Après l’affaire des jumelles de Grand-Yoff, le scandale sexuel au camp militaire du Front de terre impliquant trois gendarmes auxiliaires et le viol collectif qui met sur la sellette des jeunes vivant aux Hlm, un autre cas similaire se signale à la cité Comico de Guédiawaye.Quatre Nigérians dans la cause ont été assignés en justice par une jeune fille de 16 ans. Ouverture du procès, ce vendredi.
Les quatre Nigérians poursuivis pour viol collectif avec séquestration et séjour irrégulier seront jugés vendredi prochain. Lorsque le dossier a été évoqué, vendredi dernier, et reporté à cette date, ils sont tranquillement retournés au box des prévenus, attendant la fin de l’audience pour regagner leurs cellules de détention à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss où ils sont emprisonnés depuis le 03 août dernier. Ils ont pour noms Christian Henry (31 ans), Stanley Uchana (35 ans), Jerry Sonto (24 ans) et Vintus Nze.
Il ressort du dossier que les faits se sont déroulés dans les logements de la Coopérative militaire de construction (Comico), à Guédiawaye. Les prévenus se sont relayés sur une fille de seize ans qu’ils avaient enlevée avant de la violer. Au départ, ils étaient une dizaine de personnes à avoir abusé de la jeune fille. Mais à l’arrivée, seules ces quatre personnes ont été prises dans les filets des policiers. Les autres fugitifs sont activement recherchés par la police sénégalaise.
La jeune fille, s’étant alors soustraite au contrôle des membres de sa famille plusieurs jours durant, a eu la malchance de tomber entre les mains d’un Nigérian qui, après avoir satisfait sa libido, l’a livrée à ses autres acolytes qui en ont fait autant. C’est sur ces entrefaites que les parents de la jeune fille ont porté l’affaire à la connaissance des autorités judiciaires. Le certificat médical, versé au dossier, pourrait constituer un élément à charge contre les quatre ressortissants nigérians.
Quand les gendarmes auxiliaires s’y mettent
Cette histoire d’abus sexuel n’est pas sans rappeler d’autres cas de mœurs similaires. Il y a celui du scandale sexuel survenu au camp militaire du Front de terre où trois gendarmes auxiliaires ont été prévenus de viol collectif sur une fille de 20 ans. C’est au retour d’une virée nocturne que les nommés Abdoulaye Ndoye, Cheiban Bâ et Abdoulaye Diakité se sont relayés sur la présumée victime. Elle a été entraînée manu militari dans une chambre à l’intérieur du camp. Les trois gendarmes auxiliaires ont alors réussi à assouvir leur désir charnel, malgré les contestations de la fille. Cette dernière déclare même avoir été menacée de mort en cas de refus d’obtempérer, à l’aide d’une arme blanche.
Ces gendarmes ont été placés sous mandat de dépôt par le doyen des juges d’instruction, Mahawa Sémou Diouf, dans la semaine du 28 juin au 4 juillet 2010. Le troisième prévenu, qui est toujours en cavale, est aujourd’hui sous le coup d’un mandat d’arrêt. L’enquête préliminaire, diligentée par la gendarmerie prévôtale, révèle que les trois gendarmes auxiliaires étaient passés aux aveux en reconnaissant avoir entretenu des relations sexuelles avec la jeune fille. Seulement, précisaient-ils, avec le consentement de la plaignante.
Une autre histoire de viol collectif avait éclaboussé la commune d’arrondissement des Hlm. C’était le fait d’un groupe de cinq personnes qui se relayaient sur la jeune Fatou Binetou Gassama (22 ans). Saliou Diouf, Mansour Diongue, Aly Diop, Mady Diop et Yankhoba Sané ont été condamnés à dix ans de prison. La victime, qui a eu la malchance de déférer à l’invite de ses présumés bourreaux, et qui n’a pas été assez avisée pour déjouer le piège, ignorait qu’elle allait subir un abus sexuel de cette nature. Elle a été entraînée dans une maison dont les occupants n’étaient pas sur place. A l’intérieur de la chambre, le prévenu Saliou Diouf et sa bande se sont arrangés pour maîtriser la fille et abuser d’elle…
A ces histoires de mœurs, s’ajoute l’affaire des jumelles de Grand-Yoff ; ce scandale sexuel pendant devant la Cour d’appel de Dakar et qui implique un Cap-verdien et deux Sénégalais dont un policier. Les victimes sont deux jumelles âgées de 10 ans. Le dossier sera évoqué à l’audience du 5 décembre 2011.
VIOL SUIVI DE GROSSESSE, PEDOPHILIE, ATTENTAT A LA PUDEUR… : Le délit de viol doit-il être élevé au rang de crime ?
C’est une lapalissade que de dire que les abus sexuels sont devenus récurrents au Sénégal. Même l’observateur le plus en déphasage de la réalité quotidienne se rend compte du développement exponentiel d’un tel phénomène. Il ne se passe pas un seul jour sans que la presse ne relate de ces cas de faits-divers portant sur des histoires de mœurs qui en disent long sur une société perverse : viol sur mineure, viol collectif, viol suivi de grossesse, détournement de mineure, attentat à la pudeur, outrage public aux bonnes mœurs, pédophilie, acte contre-nature, entre autres. Tantôt c’est le fait d’une personne ayant autorité sur la victime (le papa, l’oncle ou le neveu) ; tantôt c’est le maître coranique du quartier à qui l’on confie la garde et l’enseignement religieux des enfants qui faille à sa mission. Ou bien encore, c’est le fait des enseignants qui engrossent leurs élèves (à ce sujet, les statistiques sont alarmantes).
Et que dire de ces nombreux cas étouffés et réglés à l’amiable parce que l’argent est passé par là ; ou parce que des menaces réduisent la famille de la victime au silence ? C’est le lieu de dénoncer le silence coupable des parents refusant de porter à la connaissance des autorités judiciaires les agressions sexuelles dont leurs enfants sont victimes. De jeunes écolières qui, de retour de l’école, sont attirées derrière les buissons pour faire l’objet d’une agression sexuelle. De jeunes filles blessées dans l’intimité de leur vie et contraintes à des relations impudiques contraires à leur liberté sexuelle, le tribunal en connaît régulièrement.
Tout cela pour dire que l’ampleur du phénomène est préoccupante. Et que la recrudescence des cas de viols prend des proportions alarmantes. Plus désolant encore, même les personnes atteintes de déficience mentale n’y échappent pas. Elles qui constituent des proies faciles font les frais de quelques maniaques sexuels. Toujours est-il que les mineurs demeurent la couche la plus touchée par ce phénomène. Si la responsabilité des parents, qui évoquent la promiscuité, est engagée, celle des jeunes filles l’est tout au plus, avec notamment ces habillements indécents qui frisent la provocation.
L’avis des analystes de la chose judiciaire, combinée à celui des acteurs de la justice, donne cette option en résumé : la criminalisation du viol est la seule solution qui vaille d’être adoptée pour, à défaut d’y mettre un terme, parvenir à diminuer de manière drastique le phénomène des abus sexuels. Dès lors, il apparaît clairement que la balle est désormais dans le camp des parlementaires. Ces derniers ont entre leurs mains la destinée de ces jeunes filles qui sont parfois contraintes de rentrer prématurément dans la cour des initiés.
Pape NDIAYE