégalais.

Les troupes de la Cedeao sont très visibles dans l’espace gambien aujourd’hui. Comment s’effectue votre déploiement ?

Nous avons procédé à un maillage sécuritaire du territoire : à l’est, vers le Combo (la zone périurbaine) et dans le Kanilaï. Notre poste de commandement étant installé à Bakau. L’objectif étant de nous faire voir partout et d’avoir un regard sur toute la Gambie.

Quels rapports ou relations entretenez-vous avec les forces gambiennes ?

Avant que nous n’entrions en Gambie, des éléments du commandement gambien nous ont signifié de leur volonté de ne pas combattre contre nous. Nous avons, par la suite, tenu des réunions avec les Forces de défense et de sécurité gambiennes pour voir ce que nous pourrons faire ensemble en termes d’échanges d’informations, d’officiers de liaison, de patrouilles mixtes…

Mais tout cela devra être mieux défini avec la nomination de nouveaux chefs militaires et paramilitaires par les nouvelles autorités.  Nous avons trouvé les forces gambiennes très coopératives et elles ne nous ont manifesté aucune opposition.

La Micega n’envisage-t-elle pas un volet formation à l’endroit des forces gambiennes ?

Il est possible d’envisager la formation qui n’est pas envisagée pour le moment dans le mandat que nous avons reçu. Si l’on se limite au mandat, il ne s’agit que de créer les conditions permettant l’exercice effectif du pouvoir par le président Barrow,  d’assurer la sécurité des populations et des leaders politiques. Nous allons donc l’accompagner pour un certain temps. Maintenant, si la Cedeao décide de transformer la Mission, nous ne ferons que nous conformer.

Certains regrettent qu’il n’y ait pas eu d’affrontement contre le président Jammeh tandis que d’autres se réjouissent de la tournure des choses. Vous parliez de « contraindre sans combattre ». Pouvez-vous revenir là-dessus ?

Nous avons quelque part procédé à ce que les Anglais appellent le « Show of force ». Il s’agissait de montrer que nous avions les capacités pour exécuter la Mission, à nous, confiée. Nous pouvions pénétrer sans encombre sur le territoire gambien.

Ce qui a été fait. Dès que nous avons massé nos troupes aux frontières, le système de renseignement très alerte gambien a compris et fait remonter l’information sur notre puissance de feu et d’hommes hyper-armés et entraînés qui allaient débarquer.

On peut donc contraindre l’ennemi sans combattre comme le dit Sun Tzu. Mais il faut savoir que nous étions prêts à l’affrontement et préparés à en découdre avec l’ancien président dont le départ était indispensable pour l’exécution de notre mission.

Il se dit que la Micega va encore rester pour les six prochains mois. Pouvez-vous confirmer ou infirmer l’information ?

Nous avons appris dans la presse que nous devrions rester six mois, selon la volonté du président Barrow, sans avoir été saisis de la question. Notre départ ou la continuité de la Mission n’est pas de notre ressort. Cela dépend de la Cedeao et du pays hôte. Il est évident qu’il y aura des évaluations périodiques et tout sera décidé dans l’intérêt du pays.

Interview réalisée par Le Soleil

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