La comparution devant la justice pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture de l’ancien Président du Tchad Hissène Habré, en exil au Sénégal depuis la perte du pouvoir en 1990, est apparemment entrée dans sa phase active. Hier, dimanche 30 juin, celui qui a régné sans partage sur le Tchad, pendant une huitaine d’années, a été interpellé par les services de sécurité, dans sa résidence située à Ouakam (Dakar).
L’ancien homme fort de Ndjaména a été placé en garde-à-vue, en attendant son audition par le Procureur général des chambres extraordinaires africaines. Lequel rencontre la presse dans l’après-midi de ce jour, lundi 01 juillet, pour informer sur le dossier en question.
Quelques 23 années par la justice après sa perte du pouvoir en 1990, l’ancien Président du Tchad Hissène Habré a été de nouveau rattrapé par la justice hier, dimanche 30 juin 2013. Le tout-puissant prédécesseur d’Idriss Déby, l’actuel chef de l’Etat tchadien, a été en effet interpellé à Dakar par les services de sécurité et placé en garde-à-vue, dans le cadre d’une enquête ouverte sous l’égide des chambres extraordinaires africaines, sorte de tribunal spécial destiné à le juger pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Vivant en exil au Sénégal depuis sa chute, après huit années de pouvoir pratiquement absolu, il a été cueilli tôt, dans sa résidence située à Ouakam (Dakar), avant d’être conduit dans les locaux de la Division des Investigations criminelles (Dic) et incarcéré, en attendant son audition par le procureur général des chambres africaines extraordinaires, créées spécialement au sein des juridictions sénégalaises en vue de la tenue de son procès.
Accusé par beaucoup d’ONG d’être le premier responsable de la mort de quelque 40.000 personnes durant sa présidence où le respect des droits aurait été bafoué au Tchad, Hissène Habré a été placé en garde à vue, dans la foulée des récentes visites du procureur spécial des chambres spéciales, Mbacké Fall, en Belgique et au Tchad pour préparer le dossier d’accusation contre sa personne.
UN TRIBUNAL SPECIAL POUR HABRE
Après des années de tribulations, la machine judiciaire s’emballe donc, encore une fois, contre l’homme fort du Tchad entre le 07 juin 1982 et le 1er décembre 1990.
Pour permettre le jugement de l’ancien chef d’Etat tchadien, objet d’un nébuleux blocage sous le régime libéral de Me Wade, le gouvernement de Macky Sall et l’Union africaine (Ua) ont dû signer un accord, en vue de la création, au Sénégal, d’un tribunal spécial. L’accord qui avait été approuvé, le 19 décembre 2012, par l’Assemblée nationale a permis au Sénégal mandaté en juillet 2006 par l’Union africaine pour faire juger Habré, de déclencher la procédure judiciaire.
Contrairement à l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade qui n’a jamais organisé de procès contre le tristement célèbre locataire de Ouakam, Macky Sall s’était engagé lui, à organiser un procès au Sénégal. Des chambres africaines extraordinaires (CAE) ont été alors créées au sein des juridictions sénégalaises pour juger Hissène Habré. La mise en place des ces chambres (deux pour l’instruction et l’accusation, une Cour d’assises et une Cour d’appel, formées de juges africains, dont des Sénégalais), a eu lieu à la suite de la résolution 401 adoptée le 31 janvier 2012 par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.
Une résolution qui demande au gouvernement du Sénégal d’examiner les modalités pratiques, ainsi que les implications juridiques et financières (7,4 millions d’euros dégagés dans un premier temps), pour juger les crimes présumés commis sur le territoire tchadien durant la présidence Habré. Ces diverses modalités réglées au cours des derniers mois, il ne restait plus qu’à passer à la phase active du jugement coïncidant dans un premier moment, à l’interpellation de l’ancien maître de Ndjamena.