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Hervé Renard parle: j’aimerais entraîner le Sénégal, un jour. Je pense qu’un jour je serai entraîneur de cette équipe

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Quatre jours après avoir conquis la Coupe d’Afrique des nations avec son équipe, la Zambie, le sélectionneur français Hervé Renard était l’invité de Radio Foot Internationale, sur l’antenne de RFI, ce jeudi 16 février 2012. Il en a profité pour évoquer ses méthodes de travail, ainsi que son avenir. Que ce soit en Afrique, en Europe ou dans les pays du Golfe, son avenir personnel s’annonce plutôt radieux, avec toujours le même principe : prendre du plaisir.

 Le sélectionneur de la Zambie, Hervé Renard, porté en triomphe par ses joueurs après la victoire contre la Côte d'Ivoire en finale de la CAN, le 12 février 2012.

RFI : Vous avez dit à la fin de la finale que vous ne réalisiez pas. Est-ce qu’aujourd’hui vous réalisez ?

Hervé Renard : Un petit peu plus mais je pense qu’on réalisera l’ampleur de l’exploit au fil des années et dans les années à venir. C’est la première fois que la Zambie inscrit son nom au palmarès de la Coupe d’Afrique, ça au moins personne ne nous l’enlèvera. C’est une ligne qui restera à jamais, c’est ça le plus important.

RFI : Comment est votre vie au lendemain de ce titre ? Est-ce qu’on vous sollicite beaucoup ?

Hervé Renard : Oui, je suis très sollicité mais je ne change rien, parce que le football peut aller très vite. J’ai connu des moments pas faciles, dus au fait que je sois parti du plus bas. Il faut franchir les étages pas à pas, ce n’est pas parce qu’on arrive en haut qu’il faut se prendre pour quelqu’un d’autre. La réussite d’un tournoi c’est la réussite d’un groupe. J’ai encore tellement de choses à faire dans le football, tellement de plaisir à prendre… Nous ne sommes que des footballeurs, rien d’autre.

RFI : Quels moyens vous êtes vous donnés pour y croire pendant le tournoi ? C’était un travail psychologique ?

Hervé Renard : Oui, c’était un gros travail de persuasion. Moi j’y croyais, les joueurs y croyaient, mais il faut leur faire prendre conscience que l’objectif est élevé et qu’il faut pour cela une détermination sans faille. Il ne faut avoir peur de personne. Il faut se concentrer sur soi-même, faire abstraction de tout ce qu’il y a autour. Donc on ne vit pas avec les supporters, on ne vit pas avec les dirigeants, qui peuvent être nombreux, surtout en Afrique. Il faut faire comme si la Coupe d’Afrique n’existait que le jour des matches. On a bien réussi ça. Les joueurs ont été exemplaires.

RFI : On vous a beaucoup vu vous agiter sur le bord du terrain, vous expliquiez que vous aviez l’impression que vos joueurs décrochaient.

Hervé Renard : Je les connais bien. Le défaut d’un Zambien, c’est de se laisser aller, de vivre tranquillement, de prendre la vie comme elle vient. C’est une belle philosophie mais parfois sur un terrain de football ça peut être pénalisant. Il faut être derrière eux, j’ai ma façon de le faire. Si elle ne fonctionnait pas, bien sur, je n’emploierais pas celle-ci. Mais ça fait plus de deux ans que je les cotoie, je savais ce qu’il fallait faire pour les pousser au maximum.

RFI : Il y a eu un échange très « cordial » avec l’Ivoirien Sol Bamba juste après une séance de tirs au but très tendue. Qu’avez-vous pu vous raconter ?

Hervé Renard : Il n’y a pas eu de « mots ». Je n’ai pas parlé aux Ivoiriens pendant la rencontre, j’ai parlé à l’arbitre, que j’ai trouvé très influençable dans son attitude avec Didier Drogba. Je pense ne pas être le seul à l’avoir vu. Respecter Drogba pour sa valeur et sa carrière, c’est normal, c’est un joueur extraordinaire. Mais quand on arbitre une rencontre, il n’y a pas de favoritisme à faire. Je n’aime pas l’injustice. Qu’on soit grand ou petit, il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde. Donc je sors parfois mes griffes (rires). C’est ma façon d’être, j’ai un caractère assez prononcé.

RFI : Beaucoup d’internautes sénégalais, sur Facebook, nous ont supplié de vous demander si cela vous intéresserait d’entraîner les Lions de la Téranga.

Hervé Renard : Bien sûr que j’aimerais entraîner le Sénégal, un jour. Je pense qu’un jour je serai entraîneur de cette équipe. Maintenant, j’ai encore beaucoup de temps devant moi. Je ne sais pas si ça sera dans un futur proche, moyen ou plus lointain. Pour l’instant, je vais discuter en priorité avec les dirigeants zambiens, que je rencontrerai en fin de semaine prochaine. Je vais voir ce qu’on est capable de me proposer, surtout au niveau des objectifs sportifs. J’ai déjà reçu des offres mirobolantes d’Arabie Saoudite ou des Emirats mais ce n’est certainement pas vers là que j’irai parce que je pense que j’ai le temps. Ce n’est pas mon objectif de remplir mon compte en banque et de faire passer le sport en second.

RFI : Vous avez envie de rester sélectionneur d’une équipe africaine ?

Hervé Renard : C’est ce que j’aime. Même s’il y a plein d’autres choses passionnantes à faire dans le football. Etre entraineur en Angleterre, en France, en Allemagne, en Espagne, dans des grands championnats de cette facture, j’en rêve aussi. On rêve tous d’entendre la musique de la Champions League un jour, ou de faire une Coupe du Monde. Moi je rêvais aussi de gagner une Coupe d’Afrique. Je ne pensais pas que ça serait en 2012 mais j’étais persuadé que ça pouvait arriver un jour. C’est arrivé très tôt grâce à mes joueurs.

RFI : Qu’est-ce que vous aimeriez faire à moyen terme ou à long terme ? La Ligue 1, c’est pour quand ?

Hervé Renard : Ce n’est pas à moi qu’il faut demander ça. Je n’ai jamais reçu d’appel d’un club de Ligue 1, ni de Ligue 2 d’ailleurs. Je tiens à vous le dire. Je considère que pour l’instant on m’a toujours oublié, peut-être à juste titre. Dans le football, il faut prouver avant de demander quelque chose. Je n’avais pas les moyens de demander quoi que ce soit. Je faisais mon bonhomme de chemin. J’ai toujours été un gros travailleur, quelqu’un de droit. J’étais comme ça en tant que joueur, même si je n’ai pas fait une grande carrière, et il y aura toujours les mêmes remarques, où que j’aille. L’objectif est le même pour tout le monde. Si c’est une équipe nationale, c’est d’aller au Brésil en 2014. Si c’est un club, il faut savoir où est ce club, parce que quand on fait une Coupe d’Afrique, l’exposition est internationale, elle n’est pas seulement en France. J’attends, tranquillement.

RFI : Vous êtes en position de force pour négocier.

Hervé Renard : Je suis en position de force, mais tout n’est pas intéressant. Si c’est pour partir aux Emirats ou en Arabie Saoudite, ce n’est pas ce qui me passionne maintenant. Pourtant, on n’est pas loin des 100 000 dollars par mois…

RFI : Pensez-vous que votre méthode marcherait dans un collectif avec des egos un peu plus surdimensionnés ?

Hervé Renard : Oui, j’en suis persuadé. J’ai été premier adjoint de l’équipe du Ghana. Je ne pense pas qu’il y ait un Ghanéen qui puisse se plaindre d’un mauvais traitement ou d’un non-respect. J’ai même été entraîneur de Papiss Cissé en France, à Cherbourg…

RFI : Vous allez être attendu maintenant.

Hervé Renard : Oui mais il faut de la discipline tout en gardant la culture africaine. Je suis capable de m’adapter. Avec mes joueurs, c’est moi qui amène le « Bose » (une marque d’enceintes, ndlr) dans le vestiaire, c’est moi qui mets la musique parce que j’adore ça. Quand les joueurs partent à l’échauffement, moi je reste dans le vestiaire avec la musique à fond. S’il y a quelqu’un qui passe, il se dit « mais qu’est-ce qu’il fait celui là ? ». Je me concentre, je chante. Je ne suis pas un moine, j’adore la vie, sortir, prendre du plaisir. Il y a un adjectif : hédoniste. Je veux prendre le plus de plaisir possible dans tout ce que je fais. Si je ne prends pas de plaisir, je m’ennuie. Et je n’aime pas m’ennuyer.

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