Jeune dans sa majorité, la population sénégalaise n’est pas privée pour autant du bonheur d’avoir et de connaître des vielles personnes dans chaque famille, de « s’amuser » avec elles, de bénéficier de leur sagesse, de faire appel à leur arbitrage quand la raison s’absente et que la colère gronde.
Dans chaque foyer de Dakar à Fongolembi, on a des vieux. Ils ne sont pas à l’hospice, ni dans une quelconque maison de repos comme c’est de coutume ailleurs. Ils vivent avec nous et participent à la gestion de la cité dont ils constituent la mémoire ou devraient constituer la mémoire, s’il leur reste de la mémoire.
On doit cependant s’évertuer à leur offrir un repos mérité. A les dispenser de tout effort qui pourrait affecter leur santé. L’abstention volontaire d’assistance à leur égard, accélère le plus souvent la détérioration de certaines de leurs facultés, contribue à l’exagération des processus normaux de la perte de leur souplesse d’adaptation. Entraîne le « rabâchage » et l’incontinence émotionnelle chez eux. Toute chose à laquelle on a assisté, impuissant mardi 5 octobre dernier en suivant quasiment de force plus de dix heures durant, avec le direct de la Rts, le séminaire gouvernemental ou plutôt de la mouvance présidentielle. Un séminaire aux frais du contribuable sénégalais et à la veille de l’ouverture des classes pour ses enfants.
Une rencontre qui se révèle n’être qu’un simple avatar de l’orgueil d’un homme, affecté par « l’insolent » crime de lèse-majesté d’une plèbe débridée qui confond liberté et licence et qui a osé conséquemment le 23 juin dernier, discuter ses visions et douter de ses réalisations qui placent aujourd’hui le Sénégal sur la rampe de « l’émergence ». Un homme convaincu de pouvoir soulever des montagnes, parce que pressé par le temps, handicapé par son âge et qui croit dur comme fer qu’il lui suffit de dire pour que cela soit. A l’image de Dieu le Tout Puissant, le Père du Fils, maître du Ciel et de la terre quoi ! Il ne comprend pas comment pouvait-on dire non un seul instant à un quelconque de ses projets ? De lui porter ombrage ou de nourrir quelques velléités que ce soient à son encontre? Ne disait-il pas que l’on ne marchait pas contre un gouvernement dans lequel il siégeait ?
Aujourd’hui, son opposition et « une société civile déguisée, politiciens encagoulés parlent de chose qu’elles ignorent totalement ».
Le séminaire gouvernemental s’est voulu rassurant, et « louangeur » pour le candidat déclaré et autoproclamé des « Forces alliées 2012 » (Fal 2012), quitte à lui passer toutes les…digressions… et même rire… jaune. Tout le monde était présent et a applaudi. De peur de se marginaliser ou de se singulariser dangereusement en cette période où l’on se compte, les collaborateurs ont rivalisé dans le dithyrambe, même l’Argentier si sobre d’habitude en vaines flagorneries s’est laissé aller. La messe libérale du mercredi dernier semble relever néanmoins d’une volonté « morbide » de créer un « esprit de corps » pour l’ultime confrontation. Un mirage de l’équipe soudée n’empêchera pas cependant les Sénégalais de questionner la gouvernance libérale. De ne point se contenter des dits à la place des ressentis.
Opération certainement de communication à quelques mois d’une présidentielle qui part pour être l’une des plus ouvertes, le séminaire dit gouvernemental d’avant-hier aura ennuyé plus d’un, lassé les plus placides, inquiété les plus optimistes. Les interminables parenthèses du président de la République ont indisposé l’assistance pourtant acquise à sa cause. Il est même arrivé d’entendre les mouches volées ; celles-là ne n’étaient point du domicile de son ami endeuillé, ni du Cices, mais s’étaient invitées sans être badgées et toutes heureuses d’être parties prenantes de ce séminaire-bilan très réchauffé. Elles ont la chance de ne pas être en Chine…communiste.
Heureusement que le Sénégal ne dispose pas de l’arme nucléaire, autrement il y aurait beaucoup à craindre pour la paix et la stabilité sous-régionale, continentale, voire mondiale. Il est aussi heureux que l’ex-Urss ne soit ressuscitée par un président Wade dopé par son public, à la suite de la Tchécoslovaquie dont le chef d’Etat,-un Etat qui n’existe plus depuis 1992,- si l’on en croit le président Wade, s’apprête à nous visiter avec dans ses bagages des tramways ! Faut-il sauver le soldat Wade pour épargner le Sénégal ? La vieillesse entraîne très souvent des actes et des dits invalidants dont l’incidence croît avec l’âge. Le grand âge dont l’autre disait qu’il était un naufrage. Donc, on le voit bien, les facteurs invalidants n’ont pas à voir uniquement à la constitutionnalité ou non de la candidature.