Parmi les multiples partis politiques et mouvements de la société civile qui vont briguer le suffrage des Sénégalais en février 2012, très peu ont leur siège.Ce sont des partis sans domicile fixe, qui tiennent leurs rencontres au domicile des secrétaires généraux ou dans de grands hôtels.
On connaissait les individus sans domicile fixe (Sdf).Voici venu le temps des partis politiques sans domicile ou plutôt sans siège fixe.Ils sont en effet légion les partis politiques légalement constitués qui aspirent ou non à briguer le suffrage des Sénégalais le 26 février 2012 sans aucune adresse physique encore moins de boîte postale. Parmi ces partis, on peut citer, pêle-mêle, le Parti des travailleurs du peuple (Ptp) de l’avocat El Hadj Diouf, le Jëf-Jël de Talla Sylla, le Rnd de Madior Diouf, le Msu de Massène Niang, le Mp/Sellal du député Bamba Ndiaye, le Bcg de Jean Paul Dias, le Rta/s de Momar Samb, les Surs de Abdoulaye Makhtar Diop, l’Urd/fal, l’Ufpe de Mbaye Diack, le Parena de Marième Wane Ly, pour ne citer que ceux-là.Dans ce lot de partis ambulants, on peut aussi inclure des mouvements de la société civile qui vont postuler en février prochain.On y trouve le mouvement d’Aminata Tall, Car Leneen du professeur Amsatou Sow Sidibé, le mouvement de Arona Coumba Ndoffène Diouf, Jog Jotna de Ibrahima Fall, Alternance générationnelle de Me Moussa Diop etc…
En dehors des partis politiques traditionnels comme le Pds, le Ps, l’Afp, le Pit, la Ld et les deux Aj, aucune formation politique ancienne ou nouvelle, mis à part l’Apr et le Rewmi des anciens Premiers ministres Macky Sall et Idrissa Seck ou encore le Rnd du Docteur Dialo Diop n’a de siège propre à sa disposition. Les autres formations politiques et les nouveaux partis en lice pour la prochaine présidentielle squattent les hôtels ou les domiciles de leurs leaders pour tenir leurs réunions ou leurs conférences de presse. Ces partis ou mouvements sans domicile fixe, n’ont même pas de boîte postale. Au point que le ministère de l’Intérieur est souvent obligé de recourir à des communiqués de presse quand il s’agit de convoquer à une réunion les partis légalement constitués. Ces communiqués tenant naturellement lieu de convocation.
Sans siège, ces partis se signalent aussi par l’absence de structures. Pas de bureau politique, pas de comité directeur, encore moins de porte-parole. Aucune structure, aucune organisation interne faisant penser à un parti politique. Ces partis sans siège n’existent qu’à travers des sorties médiatiques de leur fondateur. Alors que pour pouvoir perdurer et donc avoir le temps de se construire un électorat et un programme politique, les partis doivent se structurer et construire un certain nombre de règles permettant de définir le système de prise de décisions.
On trouve généralement un président ou un secrétaire général, ainsi qu’un comité directeur, c’est le sommet. Au niveau de la base des formations politiques crédibles, il y a les sympathisants, qui constituent l’électorat traditionnel du parti, des adhérents, des militants qui s’investissent directement dans la vie du mouvement. Le plus souvent, les adhérents se réunissent périodiquement et payent une cotisation. Tout le contraire des partis sans siège, où le secrétaire général et fondateur du parti est aussi le principal bailleur de fonds. Le parti fonctionne à ses frais et selon son bon vouloir. C’est lui qui détient les cordons de la bourse. Cependant, on retrouve aussi cette centralisation, cette personnalisation diront certains, dans les partis traditionnels, où les leaders sont l’alpha et l’oméga, font la pluie et le beau temps. On note des conflits dans les partis structurés. Les divisions se cristallisent souvent en conflits d’intérêts entre les différents courants ou entre les militants de bases, qui défendent une certaine orthodoxie idéologique, et les élus ou les cadres généralement plus ouverts aux compromis et aux alliances.
Charles Gaïky DIENE