Il est gonflé, ce fils de…

Les évènements des 23 et 27 juin derniers semblent avoir rendu groggy bien des responsables libéraux. Sinon comment compren­dre les différents discours qui tombent sous le sens, depuis. C’est tout d’abord un Me Ousmane Ngom qui nie le recrutement de mercenaires arguant du fait que «le Sénégal n’a pas besoin de mercenaires ou même d’individus étrangers pour assurer sa sécurité». Comme si des mercenaires ont pour mission de défendre un pays souverain. Le sale boulot qui revient aux mercenaires, aucune force de sécurité ni aucune Armée au monde qui se respectent n’accepteraient de le faire. Les Sénégalais n’en ont pas fini avec cette «farce de très mauvais goût» qu’on vient leur en rajouter une couche.

Là où tout le monde attendait le père Abdoulaye Wade après le fameux projet du ticket, c’est le fils Karim, si près de sa plume, qui se signale avec une lettre ouverte envoyée aux Rédactions. Il s’est abrité courageusement derrière le silence bavard d’une lettre pour simplement pleurnicher sur son sort et dans un procès de victimisation franchement au ras des pâquerettes, en se débusquant des ennemis et en s’inventant des haineux : «Jamais dans l’histoire du Sénégal, un homme public n’a reçu autant de coups, de propos diffamatoires et outrageants», assène Karim. Une affirmation qui s’accompagne d’un doute interrogateur en se demandant si Abdou Diouf n’en a pas reçus plus de la part d’un certain opposant… Me Abdoulaye Wade.
Cependant ce que Karim Wade oublie de dire, c’est que jamais dans l’histoire du Sénégal, «un fils de Président n’a eu autant de privilèges, de responsabilités» sous le magistère de son père. Des responsabilités et des privilèges dont il n’a pas jusqu’ici prouvé avoir mérités par ses capacités personnelles. Et aujourd’hui s’il en arrive à envoyer une lettre ouverte à la presse, – la pauvre qui a le dos large, parce qu’elle a simplement veillé sur la gestion de celui qui est le plus intelligent du pays -, pour se lamenter sur le sort que lui font subir les Sénégalais, c’est parce que tout son parcours dans les sphères du pouvoir est dû au fait qu’il soit «fils de… Président». Rien d’autre ne lui vaut tout ce qu’il a aujourd’hui dans l’espace public.

Sa gestion décriée de l’Anoci reste encore vivace dans les mémoires. Et à ce titre, c’est le président du Conseil de surveillance de l’Anoci qui a été convoqué par l’Assemblée nationale, mais «fils de…», il a été la cause de la déchéance du président de son perchoir. Voilà des choses concrètes que les Sénégalais peuvent lui reprocher, même si de mauvaise foi cela a été entouré de tout un artifice administratif légal le justifiant. Alors pas besoin d’ironie en évoquant des toits à Pikine ou encore des trains qui déraillent à Thiès.

Aujourd’hui si les premiers ministres de l’Energie, sous l’ère Wade, avaient reçu tout ce que le Plan Takkal est censé mobilisé, les difficultés énergétiques auraient pu appartenir à l’histoire. Mais n’est pas «fils de…» qui veut ! Alors assez de dire «rien ne m’a été donné» ! Tout ce que vous n’avez pas reçu Monsieur Karim Wade, c’est parce que le Sénégal ne l’a pas ou peine à en disposer. Vous êtes le seul à disposer d’un super ministère, vous êtes le seul ministre de ce gouvernement à vous promener en jet privé. Même notre cher Premier ministre ne s’est pas offert ce privilège ! Et cette prime paternelle vous a été offerte, après une gestion toujours non élucidée de l’argent des Sénégalais à l’Anoci et après avoir subi une bérézina électorale aux Locales, après que vous avez déclaré, avec une arrogance injustifiée que vous n’avez jamais connu l’échec.

Alors votre lettre ouverte, espérons-le, aura l’effet que vous cherchez car elle est loin de s’adresser aux Sénégalais. Si vous avez besoin de donner des garanties à certains quant à votre position sur certains sujets, c’est fait ! Mais rien de bien convaincant. Vous dites dans votre lettre que tout comme le chef de l’Etat vous combattez toute idée de dévolution monarchique du pouvoir. Palsambleu ! En voilà donc une merveille de découverte. Vous le dîtes seulement aujourd’hui ? Après la cinglante gifle populaire infligée au projet de dévolution dynastique ? L’essentiel pour les Sénégalais, c’est que plus rien ne leur sera imposé maintenant. Et sur ce point vous avez raison (au moins) en soutenant que «c’est une insulte faite aux Sénégalais que de parler d’un projet de dévolution monarchique». Car à chaque fois qu’on a tenté de le mettre en branle, sans en parler, la réplique a été cinglante. Le 22 mars 2009 et le 23 juin 2011 en sont des preuves éloquentes. Il reste seulement à les respecter davantage en allant honorer le siège qu’ils vous ont octroyé au Conseil municipal de Dakar. Ce que vous n’avez pas crû digne de votre rang de faire, ne serait-ce qu’une fois deux ans durant. Merci, pour ce respect du suffrage des Sénégalais !

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