Les travailleurs du nettoiement, principales victimes de l’instabilité institutionnelle de leur secteur, sont déterminés à faire face à la volonté du ministre de l’Environnement de ressusciter l’Agence pour la propreté du Sénégal (Aprosen).
Par Birame FAYE
ImageLes travailleurs du nettoiement, principales victimes de l’instabilité institutionnelle de leur secteur, sont déterminés à faire face à la volonté du ministre de l’Environnement de ressusciter l’Agence pour la propreté du Sénégal (Aprosen). Ils l’ont exprimé hier, en masse, au cours d’une Assemblée générale ordinaire convoquée par le Font unitaire des syndicats du nettoiement.
Parmi les recommandations du comité paritaire mis en place par le Pm et qui doit élaborer une convention collective et un statut juridique pour ces travailleurs, figure le transfert définitif de la gestion des déchets solides à l’Entente Cadak-Car. Mais force est de constater que le ministère veut passer outre «pour des raisons politiciennes».
«Djibo Kâ dit que l’Aprosen est son bras armé. Et qu’il va lui donner un statut juridique spécial», relève Madani Sy, avant d’en déduire qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une manœuvre politicienne. La preuve, lorsque Pape Diop était à la tête de la marie de Dakar, constate-t-il, cette guéguerre politicienne n’a jamais eu lieu, malgré les difficultés de l’époque. «Aucun ministre n’osait agiter cette question.»
Ces syndicalistes comprennent maintenant pourquoi le décret relatif au transfert de la gestion des ordures au niveau de Dakar à l’Entente Cadak-Car tarde à être publié. «On a écrit aux autorités depuis 03 mois pour que le décret soit publié. Tant qu’il n’est pas sorti, il nous sera difficile de bénéficier de nos cotisations sociales et des facilités de la banque», prévient M. Sy.
Par ailleurs, les causes de la volonté de centraliser pour une première fois la gestion des ordures sont lisibles dans le caractère juteux du secteur. En effet, le budget de 10 milliards alloué à la collecte des ordures aiguise les appétits du ministre de l’Environnement, notent les responsables syndicaux. Et Madani Sy de lever un coin du voile sur le partage de cette manne financière : «2,512 milliards reviennent à Veolia pour la propreté de deux communes d’arrondissement uniquement, les concessionnaires privés se partagent 5,1 milliards. 1,8 milliard de Tva et 1, 5 milliard de francs constituent la masse salariale annuelle.» Ces agents, poursuit-il, assurent encore une phase transitoire, depuis le départ d’Ama, qui risque de perdurer, si l’Aprosen revoit le jour.
Les travailleurs du nettoiement projettent de marcher le 18 mai. C’est la première étape d’un plan d’action, selon leur coordonnateur Madani Sy, qui mènera à une grève. Galvanisé par la présence de Mamadou Diouf et Ibrahima Sarr, respectivement leader de la Csa et de la Cdsl et d’un représentant de Mademba Sock de l’Unsas, les agents du nettoiement comptent manifester «contre la politisation (de leur) secteur». «C’est le moment ou jamais de se battre», leur a lancé M. Sarr. A la suite de cette marche, ils vont déposer un préavis de grève.
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