XALIMANEWS-Ancien footballeur vedette de la Géorgie, Mikhaïl Kavelachvili a réussi la transition de l’univers sportif à celui de la politique, devenant une figure incontournable du parti national-populiste, avant d’être propulsé à la tête de son pays, ce samedi.
Malgré un parcours académique modeste, l’ancien sportif incarne les valeurs populistes du parti en capitalisant sur sa popularité d’ancien athlète. Député, il défendait des positions radicales, notamment en matière de politique étrangère, et se fait l’un des principaux soutiens de la loi controversée sur les « agents étrangers », inspirée du modèle russe.
En Géorgie, les manifestations contre la décision du gouvernement de suspendre jusqu’en 2028 les négociations d’adhésion de la Géorgie à l’Union européenne se poursuivent depuis plus de deux semaines.
Dans ce contexte de crise politique et de tensions internes, Mikhaïl Kavelachvili, ancien footballeur et homme politique, a été élu, le 14 décembre 2024, pour succéder à Salomé Zourabichvili, la présidente pro-européenne. Kavelachvili, longtemps une figure marquante du sport en Géorgie et récemment engagé en politique au sein du Rêve géorgien, un parti national-populiste, représente un tournant significatif dans la politique géorgienne. Son élection à la présidence intervient dans un moment charnière, où le pays est divisé sur la question de son avenir européen. L’arrivée de Kavelachvili à la tête du pays pourrait marquer un durcissement de la ligne politique vis-à-vis de l’Union européenne, renforçant ainsi l’orientation pro-russe du gouvernement et l’éloignant de la perspective d’adhésion à l’UE dans un avenir proche.
Mikhaïl Kavelachvili, âgé de 53 ans, est une figure emblématique du football géorgien. Avec 46 sélections en équipe nationale et 9 buts à son actif, il a marqué son époque en tant qu’attaquant. Sa carrière en club est également notable : il a remporté trois titres de champion de Géorgie avec le Dinamo Tbilissi, l’un des clubs les plus prestigieux du pays. Son talent l’a propulsé vers des clubs étrangers, notamment Manchester City, où il a vécu une expérience marquante, mais aussi en Suisse, où il a évolué dans des clubs renommés tels que le Grasshopper Zurich et le FC Bâle. Ces années passées à l’étranger ont enrichi sa carrière, avant qu’il ne décide de raccrocher les crampons.
Son élection survient dans un contexte où la Géorgie se trouve à la croisée des chemins, entre ses ambitions européennes et les pressions croissantes de la Russie, qui exerce une influence considérable sur le pays. Le président sortant, Salomé Zourabichvili, ayant pris des positions fermes en faveur de l’intégration européenne et de l’alignement avec l’Occident, a été un symbole de cette aspiration européenne, ce qui explique l’intensité des protestations populaires suite à sa défaite politique. Kavelachvili, en tant que nouveau président, devra gérer cette fracture politique, entre ceux qui appellent à un rapprochement avec l’Europe et ceux qui souhaitent renforcer les liens avec la Russie.
Même si son parcours sportif ne semblait pas le destiner à la présidence du pays, Kavelachvili incarne parfaitement l’image que le Rêve géorgien cherche à promouvoir. Le parti, très influencé par les valeurs populistes, utilise le sport comme un outil de propagande pour renforcer son image auprès de la population. Selon Thorniké Gordadzé, ancien ministre de l’Intégration européenne, chercheur à l’Institut Jacques Delors et au think tank géorgien Gnomon Wise, « le Rêve géorgien mise énormément sur la popularité des sportifs pour capitaliser sur leur image. Parmi ses députés, on trouve des haltérophiles, des rugbymen, des basketteurs, des footballeurs et des lutteurs ». Kavelachvili faisait t partie de cette stratégie de valorisation des sportifs et incarne ainsi une partie de l’identité du parti.
Ainsi, l’évolution de Mikhaïl Kavelachvili, de footballeur à homme politique, montre à quel point le sport et la politique se croisent en Géorgie, où le sport peut être un vecteur puissant de propagande, mais aussi un tremplin pour des carrières politiques radicales.