Me Abdù Mané le nouveau Procureur Général a été investi, lors d’une cérémonie sobre, au Palais de la République, quatre jours seulement après sa nomination par le Président Manuel Serifo Nhamadjo. «Je ferai tout ce qui est dans la mesure de mes capacités pour remplir rigoureusement mes nouvelles fonctions, conduire à bon port le navire justice » a-t-il promis. Me Mané reste cependant conscient que la tâche est énorme et certains dossiers qui l’attendent, assez complexes. « Avec la collaboration de tous, il est possible de mettre un terme à l’impunité, car l’impunité traduit l’injustice » a-t-il souligné.
S’adressant au Nouveau patron du Ministère public, le chef de l’Etat de transition, a déclaré « Vous allez affronter beaucoup de défis en un moment très critique. Relever ces défis requiert beaucoup de courage, car la résolution de certains problèmes exigent beaucoup de moyens et le pays n’en a pas ».
Le message n’est pas tombé dans les oreilles d’un sourd, car Me Mané n’a évolué que dans l’arène de la justice et sait que le chemin est plein d’embuches.
A propos des nombreux assassinats politiques dont certains dossiers d’investigations sont déjà prêts, y aura-t-il un cadre pour juger, dans un pays où les juridictions fonctionnent à deux vitesses. L’ex-procureur dit avoir conclus les enquêtes concernant l’assassinat de l’ex chef d’Etat major Batista Tagmé Na Waie. D’ailleurs le dossier a été remis au ministère de la justice, mais les juges manquent de courage pour trancher. Il en ait de même pour celui concernant l’ancien Président Joao Bernardo Vieira dit Nino, les fonds prévus pour conclure le travail, ont été détournés et les investigations n’ont pas été terminées. Aujourd’hui, l’affaire semble n’intéresser personne pour tirer la situation au clair. Car le principal témoin, son épouse n’a jamais été entendue par la justice bissau guinéenne. Et les autorités n’ont pas non plus songé mettre à la disposition d’un juge d’instruction, les moyens nécessaires pour faire le déplacement soit à Dakar ou Bruxelles pour l’entendre. Et pourtant, l’ancien procureur Amine Michel Saad disait qu’il existe suffisamment de preuves matérielles (vidéo, déclaration des auteurs présumés…) pour que justice soit faite. On peut continuer la liste en citant des cas comme ceux de l’ex ministre de la Défense Helder Proença, de Baciro Dabo, de l’ex chef d’Etat major de la marine, le commodore Lamine Sanha, j’en passe. Alors où coincent les dossiers ? Il est vrai que pour certains cas, les témoins ou auteurs présumés ont tous été assassinés. Voilà une situation que vient d’hériter Me Abdù Mané, lui-même cité dans le dossier de l’assassinat du Président Nino. Il n y a qu’à lui souhaiter bon courage. Le temps jugera ensuite.