Qu’est-ce qui motive la création de la coalition Alternative pour une Assemblée de rupture (Aar)?
On est dans l’ère des grands ensembles et il apparaît de plus en plus difficile pour une organisation politique d’aller seule dans une élection au Sénégal. Le regroupement des organisations politiques est devenu une demande sociale, voire un impératif pour une participation efficace aux élections, surtout législatives qui requièrent des représentations assez solides dans les départements et dans la diaspora. Mais, ce qui a été plus déterminant dans la formation de notre coalition, c’est la nécessité de mettre ensemble, des personnalités et des organisations de l’opposition attachées à une pratique vertueuse de la politique et qui sont prêtes à insuffler une nouvelle dynamique à l’Assemblée nationale. Nous avons ensemble décidé de changer les paradigmes. Notre acronyme Alternative pour un Assemblée de Rupture résume bien le but de notre coalition, à savoir incarner l’alternative pour que les vraies ruptures apparaissent. Dans cette perspective, nous n’oublierons pas de remettre au goût du jour les conclusions des «Assises nationales» qui doivent inspirer tout projet alternatif.
Avez-vous cherché à nouer une coalition avec Yewwi et Wallu ?
Je ne suis pas personnellement au courant de telles démarches. Je pense qu’il faut être cohérent et assumer notre identité qui est quand même différente de celle de Yewwi et de Wallu même si nous sommes tous de l’opposition. Il ne faut pas qu’on réduise l’opposition à un seul bloc. Sa richesse et son efficacité résident dans sa différence et sa diversité. Cela donnera sûrement un choix plus large à l’électeur qui décide de voter pour l’opposition. En effet, comme elle l’a toujours été depuis l’instauration du multipartisme, elle est plurielle. Cette pluralité de sensibilités et de démarches doit se refléter dans les coalitions.
Pourquoi à votre avis, il n’y a pas eu de liste unique de l’opposition ?
Dans notre histoire politique, l’opposition n’a jamais présenté une liste unique. C’est non seulement illusoire, mais je pense que c’est contre-productif. Pensez-vous qu’il soit possible de rassembler toute l’opposition autour d’une vision, d’une liste et d’une démarche ? D’une part, cela impliquerait des reniements que certains ne seraient pas prêts à faire. D’autre part, on serait dans une sorte de second tour forcé comme lors d’une élection présidentielle. Ce qui peut entraîner un fort taux d’abstention si des électeurs de l’opposition ne se retrouvent pas dans le schéma unique proposé. Répétons-le, l’opposition est plurielle, elle doit, comme dans toutes les démocraties d’inspiration romano-germanique, continuer de l’être. L’histoire a montré que malgré le scrutin majoritaire à un tour, l’opposition peut dans sa diversité avoir une représentation parlementaire de qualité. Notre histoire politique récente l’a démontré plusieurs fois.
Avec plusieurs coalitions, l’opposition fait-elle les affaires de Benno bokk yaakaar ?
ll est clair que le scrutin majoritaire à un tour peut être à l’avantage de Bby dans certains départements. Mais, il ne faut pas perdre de vue que la coalition au pouvoir est minoritaire dans de grands départements comme Dakar, Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Mbacké, etc. et que la compétition se fera entre les grandes coalitions de l’opposition. Ensuite, l’enjeu électoral ne doit pas l’emporter sur des principes essentiels qui doivent guider une action politique vertueuse, seule capable d’impulser et de porter les ruptures vertueuses que les populations réclament mais n’obtiennent pas encore malgré deux alternances. La victoire électorale ne peut constituer qu’un moyen ; la fin c’est l’alternative, le changement radical des pratiques politiques. Là-dessus, nous avons un grand travail à faire.
Ibrahima Hamidou Dème est-il candidat sur la liste nationale ou dans le département de Thiès ?
Notre coalition a décidé d’accorder un aussi grand intérêt aux candidats à investir sur la liste proportionnelle que ceux sur la liste majoritaire. J’ai eu l’honneur d’être investi tête de liste départementale à Thiès. C’est un grand défi de diriger notre liste dans un département aussi important et symbolique que celui de Thiès. Je vais travailler avec toutes les organisations de la coalition dans les différentes localités du département pour relever ce défi, car Thiès sera sûrement comme dans le passé, l’une des plus grandes attractions de ces élections.
Le Quotidien