La Fédération des acteurs de la filière avicole (Fafa) et les techniciens du ministère de l’Elevage ont sonné l’alerte, hier, sur les risques liés à l’importation frauduleuse de poulets, à quelques jours de la fête de la Korité, un moment de forte consommation de ce produit.
« Aujourd’hui, les efforts fournis depuis 2005 par les acteurs de la filière, appuyés par le ministère de l’Elevage dans la formation, le respect des règles d’hygiène et l’appui à la professionnalisation, risquent d’être remis en cause par l’introduction frauduleuse de poulets importés, depuis le mois de janvier de cette année, dans le marché sénégalais, alors que la mesure suspensive est toujours en vigueur », a averti le président de la Fédération des acteurs de la filière avicole (Fafa), Ahmedou Moukhtar Mbodj, hier, lors d’une conférence de presse. La fermeture des frontières et l’interdiction des importations, grâce à un arrêté pris le 24 novembre 2005, a permis de redynamiser la filière avicole locale et la production de poulets sénégalais, a ajouté M. Mbodj, en présence de techniciens du ministère de l’Elevage et des responsables de la filière avicole. Cette mesure a permis de faire passer la production locale de poulets de 7 millions en 2005 à 17 millions en 2010.
Des « commerçants véreux »indexés
Une étude en 2010, commanditée par le ministère de l’Elevage, faisait ressortir que le chiffre d’affaires du secteur avicole sénégalais a atteint 110 milliards de francs Cfa par an, a rappelé le président de la Fafa.
Aujourd’hui, les acteurs de la filière, réunis autour de la Fafa, demeurent préoccupés par « l’introduction frauduleuse » dans le marché sénégalais de poulets de mauvaise qualité, à quelques jours de la fête de Korité. En effet, a souligné le responsable des acteurs de la filière, une minorité de commerçants véreux auraient importé frauduleusement des poulets qu’ils comptent mettre sur le marché à quelques jours de la fête de Korité, en profitant de la forte demande et du sous-effectif des inspecteurs vétérinaires, rendant difficile un contrôle de tous les marchés. « Ce risque d’inondation du marché sénégalais par des poulets importés est à prendre avec la plus haute importance car elle pose un problème de santé public », souligne le président de la Fafa.
Menaces de grippe aviaire
Pour les conférenciers, il y a un risque quotidien de contamination et de corruption des produits du fait de ruptures de la chaîne de froid opérées depuis le débarquement au port de Dakar ou à la frontière terrestre jusqu’à l’assiette du consommateur.
Il y a aussi la possibilité d’importer des maladies avec les produits congelés, faisant courir des risques subséquents de contamination du cheptel local, mais également des hommes. Pour éviter ces dangers, les acteurs de la filière demandent à l’Etat, entre autres dispositions, d’assurer la vigilance au niveau des frontières et du port de Dakar, d’organiser des descentes des inspections vétérinaires sur les marchés et de saisir immédiatement tout poulet importé. Pour sa part, le chef de la Division zoo-sanitaire du ministère de l’Elevage, le Dr Baba Sall, a noté que des efforts importants ont été faits par l’Etat du Sénégal pour empêcher l’introduction de la grippe aviaire dans le pays et pour redynamiser la filière locale, en arrêtant les importations depuis 2005. Il a estimé que même si on n’en parle pas aujourd’hui, la maladie existe toujours. Il a lancé un appel en direction des populations sur les risques d’importation frauduleuse de poulets au Sénégal.
Selon lui, la Fafa a raison de s’inquiéter non pas qu’elle ne peut pas vendre, mais surtout parce que l’introduction de la grippe aviaire pourrait déstructurer le tissu de production du poulet local. Pour le Dr. Amadou Gueye, une évaluation de la situation a été faite et une cartographie des risques a été dressée par les autorités compétentes en vue d’éviter l’introduction de la grippe aviaire ou de toute autre maladie. Il a estimé que la grippe aviaire est l’une des rares maladies qui peut contaminer l’homme et entrainer sa mort. Il faut donc, selon lui, vendre des produits frais pour éviter ces risques. Pour le président de l’Association des consommateurs sénégalais (Ascosen), Momar Ndao, les conséquences de l’introduction frauduleuse de poulets sont lourdes de conséquences négatives sur la santé des consommateurs. Pour preuve, a-t-il révélé, des poulets congelés avec de l’Adn de porc et d’autre produit toxiques ont été découverts il y a de cela quelques années au Sénégal. D’où la nécessité d’être plus vigilant et l’urgence de sensibiliser les populations sur les dangers de la consommation des produits prohibés.