Cette semaine, Samir Bouzidi, expert international en mobilisation des diasporas africaines a visité un certain nombre d’officiels sénégalais en lien direct avec la diaspora sénégalaise. Mr Bouzidi, basé entre Paris et Tunis, est un expert indépendant engagé pour la mobilisation des diasporas africaines. Il collabore notamment avec le GIZ, Expertise France et s’est impliqué récemment dans le Conseil Présidentiel pour l’Afrique (France). Depuis avril dernier, il entreprend un « Africa Diaspora Tour » où il propose d’interpeller et d’aider les gouvernements africains à mobiliser plus efficacement leur diaspora. Après la Tunisie et Haïti (élaboration d’une feuille de route pour la Ministre à la diaspora), et sur la route de Bamako, il s’est arrêté à Dakar où il a notamment rencontré sur recommandations de l’ambassade de Tunisie au Sénégal : la Direction des Sénégalais de l’extérieur, la Direction de l’investissement, Mr le chef de Cabinet du Ministre de la santé et l’agence BCEAO. Et, il nous livre ses premiers enseignements…
Il est indéniable que la diaspora sénégalaise est animée par un fort attachement à la famille, au village d’origine et au « pays » ce qui se manifeste par des transferts d’argent importants et stables (plus de 2 Mds de dollars hors informel) et des visites régulières au pays. La plus grande erreur serait néanmoins de « …se limiter à gérer cette situation rentière et considérer que la diaspora est éternelle et captive ! » prévient Samir Bouzidi. Le rôle stratégique de la diaspora sénégalaise au service du développement économique et humain, gagne à être consolidé et ses fruits nombreux : créations d’entreprise, épargne, export, tourisme, compétences, soft-power, philanthropie et engagement sociétal…
Dans cette perspective, le gouvernement sénégalais aurait intérêt à adopter une approche moins élitiste et plus inclusive de l’engagement de sa diaspora : « s’investir » plutôt qu’exclusivement « investir » où chaque membre de la diaspora pourrait apporter une contribution selon ses moyens et aspirations. Le plan « Emergence » peut constituer un terreau fertile à la conclusion d’un nouveau pacte « win-win » avec les Sénégalais de l’extérieur à conditions d’intégrer cet aspect multidimensionnel en phase avec les enjeux macroéconomiques nationaux.
A son actif, le Sénégal peut compter sur une volonté politique forte et constante d’intégration de sa diaspora comme le démontre encore la création du nouveau Secrétariat des Sénégalais de l’extérieur. Une nouvelle stratégie d’engagement de la diaspora doit être « portée » par une institution forte apte à gérer des actions transversales mêlant différents ministères et administrations sans oublier le secteur privé.
Sur le plan du contenu, la priorité doit être donnée au renforcement du lien avec le pays d’origine notamment en aidant la diaspora à se réapproprier sa culture d’origine, l’écosystème local et les opportunités au sens large. Pratiquement, il s’agit d’activer une approche relationnelle respectant les codes et standards de la diaspora, centrée sur le digital (réseaux sociaux…) et le tourisme « mémoriel ». Sans ce sentiment d’appartenance (et de confiance) à la communauté d’origine, il faut se persuader que le champ d’intérêts pour la diaspora risque de se limiter au transfert d’argent, les vacances et un achat immobilier.
Seconde priorité : structurer une connaissance plus fine de la diaspora par des études ad hoc et/ou analyse des datas existantes ce qui doit permettre de segmenter les approches/dispositifs et mieux impacter les actions.
L’essentiel pour le présent étant de s’atteler à labourer et semer, car, comme le dit le proverbe africain : « On ne peut pas labourer, semer, récolter et manger le même jour. »
Samir Bouzidi
D’accord avec vous qu’il conviendrait de concevoir un cadre organisé, concerté,méthodique et pragmatique parce que la pensée est la cause de l’effet.Quand le chemin est bien tracé,la route n’en sera que plus facile et on sait ou on va
Ce monsieur voudrait certainement faire ce qu’on appelle du » dor marteau » au Sénégal ! Pourquoi seulement les diasporas Africaines, et pas les européennes disséminées à travers le monde et l’Afrique en particulier ? Les Sénégalais de l’extérieur, terme plus moderne que les immigrés, sont des gens bien informés, qui ne demandent qu’à voir dans leurs pays respectifs des dirigeants à la mesure des enjeux du monde moderne ! En général, ces gens là ne mendient rien, de leurs gouvernements, excepté quelques femmes trop matérialistes qui font chanter les gouvernements Sénégalais depuis 2002-2005.