Idrissa Seck: J’y serai et je m’opposerai

Idrissa Seck n’a pas dérogé à ses souhaits d’être le quatrième président de la République. Il l’a encore réaffirmé, hier à Thiès, en recevant une centaine de petits-fils de Serigne Touba et leurs disciples regroupés au sein du Mouvement des marabouts libéraux.
En prenant congé de ses hôtes, hier, Idrissa Seck a lâché une phrase qui en dit long sur ses ambitions : «Je pense que ce ‘’ngangui’’ (visite de courtoisie) va nous amener au palais.» A la presse qui lui demandait d’être plus explicite, il dira : «Cela fait longtemps que je suis le candidat du Pds.» Et de revenir à l’endroit de ses hôtes sur «l’irrecevabilité» de la candidature de Me Wade. Il dit ne pas douter une seule fois de la probité des magistrats du Conseil constitutionnel. «Je crois que ce Conseil dira le droit et que les magistrats qui le composent ne sont pas aux ordres du clan Wade», dit-il. Avant de rappeler le projet de son arrestation refusé par Cheikh Tidiane Diakhaté à la veille des dernières Locales et cet autre refus des magistrats de ne pas prononcer le non-lieu dans l’affaire des Chantiers de Thiès, «à la demande d’un neveu de la famille de Viviane Wade».
Après, l’ancien Pm racontera des anecdotes sur ses rapports avec Wade et leur dégradation au fil du temps. Il fera sienne «la partie d’échecs à distance» à laquelle faisait allusion Me Wade, en soutenant que, pour le moment, il n’y avait ni vainqueur ni vaincu. «Wade sera vainqueur, quand il réussira à faire asseoir son fils et je le serai dans le cas contraire», conclut M. Seck. «Avec ma victoire, dit-il, je vais seulement neutraliser le roi, la reine et les fous, et avoir l’œil sur les sentinelles qui occupent les tours du Palais.» Idrissa Seck, qui a annoncé qu’il prendra part à la réunion du Comité directeur du Pds, soutient n’avoir pas reçu d’invitation, comme cela se faisait par le canal d’un gendarme qui prenait soin de l’appeler par téléphone. «J’y serai et je dirai toute mon opposition à la candidature de Me Wade», annonce-t-il. Il regrette que la réunion se tienne au Palais et non à la permanence du Pds, qu’aucun militant de base ne puisse y assister, que l’on continue de faire avec la primauté du parti sur l’Etat. Idrissa Seck raille la nomination du directeur de campagne du candidat déclaré Wade, «alors qu’il sera déclaré forclos par le Conseil constitutionnel». Cette sortie s’est effectuée en présence d’une bonne partie de l’état-major de l’ex-Rewmi. La délégation de Touba comprenait, entre autres, Serigne Cheikh Ibn Serigne Bara Doli, le président du mouvement, et Serigne Sidi Mbacké Ibn Serigne Ahmed Mbacké, son porte-parole.
Serigne Cheikh Mbacké, président du Mouvement des marabouts libéraux et son porte-parole Serigne Sidi Mbacké ont précisé que la visite à Idrissa Seck n’était ni un acte de soutien à un potentiel candidat ni un acte d’allégeance. «C’est parce que notre mouvement qui est né en 2004 en regroupant des militants libéraux ne croit plus au Secrétaire général national du Pds qui nous a déçus, notamment sur le programme que nous lui avions soumis et pour lequel il nous a fait courir pendant au moins quatre ans.» Ce programme concernait le développement de Touba. Selon Serigne Cheikh Mbacké, «le Président Wade n’a rien réglé du programme que nous lui avions donné. Pis, sa façon de faire a fini par faire des mourides la risée du pays. A titre d’exemple, des 40%  consacrés à l’enseignement, rien n’est visible à Touba». Après avoir entendu Idrissa Seck sur la candidature de Wade, le mouvement s’est rapproché de lui «en pensant trouver les mêmes principes». Donc, les rapports entre M. Seck et ses hôtes ne sont pas définitivement scellés. Ils ont promis de continuer les échanges.
Correspondant

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