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Guerre au Mali : « Sarkozy et Bernard-Henri Lévy doivent être jugés par la CPI ! » selon Didier Awadi

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Le rappeur sénégalais Didier Awadi est de retour sur scène avec un nouvel album très engagé, « Ma Révolution ». Cet opus aux sonorités très diverses traduit l’engagement de l’artiste qui n’a pas sa langue dans la poche pour le développement de l’Afrique. Awadi, qui s’est inspiré de ses différents voyages dans le monde pour créer ce qu’il appelle « ma révolution musicale », se révolte contre tous ceux qui empêchent le continent de se redresser. L’artiste critique notamment l’ex-président français Nicolas Sarkozy et le philosophe Bernard-Henri Lévy pour leur engagement dans le conlit libyen, qui a provoqué la crise malienne.

Pourquoi avez-vous intitulé cet album « Ma Révolution » ?
Didier Awadi : Je l’ai appelé ainsi car je me suis inspiré de tout ce qui se passait en Afrique. Il y avait une ère de révolution un peu partout dans le monde, notamment dans les pays arabes. J’ai estimé qu’il était important d’aborder la question.

Vous avez voyagé à travers de multiples pays avant de vous mettre à composer cet album. Pouvez-vous nous raconter dans quelles conditions vous l’avez préparé ?
Didier Awadi : Chaque fois que je vais dans un pays je m’inspire de la contestation des citoyens activistes. J’ai rencontré les révolutionnaires tunisiens, activistes burkinabè, sénégalais. Il y a tellement de choses qui se sont passés cette année dans le monde, en Libye, Egypte. Tout m’inspire dans un pays, l’ambiance, les gens, la culture. J’aime bien aussi découvrir les cultures des autres, cela m’apporte beaucoup. Dans l’album, je fais aussi référence aux pères des indépendances africaines tels que Kwame Nkrumah, Thomas Sankara et d’autres. Je les nomme car ils m’ont beaucoup inspirés. Je voulais leur rendre hommage. En tant qu’artiste, nous avons le devoir de continuer leur travail car ils ont beaucoup apporté au continent.

Vous explorez différents styles musicaux, notamment du reggae. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce renouveau musical ?
Didier Awadi : J’ai voulu en effet explorer plein de styles de musique. Il y a notamment beaucoup de reggae dans l’album. J’ai toujours voulu faire du reggae mais étant un rappeur, je n’avais pas la voix pour cela. Je me suis finalement lancé en essayant de trouver le bon mariage entre rap et reggae sans les dénaturer. J’ai d’ailleurs collaboré avec des chanteurs tels que Wyclef Jean des Fugees, avec qui je partage les mêmes idées. On se bat pour que nos pays vivent dans de meilleures conditions. Lui est haïtien et vit aux Etats-Unis, moi étant originaire du Sénégal. J’ai aussi eu la chance de travailler avec Tyrone Downie qui était le clavier de Bob Marley, qui m’a aidé à travailler le concept. Il y aussi des sonorités nigérianes, ou encore des thèmes sur l’amour. Une première dans un de mes albums. C’est aussi une révolution musicale pour moi. J’ai vu beaucoup de choses à travers mes différents voyages avant la composition de l’album. Ces voyages ont enrichi mon travail.

Vous dénoncez aussi dans cet opus la mauvaise gouvernance en Afrique, la corruption, les conflits qui se poursuivent notamment en République démocratique du Congo (RDC), sous le silence de la communauté internationale. Est-ce le rôle d’un artiste d’aborder ces sujets politiques ?
Didier Awadi : Un artiste a le devoir d’utiliser sa parole à bon escient. J’ai eu la chance d’avoir beaucoup voyagé de découvrir d’autres pays, de voir comment les choses se déroulent ailleurs. Pour moi il est très important de dénoncer les inégalités et injustices. C’est une façon d’apporter une prise de conscience pour que les gens soient informés de ce qui se passe dans certains pays car ils sont parfois en effet très mal informés. Ma musique est aussi une autre approche de la réflexion sur beaucoup de sujets car on a souvent que le point de vue des occidentaux, jamais celui des Africains. C’est aussi une façon pour moi à travers ma musique de changer cette donne.

Quel regard portez-vous sur le conflit au Mali ? Que pensez-vous de l’intervention militaire de la France ?
Didier Awadi : Il fallait une intervention militaire rapide. Il n’y avait pas d’autres choix. On doit mettre la France et l’Otan face à leurs responsabilités car c’est eux qui ont créé le chaos en Libye, qui a provoqué la crise malienne. N’oublions pas qu’après l’effondrement du régime de Kadhafi beaucoup d’armes étaient en libre circulation. Ils ont été récupérés par les différents groupes armées qui contrôlent actuellement le nord-Mali. La crise malienne résulte donc des conséquences directe du conflit libyen. C’est pour cela que Sarkozy et Bernard-Henri Lévy, qui étaient en première ligne durant la guerre en Libye, doivent être jugés par la Cour Pénale internationale pour leur responsabilité dans la crise malienne. Tous deux sont responsables de la crise au Mali, ils doivent donc en payer le prix ! La communauté internationale est d’une grande hypocrisie ! En réalité, ce sont trois pays qui la composent : la France, les Etats-Unis la grande Bretagne. Ils donnent leur bénédiction ou non selon leurs intérêts. De toute façon, la communauté internationale n’a jamais servi les intérêts des populations africaines qui souffrent. Mais les Africains doivent aussi faire face à leur responsabilité. On n’a pas d’armée forte pour se défendre. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) devrait être aussi être plus solidaire du mali. On a tous un devoir de solidarité envers le Mali.

Vous êtes aussi très engagé pour la paix en Casamance, dans le sud du Sénégal. Vous y avez même consacré un titre dans cet album. Pourquoi êtes-vous si impliqué sur cette question ?
Didier Awadi : Le conflit en Casamance dure depuis trop longtemps. Trente ans de conflit c’est trop. Tous les citoyens sénégalais souffrent de ce conflit. D’ailleurs, je vais effectuer une tournée dans les régions du sud du Sénégal tels que Kolda, Oussouye, Ziguinchor, Bignona, et Sédhiou pour divulguer ce message. Nous allons notamment essayer de sensibiliser les jeunes sur la question.

La majorité de la population sénégalaise ne mange pas à sa faim. Que pensez-vous de la politique actuelle de votre pays ?
Didier Awadi : Il y a un nouveau gouvernement qui s’est installé. On le regarde faire en espérant qu’il trouvera rapidement des solutions. Mais s’il n’y arrive pas, on sera les premiers à le dire haut et fort.

Afrik.com :

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