Les ponts vacillent pour couper Idrissa Seck du monde d’Oumar Guèye. Politiquement au moins. Le pont politique perd des pylônes sous la poussée de colère du Président de Rewmi. Il place le Dr Abdourahmane Diouf, porte-parole du parti, sur le piédestal de Chargé de l’Intérieur et des Elections. C’est une position forte qui offre une excellente visibilité à cet homme qui monte. Le contexte de massification accroit l’intérêt d’un tel poste.
Après avoir renoncé à faire campagne dans les régions de l’intérieur au profit d’une protestation sur les Places de l’Indépendance et de l’Obélisque, Seck renoue avec le contact direct, se mettant à expliquer ses choix passés mais aussi sa vision pour un Sénégal prospère. Le pont gouvernemental est coupé depuis le limogeage du désormais ex-Directeur général de la SONES par son camarade de parti. Le téléphone n’a pas été le canal de l’apaisement entre Seck et Guèye.
Il est bien curieux que les sorties du premier aient démoli une fidélité que Wade n’a pas réussi à secouer dans les séquences de choc frontal avec Idrissa Seck. Oumar Guèye, entre harcèlements sur sa gestion des terres et délégations spéciales, est resté stoïque. Avec sa base de Sangalkam, il aurait été un ralliement de choix pour le PDS, la « maison du père » Wade. Cette communauté rurale avait des réserves foncières importantes dans un Dakar à l’étroit dans ses limites et un poids électoral de taille en vue de la conquête de Rufisque-Département.
Existe-t-il une autre raison qui s’appelle « manœuvres unilatérales » de Seck ? La question trouve son intérêt dans les « nouvelles » véhiculées : le patron aurait demandé des explications au ministre qu’il envoyé au Gouvernement, au titre de la participation de Rewmi. Dans une relation de communication opérationnelle, le partage de l’information est un exercice de loyauté pour Guèye. Dans le même esprit, Seck a la devoir de consulter ses fidèles lieutenants sur les positions publiques du parti. Tout cela se résume maintenant à un rappel de principes que la réalité a relégués au second plan.
Les changements intervenus à Rewmi sont une réponse du berger Seck à la bergère Guèye. Le Gouvernement n’est une priorité, aux yeux du premier, que dans la seule perspective de faire des réalisations au profit des Sénégalais. Autrement, il serait préférable de mobiliser les énergies des « Rewmistes » à déblayer les sentiers de l’avenir. Au plan politique, ce signal peut être le déclencheur d’une crise ouverte entre les deux hommes. Le Président du parti a essayé d’anticiper, sachant que la mise à l’écart de l’ancien PCR de Sangalkam confirme plus qu’elle n’infirme les bruits de malaise comme les hypothèses de « lâchage ».
C’est un couteau à double tranchant. Un : l’opinion peut entériner l’idée d’un complot déjoué pour comprendre les changements dans le directoire de Rewmi. Deux : l’APR peut arriver à installer une crise chez un rival très dangereux dans la cour et l’occuper à plus éteindre l’incendie dans sa case qu’à jeter des pierres sur celle du voisin.
Amadou Lamine NDIAYE