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Indignez-vous M. le président! I

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Vous n’êtes pas à Sorano ni au Grand théâtre où on a l’habitude de voir de tels spectacles rocambolesques mais bien au King Fahd Palace où l’Alliance Pour la République (Apr) souffle ses cinq ans d’existence sur la scène politique. Des romances laudatives qui fusent dans une ambiance électrique, des députés surexcités qui distribuent à tour de bras des billets de banque craquant neufs à des griots flagorneurs professionnels ou occasionnels, lesquels se crêpent le chignon pour chanter la gloire du Prince ! Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô et autres laquais de Sa Majesté Sall rivalisent dans le gaspillage ostentatoire.

Mais il n’est pas surprenant de voir ces deux proches du président de la République manifester de telles libéralités puisqu’ils ont bénéficié récemment et illégalement de plusieurs dizaines de millions de l’Assemblée nationale en guise de dédommagement pour leur expulsion de l’Assemblée nationale sous le régime libéral. Hélas, tous ces excès et cette folle prodigalité qui jurent avec la sobriété et la gouvernance vertueuse tant prônée se passent sous les yeux du chantre de ce slogan axiologique,  le président de la République Macky Sall. Lequel, plutôt que de s’indigner de la résurgence de telles pratiques qui insultent la Res publica, semblait les approuver par son silence.

Certes, il est de coutume de célébrer un anniversaire avec faste mais ce sont les situations ou les circonstances qui commandent  l’organisation d’un tel événement. Or, en cette période de crise où les Sénégalais entassés sur le radeau de la Méduse voguent dans un océan de difficultés, il est indécent de s’adonner à des pratiques aussi outrancières qui défient toute éthique de gouvernance vertueuse. Ces scènes extravagantes de gaspillage public détonnant avec toute stratégie de développement, se passent au moment où le gouvernement finalise le Projet Sénégal émergent (PSE). Aussi les Sénégalais, qui pensaient avoir rompu avec ces scènes publiques impudiques de dilapidation choquante d’argent, très fréquentes sous le régime wadien, doivent-ils déchanter.

Les premiers actes de bonne gouvernance du régime du président Macky Sall afférentes au recouvrement des biens mal acquis laissaient croire à une société sénégalaise gaspilleuse débarrassée de ses scories wadiennes. Mais l’on s’est vite rendu compte que tout ce raout sur la traque des biens mal acquis n’était qu’un trompe-l’œil pour écarter un potentiel adversaire politique dangereux et maquignonner les vraies tares congénitales du régime de la deuxième Alternance. Car, la gouvernance vertueuse ne se limite pas au stade des mots mais se jauge à l’aune des actes de développement posés et reposant sur un socle de valeurs. La rupture claironnée sous tous les cieux  n’est pas pour demain tant  le président de la République souffre, par atavisme, des gènes de son ex-père Abdoulaye Wade. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’actuel président du Sénégal aura du mal à s’affranchir du joug des maux qui ont gangrené le défunt régime sous lequel il a blanchi son harnais.

Les prostitués politiques à l’honneur 

Au moment où le peuple  sénégalais trime et végète, la République des ploutocrates chante et danse sous les envolées lyriques d’un Souleymane Faye en mal de popularité malgré son talent incontestable, d’un Youssou Ndour, ministre conseiller roublard, et d’un Demba Dia thuriféraire qui fluctue au gré de ses intérêts personnels. 700 millions de francs dépensés en un après-midi rien que pour célébrer un anniversaire qui, finalement, s’est mué en une foire de transhumance et cérémonie d’allégeance. Cela, il fallait le faire. Toute la racaille de politiciens qui, naguère, ciraient les bottes crasseuses d’Abdoulaye Wade ou chantaient la gloire du prince Karim était aux premières loges de ces festivités en courbant l’échine devant l’apériste en chef. Lequel les enjoint de s’encarter dans son vaste mouvement en prenant la carte du parti du cheval. Ce qui signifie que, même si ce  vaste rassemblement venait à voir le jour, l’apéro-centrisme régnerait au grand dam d’une union des visions et d’une fusion des projets.

Si le député Barthélemy Dias dit avoir un haut-le-cœur en voyant certains détracteurs ou assassins politiques applaudir Macky Sall, c’est parce qu’il est dégoûté par ces prostitués politiques qui n’hésitent pas à mettre à l’encan, sur la base de prébendes ou de passe-droits, ce qu’il y a de plus cher chez l’être humain c’est-à-dire leur âme. Ces cadavres politiques qui ont noms colonel Malick Cissé, Me Ousmane Sèye, Abdou Fall, Mbaye Jacques Diop, Demba Dia, Ahmet Khalifa Niasse, Thierno Lo… qui ont joui des voluptés et des privilèges du pouvoir d’Abdoulaye Wade, ont béatifié ce dernier avant sa défaite électorale du 25 mars 2012. Et à des degrés divers, ils ont vitrifié le député Macky Sall ou contribué à son éjection de l’Assemblée nationale.

Abdou Fall, vice-président de ladite institution, n’avait pas hésité à déclarer, sans circonlocution, sur les ondes de la RFM, lors d’une émission du Grand jury, que la révision des textes de l’Assemblée nationale visait essentiellement l’alors président de cette institution.  Une fois son sort scellé, lui et les autres députés libéraux godillots, qui ont voté la loi sur la réduction du mandat à un an, pouvaient revenir au statu quo ante, c’est-à-dire rétablir les cinq ans légaux du chef de l’institution parlementaire. C’est le comble du machiavélisme politique. Pourtant, ce putschiste régicide est prêt aujourd’hui à renier à ses convictions (s’il en a d’ailleurs) pour rentrer dans les bonnes grâces de celui qui, aujourd’hui, incarne la vertu politique.

Ahmet Khalifa Niasse a lui-même traité, dans l’entre-deux tours de la dernière présidentielle, le candidat de Benno Bokk Yaakaar d’être soutenu par les lobbys maçonnico-homosexuels. Il est allé plus loin dans une émission de la  défunte télévision Canal Info News  animée par le journaliste Sékou Diémé en insinuant que le ministre que le président Abdoulaye Wade appelait « Fatou » était indubitablement Macky Sall. Cet homme est le symbole du caméléonisme politique pour avoir flirté dans le passé avec les régimes de Diouf, de Wade et, aujourd’hui, avec celui de Macky Sall.

Demba Dia, qui entend sans vergogne aujourd’hui collaborer avec le président de la République, avait dénoncé l’obésité du gouvernement du même président en déclarant qu’il «  a fini par perdre toute sa lucidité pour verser dans le mensonge ». Le leader du Mouvement pour l’Action et la Citoyenneté (Mac) est monté d’un cran en reprochant au président de « n’avoir pas nommé ministre un fils de la Casamance alors que ladite région est le n° 1 du Sénégal. Ce qui prouve à suffisance que son régime ne considère pas la Casamance.» Pourtant, c’est ce détracteur qui s’emberlificotait dans ses propres mensonges puisque des fils de la Casamance (terme qui n’existe plus d’ailleurs administrativement) sont bien représentés dans les gouvernements d’Abdoul Mbaye et d’Aminata Touré.

Mbaye Jacques Diop, lui, est un contre-modèle en matière de politique. Du président Diouf en passant par le parti de Moustapha Niasse pour atterrir dans les prairies bleues puis en virant maintenant au marron, l’ex-président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) a fait acte d’allégeance au nouveau Prince. Oui le roi est mort, vive le roi ! Et le père Mbaye Jacques, presque octogénaire, n’entendant pas donner un coup d’arrêt à sa longue transhumance, se dit prêt à accompagner le président Macky Sall.

« Accompagner le président Macky Sall » est devenu l’hymne que chantent à l’envi tous ces prostitués politiques qui renient foi et vertu politiques pour des prébendes ou sinécures. Hélas, aujourd’hui dans la pratique politique, M. Macky Sall est le digne héritier de Wade tant ils ont des atomes dans leur façon de recruter les politiciens désemparés sans foi, ni loi, ni conviction. Mais qu’il ne s’y méprenne point ! Wade a passé tout son temps à recycler des déchets politiques pour mieux manœuvrer. En fin de compte, cela s’est avéré toxique pour son maintien au pouvoir.

PAR SERIGNE SALIOU GUEYE

le témoin via senplus.com

1 COMMENTAIRE

  1. D’abord : « … scènes publiques impudiques de dilapidation choquante d’argent, très fréquentes sous le régime wadien », « … une société sénégalaise gaspilleuse débarrassée de ses scories wadiennes », etc.. . Le cœur peut pencher pour ou contre quelqu’un, mais il y a un minimum d’objectivité exigible quand on veut donner des leçons ou s’indigner: A vous lire, on croirait que la corruption, le gaspillage et les mondanités seraient nés au Sénégal avec Wade. Ce n ‘est pas vrai ! Si la Loi sur l’enrichissement illicite (Diouf),tout comme celle, antérieure, contre les gaspillages dans les cérémonies (Senghor) furent votées bien avant le libéralisme (les libéralités?) de Wade, c’est que le problème est là depuis bien longtemps.
    Par ailleurs : Notre pays est à tous points de vue à la croisée des chemins, et, la clé, ce n’est pas une question d’individualisation subjective ou circonstancielle, selon nos intérêts du moment. Si on veut trouver des remèdes durables à un Mal, ce n’en sont pas les symptômes ou conséquences qu’il faut indexer, mais ses causes et déterminismes. Il s’agit ici, en l’occurrence, de nos tares sociologiques séculaires (castes, ethnies, confréries, double ou triple déculturation, extraversions, mimétismes, obscurantismes, etc..) entre semi-féodalisme et pseudo-modernisme éclatés. « C’est Wade ! » (ou bien, au fur et à mesure des illusions ou mises perdues : « C’est Macky ! »), cela peut être dédouanant, rassérénant, assouvir une vindicte intériorisée et, peut-être même, rapporter d’éventuelles dividendes de reconnaissance pour le héraut, un temps. En aucun cas, la recherche perpétuelle de boucs-émissaires pour nos plaies et incompétences ne peut s’avérer fertile et salutaire pour nos jachères socioculturelles, politiques et économiques, individuelles et collectives.
    Sinon, je partage vos points de vue sur nos … disons nos « péripatéticiennes » politiques qui ont vendu, depuis bien longtemps, plus que leur âme au Diable et ne savent pas faire autre chose, toute honte bue.

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