L’emblématique imam Youssoupha Sarr vient d’être coopté par le ministre d’Etat, ministre des…. dans le « comité chargé du suivi et de la mise en œuvre du plan de restructuration et de relance de l’énergie ». Sans doute, le mérite-t-il. Depuis que la crise énergétique s’est invitée après d’autres, dans le quotidien dramatique des Sénégalais livrés à la rapacité et à l’irresponsabilité de ceux qui ont la charge de les diriger, l’imam atypique, avec beaucoup de lucidité et de courage, s’illustre avec ses pairs, dans la défense des usagers. Ses appels au boycott du paiement des factures ont certes fait florès, mais il n’a pas obligation de résultat. Seulement de moyens et il a fait de son mieux. On leur doit même, l’augmentation de la tranche sociale de facturation de la SENELEC.
Doit-il refuser de faire partie de ce comité de suivi ? La réponse lui appartient. Mais, lui, ne s’appartient plus. Pas qu’il soit indispensable. Comme dirait l’autre, les cimetières sont remplis d’indispensables et s’il faillit, il se trouvera bien quelques autres pour reprendre le flambeau de la résistance, mais dans la lutte désormais engagée par tous les patriotes contre la déprédation, aucune force n’est de trop.
Vice
La partie dans laquelle il s’engage est des plus délicates. Ce n’est pas faire preuve d’apriori que de tenir compte de la seule motivation de Karim Wade dans sa décision de coopter l’imam. Il est un précédent instructif à cet égard. C’est le fameux conseil de surveillance de l’Agence pour l’Organisation de la Conférence islamique. Dans sa compostion, rien à dire. Pour quel résultat ? La gestion de l’ANOCI a atteint des sommets de malgouvernance malgré le conseil. A l’exception du Forum civil, presque tous les autres membres du conseil se sont discrédités. D’une part, ils ont été incapables de déceler les graves manquements et les détournements érigés en règle, mais Karim Wade a eu le vice de les compromettre dans des affaires d’argent avec ces jetons de présence de 500 000 FCFA qu’il leur jetait en pâture. Comment ne pas faire le lien entre ces jetons immérités et la complaisance d’une autre figure emblématique de la défense des droits citoyens, Alioune Tine ?
Karim Wade reconduira-t-il le même procédé ? L’on ne sait encore. Ce qui est en revanche certain, c’est qu’il ne peut changer d’objectifs. Il cherche une caution et à discréditer, salir, tout Sénégalais qui n’est pas à sa solde. En érigeant la corruption en système de gouvernance, Wade et son fils ont le sombre dessein de « mouiller » le maximum de Sénégalais pour démontrer que nous n’avons finalement que ce que nous méritons et de rendre demain impossible toute sanction de la concussion parce qu’il faudrait juger tous les Sénégalais. Alors Imam, premier conseil, ne touchez pas aux jetons de présence s’ils vous sont proposés.
Par ailleurs, vous n’aurez jamais accès à tous les éléments d’appréciation. La valse des milliards inhérente au secteur ne peut être traitée par Karim Wade dans la transparence. Il n’y a aucune raison qu’il change. Ce qu’il a fait à l’ANOCI en tout impunité, et alors que les impératifs de satisfaction de la clientèle politique se font plus pressants pour le régime, ne peut qu’être reconduit, voire amplifié.
Le secteur de l’énergie est bien complexe et vous serez avec de grands spécialistes. Beaucoup de choses vous échapperont. Ne pourriez-vous pas vous faire assister par un homme de confiance, spécialiste de l’énergie ou de la consommation ? Soyez précis, circonspect dans les propos que vous tiendrez.
Le secteur est non seulement complexe mais ne peut être soustrait du contexte général. Par exemple, le souci d’équilibrer les comptes peut sembler pouvoir justifier d’éventuels sacrifices pour les usagers, mais comment dans le même temps oublier que le nouveau maître du secteur ne se déplace qu’en jet privé, que le gouvernement du père compte une centaine de ministres qui ne daignent se déplacer que dans des véhicules à 60 millions l’unité ?
Le jeu en vaut-il finalement la chandelle ? En clair, devez-vous accepter cette cooptation ? Encore une fois, la décision vous appartient, mais sachez que vous engagez une bien délicate partie. Vous aurez besoin de toutes vos armes contre Satan. Ainsi « blindé », peut-être pourrez-vous nous informer de quelques secrètes tractations et porter la voix des plus faibles.
SK
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