De l’autorisation ou de l’interdiction de la marche de l’opposition, dépendra la réussite ou l’échec de l’inauguration du monument de la renaissance africaine
Le monument de la renaissance africaine va (enfin !) être inauguré le 3 avril prochain, veille de la célébration de l’indépendance du Sénégal. Seulement, le président Abdoulaye Wade devra faire face à une opposition qui refuse d’être « oubliée » et tente de se faire une place dans les médias. C’est, apparemment, ce qui explique toute la détermination des jeunes de la coalition Benno Siggil Senegaal (BSS) à marcher dans les rues de Dakar, à quelques heures du « baptême » de la statue des Mamelles. Occuper deux espaces : médiatique et physique.
En effet, depuis quelques semaines, c’est l’inauguration qui est sur toutes les lèvres. Si elle venait à se faire sans anicroche, ce serait la mort d’un débat qui pourrait, aux yeux du pouvoir, s’avérer une réussite totale. Mais surtout ranger toute cette polémique qui a entouré le monument pendant près de dix mois. A son « interdiction » par l’islam, la « jurisprudence » de El haj Malick Sy ou Cheikh Ahmadou Bamba pour légitimer l’oeuvre, s’est ajouté sa gestion « non transparente » décriée par la société civile de manière générale. Sans oublier la malheureuse et bruyante comparaison du chef de l’Etat entre la statue et les représentations de Jésus Christ dans les églises. Un rapprochement qui avait « heurté » et « meurtri » la communauté chrétienne. En fait, le président s’en était douloureusement sorti, même s’il a « réussi », par la suite, zapper les critiques contre le monument d’une autre manière. On a continué à en parler mais surtout dans son aspect technique avec Pierre Goudiaby Atépa au centre d’une autre polémique : un pagne à allonger ou pas. Et, ci-gît le débat religieux.
L’opposition a déjà averti qu’elle ne compte même pas sur une autorisation du préfet pour parcourir son itinéraire à elle. Au moment où certains inconditionnels du pouvoir affûtent leurs griffes pour faire obstruction à toute « tentative de sabotage ». Si l’Etat réprime la manifestation, alors le monument perd sa publicité et Wade son image devant ses homologues africains ou d’ailleurs invités à l’inauguration. Si, en revanche, la marche est encadrée, ce ne sera pas perdu non plus, mais juste un moindre effet médiatique décroché.
Hamath KANE
lagazette.sn