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Hausse du prix des denrées: calamité ou bénédiction?

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La hausse des prix des aliments depuis 2008 a eu des effets bénéfiques pour le tiers-monde, affirment des chercheurs dans une nouvelle étude. Selon eux, les études qui indiquent que la faim dans le monde a augmenté pour cette raison sont mal conçues et promues dans le but d’appuyer les collectes de fonds des organismes qui s’occupent de la question.

Ces conclusions, publiées dans la revue Science par deux économistes de l’Université de Louvain en Belgique, provoquent une levée de boucliers. «C’est extrêmement vulgaire et exagéré», affirme Kostas Stamoulis, directeur de la division de l’économie du développement agricole à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), joint à Rome. «Je connais l’un des deux auteurs, j’ai discuté de cette question avec lui dans une conférence il y a un an et demi. Il est vrai qu’en Asie, les fermiers qui ont accès au crédit et à des ressources gouvernementales ont très bien répondu à la hausse des prix. Mais en Afrique, et ailleurs dans des pays pauvres, il y a eu des émeutes à cause des la cherté des aliments.»

Trois organismes ciblés

Les données sur le terrain contredisent cette analyse, estime Pasquamaria Squicciarini, coauteure de l’étude de Science, jointe à l’Université de Californie, à Los Angeles, où elle travaille aussi. «Les études qui ont conclu que le nombre de gens souffrant de manque de nourriture a augmenté s’appuient généralement sur des simulations. De plus, elles excluent souvent des pays comme la Chine et le Brésil. D’autres études basées sur des sondages concluent plutôt que la croissance économique est beaucoup plus importante que le prix des aliments sur cette question, et que de toute façon, la hausse des prix a plutôt profité aux pays pauvres.»

L’étude de Mme Squicciarini cible trois organismes, la FAO, Oxfam et la Banque mondiale, qui selon elle ont longtemps décrié le faible prix des aliments. «Quand les prix étaient bas, on disait que c’était injuste, que les pays riches mangent à rabais. Maintenant qu’ils sont élevés, on dit que les pays riches doivent aider les pays pauvres. Il faudrait se brancher: le tiers-monde a-t-il besoin de prix bas ou élevés? Je pense que les chercheurs de ces organismes savent que le portrait est nuancé, mais les communiqués de presse ne présentent qu’un seul côté de la médaille, probablement pour faciliter les campagnes de financement.»

Gagnants et perdants

Oxfam, dont deux communiqués de presse de 2005 et 2011 sont cités par l’étude, se défend d’avoir simplifié la réalité. «Les communiqués de presse sont là pour inciter les gens à lire nos études, qui ont toujours montré que certains gagnent et d’autres perdent avec la hausse des prix des aliments», explique Mark Fried, coordonnateur à Oxfam Canada. «Nous sommes d’accord qu’il faut que les pays riches éliminent leurs subventions et que les prix des aliments grimpent, mais ça doit être graduel. Dans ce cas-ci, la hausse est trop rapide et les pays pauvres ne peuvent pas s’adapter pour en profiter.»

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