Hosni Moubarak semble bien se remettre de l’intervention chirurgicale qu’il a subie il y a une semaine, mais les nouvelles en provenance de l’hôpital allemand où est soigné le Président égyptien ne parviennent pas à apaiser l’inquiétude des investisseurs et de la bourse du Caire.
Les marchés égyptiens restent attentifs à la santé du «raïs»
Hosni Moubarak semble bien se remettre de l’intervention chirurgicale qu’il a subie il y a une semaine, mais les nouvelles en provenance de l’hôpital allemand où est soigné le Président égyptien ne parviennent pas à apaiser l’inquiétude des investisseurs et de la bourse du Caire.
Agé de 81 ans, Moubarak, qui dirige l’Egypte depuis 1981, a été opéré de la vésicule biliaire le 6 mars. Cette opération s’est accompagnée de rumeurs selon lesquelles l’état de santé du chef de l’Etat vieillissant serait plus grave que veulent le faire croire les déclarations officielles.
Certains opérateurs estiment que la bourse cairote ne retrouvera pas son calme tant que Moubarak ne sera pas apparu en personne à la télévision. «Tant qu’il n’apparaîtra pas vivant (à la télévision), nous allons malheureusement continuer comme cela», a déclaré un opérateur de la bourse du Caire s’exprimant sous le sceau de l’anonymat en raison de la nature sensible du sujet.
L’indice des valeurs égyptiennes était en repli de 3,1% lundi en fin de matinée, tiré vers le bas par une tendance spéculative.
Au cours des dernières années, chaque fois que Moubarak a été malade ou a été hospitalisé, le marché a immédiatement répercuté les inquiétudes des investisseurs égyptiens ou étrangers. Ainsi en 2004, les marchés avaient plongé lorsqu’il avait subi une opération du dos. «Si quelque chose arrive à Moubarak, je pense que le marché va plonger jusqu’à ce que l’on sache qui va lui succéder et s’il est compétent», a expliqué Khaled Abdel Madjeed, responsable d’une société d’investissement londonienne.
En l’absence du Président, le pouvoir a été confié temporairement à son Premier ministre Ahmed Nazif.
INCERTITUDES AUTOUR DE LA SUCCESSION
L’inquiétude des acteurs économiques s’explique par l’incertitude entourant les projets d’un Président âgé qui n’a pas encore clairement désigné son successeur. Moubarak entretient le mystère autour de son éventuelle candidature à un sixième mandat de six ans lors de l’élection présidentielle prévue en 2011.
Beaucoup d’Egyptiens estiment que s’il décide de renoncer, il tentera de transmettre le pouvoir à son fils Gamal, âgé de 46 ans, qui ne dispose pas de relations au sein de l’Armée. Les deux hommes ont démenti avoir un tel projet.
Malgré cela, Gamal Moubarak, ancien banquier, serait le candidat préféré par les investisseurs car ses conseillers ont en charge d’importants portefeuilles économiques et sont les artisans de mesures de libéralisation.
Certains analystes font toutefois remarquer que Gamal n’est pas assuré d’un large soutien dans une population de 78 millions d’habitants dont un cinquième vit avec moins d’un dollar par jour. Mais ce qui inquiète en premier lieu les investisseurs, c’est une possible vacance du pouvoir. Ces derniers rappellent que l’Egypte est la patrie de Ayman Zaouahri, le numéro deux d’Al Qaïda, et que le gouvernement a dû faire face à une insurrection sanglante dans les années 90.
Par ailleurs, les «Frères musulmans», principale organisation d’opposition, continuent de réclamer des changements démocratiques, laissant planer des doutes sur ce qu’ils seraient prêts à faire pour accéder au pouvoir.
Malgré ces incertitudes et une économie ralentie par la crise financière mondiale, investisseurs et analystes politiques s’accordent sur une forme de confiance en cas de succession. «Nous pensons que la perspective est raisonnablement claire au moins à court et à moyen termes et les chances sont bonnes d’avoir une transition stable et un environnement économique stable au cours de cette période», juge Wolfram Lacher, expert dans l’évaluation des risques dans les zones du Proche-Orient et d’Afrique du nord.
Reuters
lequotidien.sn