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Histoire d’amour entre la France et l’Afrique : Quand Khadim Ndiaye commente la dernière sortie d’Emmanuel Macron

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J’ai lu un peu tardivement l’entretien d’Emmanuel Macron accordé au magazine Jeune Afrique. C’est à la fois inquiétant et très drôle.

Sur le sentiment anti-français noté en Afrique francophone, Macron accuse la Turquie et la Russie d’être derrière et infantilise de ce fait les Africains francophones qui, laissés à eux-mêmes, sont tout simplement bienveillants.

La prise d’initiatives leur est implicitement déniée. Pourtant, les réprobations contre la politique française en Afrique ont derrière elles plusieurs décennies d’histoire. Macron fait semblant d’oublier cela.

Mais c’est quand il insiste sur les « sentiments » et parle d’une histoire d’amour entre la France et l’Afrique, qu’il est vraiment comique. « Je pense qu’entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour », a-t-il dit.

Cela m’a d’ailleurs fait penser à une opposition peu connue entre Senghor et Césaire. Senghor pense qu’il y a une histoire d’amour qui a abouti à un mariage consentant. Une grossesse s’en est suivie ainsi que la naissance d’un enfant. Césaire, lui, soutient mordicus qu’il y a mariage forcé et viol.

Voyons cette opposition de plus près.

Chez Senghor, c’est une histoire d’amour entre un homme et une femme. Il précise même qui est homme et qui est femme dans cette histoire d’amour. Parlant de l’Afrique, il écrit : « Sa faiblesse est d’être émotion, élan d’amour plus que volonté réfléchie. Comme la Femme ». Quant à l’Europe, dit-il, c’est « l’homme de raison et de volonté ».

Les choses sont claires donc : l’Afrique est la femme, l’Europe est l’homme.

Le mariage arrive. L’Union française qui regroupe la France et ses colonies est pour Senghor un « mariage plutôt qu’une association ».
Le mariage est donc conclu et scellé. Mais attention : il est éternel. Toute « prime à la sécession » doit être rejetée, écrit-il. Sëy ba dee rekk!

Puisque le mariage est célébré et que tout est devenu légal, Senghor espère maintenant, comme il l’écrit, que la France « féconde les civilisations autochtones et les fasse sortir de leur stagnation ou renaître de leur décadence ».

Je suis pudique?. Je vous épargne les détails de la nuit de noces, que Senghor appelle « symbiose dynamique ». Je passe aussi l’étape du développement de la spermatogénèse européenne et la maturation des ovocytes chez la dame Africa. Je n’en dis pas un mot!

Césaire, lui, est très amer. Ce qui s’est passé est un cas de viol :
« L’Afrique saigne, ma mère
L’Afrique s’ouvre fracassée à une rigole de vermines,
à l’envahissement stérile des spermatozoïdes du viol »

Senghor revient à la charge et nous renseigne sur le but de cette fécondation : « Nous devons créer ensemble un grand type métis culturel ».

Sant Yàlla! L’enfant est né! C’est un métis. Il est beau. Il n’est pas « ñuul », il n’est pas « xees ». Il a pour nom « Eurafrique ».

Mais après plusieurs décennies de mariage (forcé), la dame Africa souffre. Elle est devenue une épave. On a abusé d’elle. Elle n’est pas épanouie. Jacques Chirac, ancien président de la France, membre donc du clan de l’époux, confirme le viol : « Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi. Ensuite, nous avons pillé ses matières premières…Puis, on constate que la malheureuse Afrique n’est pas dans un état brillant, qu’elle ne génère pas d’élites ».

Violence faite aux femmes!

L’époux a abusé de la bonne foi de la dame. Celle-ci a pourtant tout fait pour démontrer son amour. En 1973, le Sénégal, membre du clan de l’épouse, a annulé sa fête de la dépendance…euh… de l’indépendance, pour marquer l’hommage de la nation après la mort de Georges Pompidou. La dame avait aussi marqué en 1970 une semaine de deuil national à la mort de de Gaulle.

On savait aussi l’époux très possessif, qui ramène toutes les bonnes valeurs à lui. Senghor en était conscient quand il écrivait ceci : « Il veut le pain pour tous, la culture pour tous, la liberté pour tous, mais cette liberté, cette culture, ce pain seront français. L’universalisme même de ce peuple est français ».

Voilà donc la fameuse et très longue histoire d’amour de Macron résumée ici en prenant prétexte d’une opposition entre Césaire et Senghor sur le mariage.

Les discours de Macron mènent à tout décidément, même à la reproduction sexuée!?

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