Depuis quelques temps j’entends bruire une chanson au rythme désaccordé.
Ceux qui l’entonnent excusent et même glorifient ceux qui font des fautes de français, écrivent mal le français, ne savent pas lire un texte en français et enfin s’expriment mal en français.
Ils prétendent que le français n’étant pas une de nos langues maternelles, nous devons accepter sans broncher que cette langue soit écorchée par nos compatriotes y compris nos élèves, nos étudiants, nos enseignants, nos cadres, nos autorités de l’État et nos hommes politiques.
Certains pensent inconsciemment que le français étant la langue du colonisateur, pour prendre notre revanche sur la France, nous devions nous délecter de plaisir en maltraitant sa langue!
Quelle inconscience et inconsistance infantile!
Bien souvent d’ailleurs ceux qui le disent ne font que défendre leur incompétence linguistique en en faisant un signe malsain de patriotisme.
Il apparaît d’ailleurs souvent que ceux qui maîtrisent mal le français, en fait, baragouinent leurs langues maternelles. Ils ne savent en réalité parler aucune langue.
Je suis pour l’enseignement de nos langues maternelles, de toutes nos langues maternelles, dès le préscolaire. Car un enfant qui maîtrise bien sa langue maternelle pourra plus facilement apprendre d’autres langues.
Chez nous le français est non seulement notre langue officielle mais il est aussi pour la majorité des apprenants la langue d’apprentissage, celle par laquelle les savoirs et les connaissances sont transmis.
Le français est aussi la langue de référence dans laquelle sont transcrits nos lois, nos décrets, nos circulaires, nos textes réglementaires, les contrats et les conventions qui jalonnent la vie économique, sociale, culturelle et internationale.
Un juriste ne peut pas se permettre une faute de français car les conséquences juridiques qui en résulteraient pourraient êtres catastrophiques. Même la place d’une virgule dans un texte peut conduire à des interprétations contradictoires. Ne parlons pas alors d’un diplomate qui ferait des fautes de français, il pourrait provoquer des incidents diplomatiques!
Comment peut-on progresser en mathématiques si on ne connaît pas la différence entre «et» et «ou», lorsqu’on ne peut pas faire la négation de « il existe », etc.
Parler correctement la langue dans laquelle nous nous exprimons est un signe de correction, de respect et de considération en vers notre interlocuteur. C’est aussi un moyen de se faire écouter, respecter et considérer.
Cette idéologie de la médiocrité qui en dernière analyse ne reconnaît pas la connaissance comme source des transformations sociales est négative et contre-productive.
Sa finalité est de maintenir surtout les enfants et les jeunes issus des couches défavorisées au bas de l’échelle sociale alors que leur ambition est d’en gravir les marches pour atteindre les sommets. Comment un jeune qui s’exprime mal en français pourra réussir à un entretien d’embauche face à d’autres jeunes bien formés s’exprimant allègrement dans la langue de Claudel?
Ne nous voilons pas la face, même la maîtrise de l’anglais sera très difficile pour un apprenant qui ne maîtrise pas le français.
L’artiste a besoin de bien s’exprimer en français pour mieux partager ses œuvres, le joueur de football pour accrocher ses fans, etc.
Notre pays doit renforcer son appétence d’excellence.
La jeunesse doit rejeter drastiquement l’idéologie de la médiocrité. Elle doit être à l’avant-garde pour dénicher tous ceux qui veulent nous ramener à la médiocrité dans tous les domaines et malheureusement qui par leur inconsistance font de notre pays une source de rigolade désagréable.
Comme la Chine a abandonné le livre rouge pour construire son développement à la place des incantations idéologiques insipides, nous aussi libérons-nous des stéréotypes anticolonialistes primitifs pour intégrer le concert des nations qui se battent pour conquérir les connaissances, pour innover, pour inventer, pour être les meilleurs !
Soyons et restons sur le chemin de l’honneur de l’esprit humain.
Dakar, le mardi 19 avril 2022
Mary Teuw Niane
Le français est une importante langue de l’Islam !!! En vérité, toute langue est un don de Dieu et constitue un véritable Signe divin (miracle) qui doit interpeller les ‘’savants’’ et les appeler à plus d’humilité ; oui, c’est Dieu Lui-même qui a suscité la variété des langues, des couleurs, des tribus et des nations, afin que les hommes s’entre-connaissent ; mais aucune communauté ou nation ne peut se prévaloir d’être meilleure qu’une autre, car le plus noble auprès d’Allah est le plus pieux.
(22) Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes (langues) et de vos couleurs. Il y’a en cela des preuves pour les savants. (30. Les Romains : 22 – Ar-Rûm)
(13) Ô hommes ! Nous (Allah) vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur. (49. Les Appartements privés : 13 – Al-Hujurât)].
Et dans ce monde actuel où la langue arabe est véritablement en perte de vitesse (volonté d’Allah), il faut nécessairement considérer les autres langues (le français et l’anglais essentiellement) comme d’authentiques langues de l’Islam, au même titre que l’arabe, conformément à une coutume immuable de Dieu :
(4) Et Nous n’avons envoyé de Messager qu’avec la langue de son peuple, afin de les éclairer. Allah égare qui Il veut et guide qui Il veut. C’est Lui le Tout Puissant, le Sage. (14. Abraham : 4 – Ibrahim).
Ainsi, les oulémas qui sont les héritiers du Prophète (PSL) doivent nécessairement utiliser les langues de leurs peuples pour les éclairer sur toutes choses. Oui, le message coranique ne s’adresse pas exclusivement aux musulmans arabophones puisque le Prophète (PSL) a été envoyé à toute l’humanité – jusqu’à la fin du monde (34. Les Saba’ : 28 – Saba’) ; ainsi, son message qui est universel doit être adressé à chaque peuple dans sa langue. Et c’est dire que les oulémas de l’Islam doivent nécessairement maîtriser la langue française (ou anglaise) et la Bible, et en plus, avoir des compétences intellectuelles – scientifiques, entre autres), pour pouvoir communiquer avec les occidentaux (qui sont essentiellement des chrétiens) et les convaincre, afin qu’ils témoignent de la véracité du Coran :
(53) Nous (Allah) leur montrerons nos Signes dans l’univers et en eux-mêmes, jusqu’à ce qu’ils leur devienne évident que c’est cela (le Coran) la Vérité. Ne suffit-il pas que ton Seigneur soit témoin de toute chose ? (41. Les Versets détaillés : 53 – Fussilat)
(28) … Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent véritablement Allah – Il est certes Puissant et Pardonneur. (35. Le Créateur : 28 – Fâthir)
Oui, sans aucun doute, nous devrions posséder la langue nationale et internationale qu’est le français, savoir l’écrire et le parler sans fautes. Un mot cependant concernant le Petit Livre Rouge (1964) de Mao que vous pulvérisez avec dédain d’un revers de main. Dans un contexte de guerre froide, Mao ambitionnait d’apprendre à son peuple à lire et à posséder sa pensée, pour lui, une force et une bombe spirituelle d’une puissance infinie. Ceci aboutit à la révolution culturelle de 1966 à 1971. Pour Mao, le fondement de la théorie, c’est la pratique et une prise de conscience. Aujourd’hui, après le petit livre rouge, a pris place le Grand Livre Blanc de Xi Jinping pour faire connaitre sa pensée économique et politique : la mise en place d’un système d’économie de marché socialiste proposant de faire jouer au marché un rôle fondamental dans la répartition des ressources sous le macro-central de l’État. Le présent découle du passé et tout se tient rigoureusement. La trame, le fil d’Ariane conducteur découle du célèbre proverbe de Socrate : « Connais-toi toi-même» L’aliénation culturelle a fini par gagner beaucoup d’entre nous. Cheikh Anta Diop, démontre avec pertinence que dans le domaine linguistique notre retard sur l’Occident remonte à seulement trois siècles. Pour lui ces trois siècles de retard sont d’ordre lexicologique, Ce qui ne ne doit absolument pas nous faire capituler parce que porteur de notre riche patrimoine culturelle. Science sans conscience, n’est-ce pas la ruine de l’âme?