La ministre de l’Intérieur bissau guinéenne Adja Satù Camara Pinto a finalement décidé de quitter le gouvernement, après deux mois de bras de fer avec le PM Carlos Gomes Junior a-t-on appris ce mardi par une source de son cabinet.
Sous le coup d’une suspension depuis septembre dernier, Adja Satu Camara Pinto a finalement pris la décision de partir d’elle-même.
Dans une letre en date du 17 décembre, adressée au PM Carlos Gomes Junior, elle écrit ceci: « J’ai pris la décision de quitter mon poste de ministre de l’Intérieur à compter de ce jour 17 décembre. Je me mets au service de mon parti et de mon pays» peut ton lire dans la lettre. La ministre déclare n’avoir commis aucun péché sinon appliquer les prérrogatives que lui donnent la loi fondamentale et le réglement intérieur du ministère qu’elle dirigeait. Pour cela, elle part la conscience tranquille, même si elle se dit un peut déçue par la morosité avec laquelle sa situation a été traité par la présidence. Il faut rappeler que la dame est très proche du président Malam Bacai Sanha. Elle est également une «vétéranne» de la guerre d’indépendance.
Le pêché de Adja Satù (comme on l’appelle à Bissau) est d’avoir promu trois officiers supérieurs de son département, alors qu’un arrêté du Premier ministre daté du 14 juillet 2009 interdisait «jusqu’à nouvel ordre», toute nomination ou promotion d’officiers des forces de défense et de sécurité. L’argument du premier ministre Carlos Gomes Junior était que cela pouvait entraver le processus de réforme en cours dans les forces de défense et de sécurité. En proposant la nomination du CEMGA, le général Antonio Indja, la nomination de l’amiral Bubo Na Tchute au poste de CEM de la Marine, le Premier ministre Carlos Gomes Junior a peut être oublier que les nominations ou promotions d’officiers étaient interdites jusqu’à nouvel ordre. Ou l’a-t-il fait sous la pression des militaires ? Si on s’en tient à l’article 41 du statut du Ministère de l’intérieur, la ministre peut nommer ou promouvoir des officiers de son département sans demander l’appréciation du conseil des ministres, encore moins l’avis du Premier ministre. Mais pour la nomination du commissaire principal de Bissau elle doit forcément avoir l’opinion du Premier ministre et du président de la République (ART 49 du statut du ministère de l’intérieur).
Le départ de Adja Satu est la preuve que la guerre de tranchée se poursuit entre le camps du Premier ministre et celui du Président Bacai Sanha. De source bien informée, le PM a proposé deux noms pour remplacer la ministre démissionnaire. Il s’agit de Botché Candé actuel ministre du commerce et Oscar Barbosa «cancan» tous deux très proches du PM. Mais le Président n’a pas répondu. Le Camp présidentiel semble avoir déjà porté son choix sur un des conseillers chargé des questions de sécurité du Président Baca. Il s’agit de Dinis Kablo. Attendons le retour de Conakry du Président Bacai pour tout savoir. Adja Satù s’est vue proposée un poste dans l’atourage du Président.
