Identité nationale, pourquoi des Sénégalais entrent dans la polémique

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Bien des internautes français s’interrogent. Pourquoi les Sénégalais s’intéressent-ils au débat sur l’identité nationale ? N’est-ce pas un débat purement français ? Face à l’étonnement de certains, des Sénégalais répondent « Tout simplement parce que nous avons des siècles de vie commune ».

La ville de Saint Louis (l’ex-capitale du Sénégal) a été fondée par les Français, il y a …350 ans. Elle célèbre actuellement cet anniversaire. Cette ville était la capitale de l’Afrique occidentale française. Des Sénégalais rappellent aussi que nombre d’entre eux ont été français (avant l’indépendance) ou le sont devenus.

« Ceux qui sont nés avant l’indépendance ou ceux qui ont combattu pour la France ont eu la possibilité de devenir français. Et beaucoup d’entre eux ont fait ce choix », rappelle l’un de ces franco-sénégalais.

D’autre part, plus de 100 000 Sénégalais vivent en France. Et l’hexagone reste pour nombre d’entre eux le « pays vers lequel se tournent le plus de regards ». Et dans lequel beaucoup rêvent d’émigrer. Ou tout simplement d’étudier. Ou de faire du tourisme.

La France demeure le premier partenaire économique du Sénégal. De Orange à Bolloré en passant par Total, Peugeot et Renault, la plupart des grandes entreprises françaises y sont présentes.

A l’école, les auteurs français sont étudiés. Bien des rues du centre de Dakar portent des noms de « célébrités » françaises : Jules Ferry, Jean Jaurès et Victor Hugo y ont encore droit de cité.

Les informations venues de France sont très présentes. RFI (Radio France internationale) est l’une des radios les plus écoutées au Sénégal. France 24 a de plus en plus de téléspectateurs.

Canal horizons (la version africaine) de Canal Plus a aussi de nombreux fidèles, notamment les amateurs de foot. Le Sénégal est l’une des régions de la planète où les fans de l’O. M. (Olympique de Marseille) sont les plus nombreux.

Dans les kiosques dakarois l’on trouve toute la presse française, de Paris Match à Voici en passant par Le Monde. Même les écrivains français – d’Albert Camus à Frédéric Dard -ont leur place dans les librairies de quartier, les « librairies par terre ». Quant aux médias locaux ils accordent une large place à l’information en provenance de France.

La presse écrite et les médias audiovisuels se sont notamment passionnés pour le « duel présidentiel » entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. L’intérêt est d’autant plus vif que la candidate socialiste est native de Dakar. En outre, l’enjeu paraissait d’importance à beaucoup de Sénégalais. Le discours sur l’immigration et les relations nord/sud était jugé très différent d’un bord à l’autre de l’échiquier politique.

« Ségolène Royal aurait fait bien davantage pour les immigrés. Avec elle le traitement de l’immigration aurait été nettement plus humain » a pronostiqué un Dakarois qui s’était passionné pour la campagne électorale…française. Bien plus que pour la sénégalaise. Dont le résultat paraissait acquis d’avance.

« Sarkozy aurait le plus grand mal à se faire élire à Dakar. Si l’élection présidentielle s’était déroulée au Sénégal, Ségolène l’aurait emporté facilement » plaisante un Dakarois, qui rappelle que le dirigeant du parti socialiste local l’avait surnommée lors de sa dernière visite à Dakar, la « négresse blanche ». A cette occasion, Ségolène Royal avait d’ailleurs porté un « boubou », ce qui avait indigné des représentants de l’UMP. L’un d’eux s’était exclamé « On dirait ma femme de ménage ! ».

Le développement très rapide de l’Internet à Dakar – bien des cybercafés possèdent le haut débit- fait aussi que la moindre information en provenance de France est immédiatement accessible à tout le monde.

Ainsi le « casse-toi pauvre con » de Nicolas Sarkozy a vite fait un « buzz » dans le monde francophone, même à Dakar. De même que la récente déclaration de la secrétaire d’état, Nadine Morano, sur les jeunes de banlieue et le verlan. Alors qu’auparavant ce type de déclaration serait passé inaperçu à 4000 kilomètres de Paris.

Avant d’obtenir son prix Goncourt, Marie NDiaye était très peu connue du grand public au Sénégal. Dès le lendemain de sa nomination elle a commencé à se faire un nom.

Mais c’est la polémique « post Goncourt » qui a fait d’elle une star à Dakar. Lorsque des membres de l’UMP ont réclamé un « devoir de réserve » pour les lauréats du Goncourt. Selon eux les écrivains récompensés devraient se garder de critiquer la France et ses dirigeants.

A partir de ce jour, bien des Sénégalais m’ont dit qu’ils voulaient découvrir ses livres : « Maintenant j’ai très envie de lire son œuvre. Marie NDiaye est une femme courageuse » m’a affirmé une jeune étudiante dakaroise qui se passionne pour le débat sur l’identité nationale. Et surtout pour les conséquences qu’il pourrait avoir pour les jeunes de sa génération.

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