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Guinée : ce qu’il faut savoir sur le virus Ebola

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La flambée de fièvre hémorragique qui a fait une soixantaine de morts en Guinée est-elle due au virus Ebola ? Doit-on craindre une épidémie dans le pays ? Les organisations internationales peuvent-elles endiguer la maladie ? Explications.

-Quelle est l’ampleur du virus Ebola en Guinée ?

Selon les organisations internationales et le ministère guinéen de la Santé, au moins 61 personnes, dont trois enfants, auraient péri des suites d’une fièvre hémorragique sur les 87 personnes qui auraient contracté la maladie. Pour l’heure, ces cas ont été principalement recensés dès le mois de janvier à Macenta, Guéckédou et Kissidougou, villes de la région forestière (sud de la Guinée), ainsi qu’à Conakry, la capitale qui compte 1,5 million d’habitants.

Des examens réalisés à l’Institut Pasteur de Lyon, en France, ont permis d’établir que l’épidémie sévissant dans cette région était pour partie due à la fièvre Ebola. « Dans la journée de [vendredi], nous avons eu les premiers résultats venus de Lyon qui nous ont annoncé la présence du virus de la fièvre Ebola comme étant à l’origine de cette flambée de fièvre en Guinée forestière principalement », a rapporté, samedi 22 mars, le docteur Sakoba Kéita, du ministère guinéen de la Santé.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), sur 12 échantillons prélevés sur des malades, six sont positifs aux filovirus – agents infectieux responsables de fièvres hémorragiques – dont trois au virus Ebola de type Zaïre.

-Faut-il craindre une propagation du virus dans le pays ?

Dans un communiqué paru samedi, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) indiquait que l’épidémie de fièvre avait atteint la capitale. Mais les premiers résultats d’analyses effectuées dans la nuit de dimanche à lundi à l’Institut Pasteur de Dakar ont démontré que les trois cas de fièvre hémorragique ayant provoqué la mort de deux personnes à Conakry n’étaient pas dus au virus Ebola.

Les autorités guinéennes demeurent toutefois vigilantes. « On peut craindre que le virus ne soit transporté jusqu’à Conakry car les mouvements de personnes en provenance du Sud sont fréquents », rapporte Mouctar Bah, correspondant de FRANCE 24 en Guinée.

Les craintes d’une propagation sont d’autant plus fortes que, sur place, les équipes médicales peinent à circonscrire la maladie. « Nous sommes débordés sur le terrain, nous luttons contre cette épidémie avec les moyens du bord, avec le concours des partenaires [OMS, MSF, Unicef, etc.], c’est difficile, mais nous y parviendrons », a expliqué Sakoba Kéita.

La Guinée forestière est une région frontalière avec la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone. Pour l’instant, les frontières restent ouvertes, et les aéroports, dont celui de Conakry, fonctionnent normalement.

-Comment endiguer l’épidémie ?

Il n’existe aujourd’hui aucun traitement ni vaccin spécifique contre cette maladie dont le taux de létalité reste très élevé. Considéré comme l’un des virus les plus pathogènes pour l’homme, Ebola provoque de fortes hémorragies, mortelles dans 50 à 90 % des cas. Il se transmet d’homme à homme par les fluides biologiques, tels que le sang, le sperme, les selles, la sueur ou la salive. « Le simple contact avec des muqueuses ou des lésions de la peau suffit à transmettre l’infection, rappelle à FRANCE 24 Sylvain Baize, de l’Institut Pasteur de Lyon. Il faut donc isoler les malades et faire en sorte que les agents de santé soient protégés. Le seul moyen de lutter contre la fièvre Ebola est l’arrêt des contacts car il n’existe pas de vaccin. »

L’Unicef a indiqué avoir envoyé cinq tonnes de médicaments et d’équipements médicaux en Guinée forestière pour traiter les personnes infectées, ainsi que pour protéger le personnel soignant particulièrement exposé. Les instituts Pasteur de Dakar et de Lyon doivent dépêcher des équipes à l’hôpital de Donka, à Conakry, afin de renforcer les capacités de son laboratoire de fièvre hémorragique.

« LE SEUL MOYEN DE LUTTER CONTRE EBOLA EST L’ARRÊT DES CONTACTS »

Sur le terrain, l’OMS, l’Unicef et Médecins sans frontières (MSF) dispensent des traitements gratuits à tous les malades présents dans les centres d’isolement, et tentent de recenser toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades décédés et celles présentant les signes d’une infection à Ebola.

Mais détecter un cas de virus demeure difficile. « Les symptômes sont un peu insidieux, car la première phase de la maladie apparaît avec des signes peu spécifiques de type pseudo-grippaux comme la fièvre, les douleurs musculaires, la diarrhée et les vomissements. Ce n’est que dans un second temps que les signes hémorragiques se manifestent », précise Sylvain Baize.

-Où se trouvent les autres foyers du virus Ebola ?

Le virus d’Ebola a été identifié pour la première fois en 1976 après la survenue d’épidémies importantes au Soudan et dans le nord du Zaïre (l’actuelle République démocratique du Congo). Parmi les cinq souches différentes du virus identifiées par la communauté scientifiques, trois sont africaines (Gabon, Soudan et République démocratique du Congo). Plusieurs singes infectés par Ebola ont été détectés aux États-Unis et aux Philippines, mais aucun cas de transmission à l’homme n’a été avéré.

Ebola demeure pour l’essentiel une infection africaine. L’OMS a recensé plus de 20 épisodes épidémiques sur le continent depuis l’apparition du virus, dont sept ont provoqué la mort de plus de 180 personnes.

Les épidémies les plus récentes ont été recensées pour la plupart en Ouganda. En juillet 2012, une vague de fièvre hémorragique due au virus mortel avait fait une quinzaine de morts dans l’ouest du pays ainsi que la capitale, Kampala. Fin 2007, toujours dans l’ouest du pays, une épidémie avait fait 37 morts sur 148 personnes infectées.

france24

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