Les hôpitaux seront paralysés à partir d’aujourd’hui pour 48 heures dans l’ensemble du territoire national. Une situation à haut risque sur la santé des populations déjà mal-en-point avec la recrudescence des pathologies hivernales. Le président de la Convergence Sutsas-Sas Mballo Dia Thiam revient sur les conséquences de cette grève pour pointer du doigt les autorités de ce pays qu’il accuse d’être les véritables responsables de la situation actuelle que connait le secteur sanitaire.
La convergence Sutsas Sas a décidé d’aller en grève générale à partir d’aujourd’hui mercredi 21 jusqu’à demain jeudi 22 juillet, ce qui risque de paralyser le fonctionnement des hôpitaux. Qu’est-ce qui explique ce radicalisme ?
Ce sont de vieux accords qui tardent à se matérialiser qui en sont la cause. Cela signifie que le gouvernement s’était engagé au mois de juillet 2009 par Mr. Habib Sy alors ministre du travail. Avant de quitter ce département, ce dernier avait laissé des consignes à son successeur Zaccaria Diaw pour que les questions du statut du personnel et celle du Bac pour entrer à l’Endss soient traitées en procédure d’urgence. Et nous sommes au mois de juillet 2010, il n’y a que le second point qui a été traité. Quant à la problématique du statut du personnel des Eps, depuis plus de 11 ans et jusqu’à présent, on court derrière sans solution. C’est pour cela qu’un plan d’actions a été élaboré et nous en sommes au 4ème jalon. Le 7 juillet une marche nationale a été organisée, le 14 juillet un sit-in et aujourd’hui nous lançons une grève générale de 48 heures.
Est-ce que vous avez mesuré les risques de cette grève générale sur le plan de la santé des populations en ces périodes de maladies hivernales, d’inondations et de l’inaccessibilité des populations aux soins ?
Nous avons étudié le moment mais ce sont nos adversaires qui nous ont poussés. Nous nous sommes rendu compte qu’il y a de leur part un manque de volonté notoire. Parce qu’ils ont eu suffisamment de temps pour appliquer les accords. La responsabilité des conséquences qui découleront de cette grève c’est à eux qu’il faut l’amputer parce qu’ils ont signé et ne peuvent pas le respecter. Devant cet état de fait, en tant qu’organisation syndicale, nous sommes confortés par les conventions internationales à savoir la liberté d’association, le droit à la négociation et la liberté d’aller en grève. Au plan de droit, nous nous sommes conformés à la procédure.
La médiation du Conseil économique et social a-t-elle échouée ?
Le conseil est effectivement une institution de médiation. Ils nous ont écoutés et aujourd’hui ils ont une autre approche du problème. Les conseillers avaient promis d’être notre interlocuteur auprès du président de la République. Toutefois, ils nous avaient demandé de surseoir la grève générale mais on leur avait dit que le délai était trop court parce qu’on ne pouvait pas convoquer l’instance habilitée à prendre cette décision.
Vous n’avez pas rencontré d’autres autorités ?
Nous avons rencontré le ministre de la Santé et de la Prévention Modou Diagne Fada qui nous a fait le bilan sectoriel de ce qui est en train de se faire. C’est-à-dire l’érection des centres de santé et il a nous montré le numéro du décret à paraître pour ériger certains centres de santé en hôpitaux de niveau I. Mais les accords ne sont pas uniquement cela. Ils portent principalement sur le statut du personnel des Eps et leur recrutement.
Quelle est la situation générale en ce qui concerne le déficit de personnel dans les structures de santé du pays ?
Le déficit est criard. Le gap est important d’autant plus qu’avec la vague de départ à la retraite de cette année, le trou va augmenter. Actuellement plus de 100 postes de santé sont fermés pour manque d’agents. A côté de cela la question se pose avec acuité pour doter en personnel les nouveaux hôpitaux Dalal Diam de Golf et ceux de Fatick, Ziguinchor et Matam en construction. C’est pourquoi dans notre lutte nous nous préoccupons vivement de quelques 433 postes de santé gérés par un personnel contractuel qui émarge à la direction des ressources humaines. Et ce personnel accumule à ce jour trois mois d’arriérés de salaire. Pourtant ce sont des gens qui ont accepté d’aller dans des zones en difficultés.
Quelle appréciation de la Convergence notamment sur les questions d’actualité comme l’affaire Hoggy et la grève des internes ?
En ce qui concerne les internes notre position est sans équivoque. On doit définir un statut clair de l’interne en tant qu’étudiant en formation qui relève du ministère de l’Enseignement supérieur et qui doit disposer d’une allocation scolaire. Une fois son examen d’internat réussi, on doit définir dans quelle condition il doit être pris en charge dans les structures sanitaires. En résumé, soit par leurs statuts, ils sont fonctionnaires ou étudiants. Mais pas un statut intermédiaire ou hybride. ET nous sommes pour la redéfinition du statut hybride. Nous sommes en phase avec les internes sur cette revendication.
En ce qui concerne la situation de l’hôpital de Grand Yoff, nous condamnons la séquestration du directeur de l’hôpital parce que ce sont des actes de violence. Car, nous sommes opposés à la violence et pour notre grève on a prôné qu’il n’y ait pas violence. Personne ne doit se faire justice soit même. D’autant que la question du remplacement du Directeur relève du pouvoir du ministère de la santé et du chef de l’Etat. Sur la question du licenciement d’un agent de cette structure, j’attends d’en savoir d’avantage
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