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( Grande Conférence du Mouvement pour la Citoyenneté Africaine – Yeubeul ( CDEPS)- Edition du 17 février 2008 présidée par le Sous-préfet des Niayes, en présence du Maire, du Chef de cabinet du Maire Ndioba Wade représentant la Marraine, madame Aminata Lô Dieng Ministre du Tourisme / Souvenir en partage.)

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Adresse à la jeunesse africaine.

Thomas Jefferson n’a pas tout à fait tort : « Se révolter contre la tyrannie, c’est obéir à Dieu ». On n’arrête pas les sévices de son bourreau avec ses larmes ; si on n’organise pas sa riposte, on périt. Notre jeunesse africaine trinque depuis des décennies. Ça suffit !

« Toute génération est une génération de mise au défi» disait le poète, celui de cette génération africaine montante est à la fois complexe et urgent : sauver nos peuples de la tyrannie de certains leaders qui semblent diriger nos pays sous les ordres des « grandes puissances », anciens pays colonisateurs comme la France, et des multinationales.

Ils ont tellement cherché hors d’eux-mêmes les réponses à leurs propres insuffisances au point de porter préjudice à notre patrimoine commun : l’Afrique; elle souffre de leurs multiples coups tordus guidés par leur mythomanie, leur mégalomanie, leur cleptomanie et leurs stupidités de pyromanes lorsqu’ils sont vomis par leur peuple respectif; notre continent en bave atrocement.

Nous entendons souvent dire que la jeunesse est l’avenir. Ce leitmotiv de certains adeptes de la « monotonie ensommeillée » semble exclure la jeunesse du présent. Cette jeunesse doit refuser de vivre seulement entre son oisiveté morose et ses rêves d’un lendemain meilleur. Elle ne doit pas être une jeunesse rêveuse mais une jeunesse responsable qui agit pour participer à la construction de sa nation, de sa République, de son État.

Ce n’est point mettre en doute les vertus du rêve ; c’est seulement une façon de refuser qu’elle soit victime de ce genre d’anesthésie et de tout autre moyen utilisé par nos gouvernants pour l’endormir.

Et pourtant, la jeunesse aspire à un niveau d’équilibre appelé développement, c’est-à-dire un système dans lequel, les structures économiques, politiques, culturelles et sociales… permettent de satisfaire les besoins fondamentaux des populations en général, et de la jeunesse particulièrement.

Chère jeunesse africaine, Martin Luther King (1929-1968) prononça son célèbre discours « I have a dream » à Washington le 28 août 1963 devant des milliers de militants de l’égalité raciale alors qu’il n’avait que 34 ans.

Stephen Biko (1946-1977), l’auteur de la fameuse citation « l’arme la plus efficace dont puisse disposer l’oppresseur est l’esprit de l’opprimé », fut nommé président honoraire de la coalition de plus de 70 organisations noires en Afrique du sud dénommée la Black People’s Convention (Convention du peuple noir) alors qu’il n’avait que 26 ans.

26 ans, c’est l’âge qu’avait aussi Nelson Mandela au moment de créer la ligue de la jeunesse de l’ANC en 1944 en compagnie de Walter Sisulu et Olivier Tambo. Son combat contre l’Apartheid sera à l’origine de sa condamnation à perpétuité en 1964 ; il recouvre sa totale liberté en février 1990 et devient le premier Président noir de son pays, après la victoire de l’ANC aux législatives de 1994.

Patrice Lumumba (1925-1961) fonda, en 1958, le Mouvement national congolais (MNC), mouvement indépendantiste le plus radical de son pays qui remporte les premières élections en mai 1960. Il devint le premier ministre du Congo indépendant à l’âge de 35 ans.

Thomas Sankara (1949-1987) impulsa la révolution Sankara. L’homme le plus populaire au Burkina Faso le fut à partir de 1983 à l’âge de 34 ans.

Kwame Nkrumah débuta son action politique au Ghana en 1947 en devenant le secrétaire général du parti indépendantiste – la Convention unie de la Côte-de-l’Or (United Gold Coast Convention) à l’âge de 38.

Les exemples de ce genre sont nombreux. Alors quel sens devons nous accorder à la notion d’âge dans la marche des nations et des hommes?

Nous voulons que la jeunesse soit déterminée à faire bouger les choses dans le sens de la conservation de nos acquis démocratiques car, il existe de plus en plus, et c’est regrettable, l’irresponsabilité à « cheveux blancs ».

La jeunesse africaine n’est pas à l’origine de l’endettement indécent de nos pays, des nombreux détournements de deniers publics, du bradage injuste de nos ressources maritimes, de nos terres, de nos forêts et minerais.

Elle n’a pas saccagé nos valeurs politiques par des pratiques comme la transhumance ou la trahison idéologique. Ce n’est pas la jeunesse africaine qui a plongé la paysannerie africaine dans le chaos à force de mauvaise politique agricole. Elle n’est pas responsable de la déconfiture de nos tissus industriels ni des pénuries à la pelle.

Chaque jeune est libre de faire de la politique ou pas. Cependant, aucun citoyen africain responsable, qu’il soit jeune, adulte ou du troisième âge, n’a le droit de croiser les bras devant la décadence de son Etat de droit, devant le sabotage orchestré contre les leviers qui fondent sa République, devant le bradage des ressources de son pays et du continent, en faveur de l’Occident.

Ce combat panafricain est la première marche vers le développement de l’Afrique.

Que la jeunesse s’organise et s’oppose sans réserve, avec tous les moyens légaux à sa disposition dont le Droit à la marche pacifique, à toute forme de confiscation des libertés individuelles et collectives consacrées par la constitution de son pays. Elle ne doit éprouver aucune peur d’une quelconque loi liberticide; par contre, elle doit avoir peur d’occuper la position du « spectateur ».

La jeunesse africaine doit être consciente de sa force numérique et intellectuelle… Elle doit être consciente de sa mission en tant que jeunesse, responsable du présent et de l’avenir de notre continent.

Nous voulons d’une jeunesse qui ne « brûle plus en silence », d’une jeunesse qui siège dans les instances de prise de décisions et qui jouit de la satisfaction d’être utile à sa société, à son continent.

Une telle jeunesse n’hypothèque pas son présent et son avenir dans une immigration clandestine aux lendemains douteux.

Une telle jeunesse n’inscrit pas son gagne pain dans la prostitution assumée ou clandestine ni dans l’homosexualité et le mariage mixe téléguidés par l’unique souci du gain facile.

Une telle jeunesse fuit la tentation du vol et de l’agression. Une telle jeunesse ne s’adonne pas au trafic illicite de la drogue ni à son usage pour raccourcir le chemin qui mène à un bonheur illusoire et dangereux.

Une telle jeunesse ne vieillit pas autour de sa tasse de thé en critiquant la gestion de sa cité par les adultes.

Une telle jeunesse n’encourage aucune tendance à la facilité et à la passivité ; elle étudie, se forme et travaille pour son bien-être et celui de son pays et de son continent.

Une telle jeunesse ne se laisse pas embarquer dans le banditisme, elle n’officie pas comme mercenaire dans des guerres absurdes.

Elle s’inscrit sur les listes électorales, sensibilise son peuple sur la nécessité de changer le système qui l’étrangle et s’érige en rempart de feu face à l’ennemie, en cas de besoin.

Elle ne sert pas de bras armés à des brigands politiques égoïstes qui sèment la violence et la mort dans son pays contre les intérêts de son peuple.

Chère jeunesse d’Afrique, l’issue du combat panafricain pour rendre les richesses de notre continent à nos peuples est entre vos mains.

Ce combat commence dès maintenant par une redéfinition de ton rôle dans la marche de ton pays. Ce combat commence, dès maintenant, par une redéfinition de nos rapports avec un Occident qui pillent, avec subtilité, de manière cynique, nos ressources naturelles et nos ressources humaines.

C’est un combat utile à la préservation de notre dignité et c’est ton combat. Vive l’Afrique.

Monsieur le Sous prefet des Niayes, monsieur le Maire, madame le Chef de Cabinet du Maire, Ndioba Wade Représentant la marraine Aminata Lo Dieng Ministre du Tourisme, Monsieur le Parrain et Directeur du Cdeps, monsieur le Chef de délégation du MCA Hassan Moindjé des Comores, monsieur Bassirou Sy, président du Mouvement pour la Citoyenneté Africaine, chère assistance, recevez mes sincères salutations. Je vous remercie pour votre attention et votre indulgence.

Tafsir Ndické Diéye
Poète Romancier Chroniqueur

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