XALIMANEWS: Les acteurs de la filière expriment leurs inquiétudes face à la perspective d’exploitation du pétrole et du gaz. Au cours d’un atelier d’échanges et de partages organisé par l’ONG Action Solidaire Internationale au CNFA de Rufisque, ils ont préconisé la mise en place d’une loi sur le contenu local qui prend en charge leurs préoccupations spécifiques.
Les acteurs de la pêche dans le département de Rufisque craignent la mort de leur filière avec le début prochain de l’exploitation du pétrole et du gaz en mer. Ces pêcheurs qui font déjà face aux conséquences des changements climatiques s’attendent à une aggravation de cette situation avec les plateformes pétrolières qui induisent des restrictions sur les aires de pêche. « Actuellement, les plateformes qui sont en train d’être installées nous donnent chaque fois des alertes nous disant que sur une surface de 500 m2, les pêcheurs ne doivent pas s’approcher. Il y a un rétrécissement de nos champs d’action. Aussi vu le changement climatique et la rareté de la ressource, si l’Etat se focalise uniquement sur l’exploitation pétrolière qui a une durée de vie alors que la ressource halieutique n’a pas de durée de vie, il risque de se poser un problème de sécurité alimentaire. Je vois mal comment prioriser l’exploitation du pétrole et laisser en rade la pêche artisanale. Déjà, les quantités ont baissé avec la surexploitation, les changements climatiques et la pression sur la ressource », se désole Cheikh Mbengue, coordonnateur du réseau départemental des Conseils locaux de pêche artisanale.
Selon le chef du service départemental des pêches de Rufisque, la loi sur le contenu local permet de trouver des voies pour assurer une résilience de la filière. « Avec l’arrivée du pétrole et du gaz sur les plateformes, il y a la loi sur le contenu local. L’Etat du Sénégal a déjà paré à cela et avec cette loi, je pense qu’on va essayer de développer des mesures de résilience pour essayer de s’adapter à ce phénomène qui vient à son heure pour la vie socioéconomique du Sénégal. Donc on est obligé de s’adapter à cela d’où l’importance de ce genre d’ateliers pour expliquer aux CLPA concernés cette loi sur le contenu local qui n’est que bénéfique pour le secteur de la pêche », rassure Pape Masse Sène.
Le chef du service rappelle que le secteur rapporte 13 milliards de francs pour une production annuelle un peu au-dessus de 300 tonnes. Malgré tout, les acteurs de la pêche souhaitent avoir une loi sur le contenu local qui prend en charge leurs besoins et pourquoi pas leur assurer une reconversion pour assurer leur survie économique. En effet au cours des échanges, les acteurs de la filière ont tous pointé un déphasage entre les préoccupations du secteur et les promesses contenues dans la loi sur le contenu local. « Aujourd’hui, ils veulent une adéquation par rapport au contenu local sectoriel. Car la loi est à vocation nationale et eux, ils souhaitent qu’on prenne spécifiquement en compte le secteur de la pêche artisanale pour qu’ils puissent au moins pallier les pertes qu’ils subissent. Ils sont préoccupés par la compensation par rapport aux pertes car, les préjudices sur le plan économique s’aggravent au fur et à mesure. Il faudrait forcément voir une reconversion de ces acteurs dans d’autres secteurs. Ce qu’ils réclament, c’est un contenu local qui doit prendre en compte les acteurs de cette pêche dans le contexte de cette exploitation pétrolière et gazière », a dit Rokhaya Fall de l’ONG Action solidarité internationale, initiatrice du dialogue entre les acteurs sur les enjeux de l’exploitation.
WORE NDOYE Sud Quotiden