Une nécessité nationale !
Il faut arrêter Abbas Jaber. C’est une cause nationale légitime et une nécessité absolue aujourd’hui. C’est qui Abbas Jaber ? C’est un ami de longue date du chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade. Déjà en 1991, alors que le président de la République, chef de l’opposition nationale, s’était fait enrôler dans l’équipe gouvernementale du Premier ministre Habib Thiam, ce monsieur avait été présenté et recommandé à Abdou Diouf, par son ami, afin que la SONACOS lui soit cédée. Réponse polie et gênée de l’ancien président à son ministre d’Etat : « il soumissionnera le moment venu et participera à la compétition quand le dossier sera ouvert ». A l’époque, la privatisation des entreprises publiques était dans l’air du temps, conformément aux instructions des institutions internationales de financements (Banque mondiale et Fonds monétaire international).
Ce franco-libanais, un flibustier des temps modernes, diront ses adversaires, a alors vite fait de venir s’installer au Sénégal, flairant les bonnes affaires qu’il avait les opportunités de réaliser dans son nouveau pays conquis par son ami de toujours. Il est venu s’installer, avec son entreprise Advens qui a raflé la mise, quand la Sonacos a été privatisée, à la suite d’un appel d’offres bidon, dont l’issue ne faisait aucun doute, pour tous ceux qui connaissaient le dossier. La privatisation de cette unité industrielle aboutira, tôt ou tard, à son dépeçage par l’homme d’affaires franco-libanais, pour ne devenir qu’un vulgaire outil de transactions commerciales internationales, avec des usines de conditionnement et d’embouteillage d’huiles diverses qui vont inonder le marché national. C’est ce que l’enquête que nous publions prouve avec des éléments factuels. Cette nouvelle orientation inévitable et irréversible de la Sonacos privatisée, se réalisera d’ici peu de temps. Elle aura été rendue possible grâce à l’appui et à des niveaux de complicité inacceptable dans l’appareil d’Etat.
Ainsi, la présidence de la République a, à chaque fois, donné le coup de pouce nécessaire, avec le concours zélé des bras armés de cette politique funeste de lobbying, de parti pris inacceptable que sont les ministères du Commerce et de la Santé. Ces deux départements ministériels, chacun en ce qui le concerne dans le dossier, trouvent tous les moyens, y compris les plus déloyaux et les plus illégaux, d’entre eux, pour matérialiser la volonté du chef de l’Etat. Cette terrible volonté qui consiste, en vue de conduire à terme le processus de mise en orbite au Sénégal de la société Advens, à sacrifier d’abord, et dans tout le secteur des huiles, d’authentiques sénégalais qui s’y activent, avec la conviction que personne ne fera le développement de ce pays à leur place. Fût-il un étranger fortuné et généreux, de surcroît ami du chef de l’Etat. Ces départements ministériels, répétons-le, chacun en ce qui le concerne, travaillent au profit exclusif d’Abbas Jaber, coalisés avec les intérêts d’une bande d’affairistes hautement placés dans l’appareil d’Etat. Il faut arrêter par tous les moyens les agissements de cet homme d’affaires fraichement débarqué dans notre pays, dans les valises d’une alternance plus pilleuse que jamais.
Abbas Jaber est venu chez nous, avec la ferme intention d’organiser un système de pillage de notre économie. Il s’emploie à mettre en place un oligopole qui étendra, si l’on y prend garde toutes ses tentacules partout où il y aura un moyen de faire de l’argent facile et à forte rentabilité immédiate. Le système de spoliation des biens de la SONACOS et la mise à mort de la société Transrail, après que le président de la République a organisé l’expulsion de Bara Tall de cette société commune au Sénégal et au Mali, sont là pour prouver que les Sénégalais qui sont aujourd’hui sans défense face aux agissements du clan Jaber ont tout à perdre dans le maintien de cet homme d’affaires dans les rouages les plus importants de l’économie nationale.
Pour en revenir à Suneor, des travailleurs syndiqués courageusement anonymes, sont venus à notre rédaction, pour nous expliquer l’existence d’un vaste système de transactions douteuses qui seraient établies entre des sociétés écran du groupe Advens, basées en France et la Suneor, pour assurer tous les approvisionnements que la société nationale des oléagineuses effectue sur le marché international, pour les besoins de sa production et de son fonctionnement. Pendant ce temps le syndicat maison et la centrale à laquelle il est affilié font, comme si tout était normal dans cette maison. Quelle tragédie ! Ce système de vase communiquant apparaît comme un immense processus de spoliation des ressources nationales, qui ne dit pas son nom. Que faire contre tout ce système et contre tous ceux qui le rendent possible ?
Tous les démocrates de ce pays, les patriotes, en particulier ceux qui sont regroupés dans les différentes coalitions politiques et citoyennes, ne doivent plus envisager le combat contre le régime actuel, sans l’une de ses composantes économiques actuelles et les plus essentielles à sa survie. Le système Jaber est en passe de devenir un cancer chez nous. Il faut agir contre lui. Comment peut-on concevoir cette subvention de six milliards que l’Etat a faite à la seule société d’Abbas Jaber, alors que l’argent public était censé aller aux citoyens pour les soutenir, face à la flambée des prix des denrées de première nécessité ? Ces citoyens achètent-ils tous l’huile qu’ils préparent chez eux, auprès des distributeurs des produits de Suneor ? Et ceux d’entre eux qui paient des produits chez d’autres ? Ils trinquent naturellement. En réalité, la subvention accordée à Abbas Jaber n’a été possible que parce qu’elle assure en retour des rétrocessions d’argent qui n’honorent point ceux qui les rendent possibles, en violation flagrante du sacerdoce attaché ou qui justifient leurs fonctions.
Abou Latif COULIBALY
lagazette.sn
ps: titre choisi par xalima, repris du texte