Les agences de voyages ressentent la crise politique qui sévit au Sénégal. La clientèle se fait rare.Les ventes baissent.Et on ferme boutique plus tôt que d’habitude.
‘Les ventes ont considérablement baissé’. Les agences de voyages visitées se sont passé… la phrase. Les clients se font de plus en plus rares. Le matin, ils viennent au compte-gouttes. L’après-midi, ils se font désirer. Contre leur gré. Leurs voyagistes sont établis dans une zone de tension. La Place de l’Indépendance. Théâtre d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Les premiers protestant contre la candidature de Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de dimanche prochain. Les seconds réprimant les premiers avec violence. Au grand dam des agences de voyage.
Insa Bodian est agent commercial à Sandaga voyages. En temps normal, son agence vend ‘vingt à trente’ billets d’avion par jour. Mais il n’a reçu aucune demande depuis la semaine passée. ‘Les clients ont peur de venir à cause des manifestations violentes. Ils ne peuvent même pas accéder à la Place de l’Indépendance surtout dans l’après-midi. Tous les axes sont bouchés.’, explique Insa Bodian. A 14 heures, il ferme ses portes pour ‘ne pas respirer l’odeur empoisonnante’ des grenades lacrymogènes ou pour éviter que les projectiles ‘n’atterrissent dans (ses) locaux’.
A Mboup voyages, on a déjà goûté à l’odeur des lacrymogènes. Au premier jour des manifestations, les policiers avaient lancé une grenade dans l’agence, informe l’agent de comptoir, Dame Mboup. Pas de boulot donc dans l’après-midi. On baisse les grilles, au plus tard, à 15 heures parce que ‘les travailleurs ne peuvent pas prendre le risque de rester jusqu’à 18 heures’. Le manque à gagner est énorme pour l’agence de voyage. Elle pouvait vendre ‘plus de quinze billets par jour’ avant le début des manifestations, selon Dame Mboup qui révèle que ‘leurs ventes ont commencé à chuter’.
El Hadji Ndiaye de Saloum voyages, lui, regrette les temps où il recevait beaucoup de demandes. Maintenant ce chef de comptoir ‘ne voit personne’. Il quittait son agence à 18 heures 30 ‘en temps de paix’, mais avec les manifestations, il plie bagage à 15 heures. Une possibilité que Air Algérie n’accorde pas à ses travailleurs. L’agent commercial de ce voyagiste, Amadou Camara, renseigne qu’il ferme boutique à ‘17 heures par obligation’. Même si les clients se présentent rarement à l’agence ‘parce que gagnés par une panique générale’, explique Amadou Camara.
Le manque de clientèle, à cause des manifestations contre la candidature de Wade se fait donc ressentir lourdement dans les agences de voyage. Une baisse considérable de chiffres d’affaires est la conséquence directe. Mais cette baisse est amoindrie, dans certaines agences, par l’électronique. Sandage voyages vend les billets ‘par mail’, informe l’agent commercial, Insa Bodian. Et les clients envoient l’argent sur le compte de l’agence. A Galoya voyages, on s’accroche également grâce à l’électronique ‘qui règle tout’, se réjouit la chef d’agence qui a préféré parler sous le couvert de l’anonymat.
Yacine CISSE