Les habitants du quartier Darou Salam 5, dans la commune d’arrondissement de Yeumbeul Nord, vivent toujours les inondations. Ce quartier de Bene Baraque, pris d’assaut par les eaux en 2005, vit toujours les affres de ce fléau. Le quartier est encerclé par des eaux stagnantes, des herbes qui font plus de deux mètres de haut, siège des moustiques et autres insectes. Reportage.
Darou Salam 5 fait partie des quartiers les plus touchés par les inondations. Il est situé dans la commune d’arrondissement de Yeumbeul Nord, plus précisément à Bene baraque. Ce quartier, naguère paisible et plein de vie, est plongé depuis 2005 dans le désarroi et la désolation à cause des inondations. Celles-ci ont séparé des amis, disloqué des familles et appauvri des personnes. Après avoir été forcé de quitter leur quartier pour cause d’inondation, des familles entament leur retour à Darou Salam 5 qu’elles avaient quitté depuis près de sept ans. La situation s’est améliorée avec l’implantation des tuyaux d’évacuation des eaux installés sur une longueur de près de 10 km. Malgré ces efforts déployés, ce quartier est toujours dans les eaux et en plus d’une insalubrité insoutenable. Eaux de pluies stagnées depuis près d’une décennie, mélangées au ruissellement des eaux usées, des ordures ménagères et des sachets plastiques forment l’environnement quotidien de ce quartier enclavé de Bene Baraque.
Il est 11 heures en ce neuvième jour du mois béni de ramadan, le soleil brille encore, les rues et ruelles sont quasi désertes. A cette heure, seuls les enfants sont sous le soleil. Si certains jouent au football, d’autres s’adonnent à la lutte. Ces gamins ne semblent pas se soucier de la chaleur qui sévit en cette heure de la journée.
Mamadou Kane, la trentaine, vient tout juste de se réveiller. Il habite dans une maison assez particulière, isolée du reste du quartier et entourée de typhas qui font plus deux mètres de long, flottant sur les eaux. Les maisons voisines sont désertes, envahies par les eaux de pluie. M. Kane minimise le décor. Il estime qu’il n’y a plus péril en la demeure. «Les eaux ne nous fatiguent plus, mais c’est plutôt les moustiques et les herbes qui entourent nos habitations qui nous posent problème», martèle-t-il.
Retour au bercail et question sécuritaire
La famille Kane avait quitté le quartier en 2009 et, deux ans après, elle est de retour. Le chef de famille, Abdoulaye Kane, a dépensé beaucoup d’argent pour aménager les trois pièces et une véranda qui servent de maison.
«Parmi toutes ses personnes dont les eaux avaient envahi les maisons, seule un habitant dispose d’une maison à la cité Plan jayaay», renseigne le jeune Kane. «On nous avait promis en vain», se désole-t-il.
A en croire, M. Kane, «personne n’est venu à notre secours. Et d’ajouter : «Les politiciens ne viennent qu’à l’approche des élections et disparaissent pour ne jamais revenir». Poursuivant, Amadou Kane soutient qu’ils attendent depuis 2005 que les autorités leur viennent en aide. Toutefois, il espère qu’avec l’actuel régime la situation va se décanter.
La maison est entourée dans tous les sens par du gazon qui sert de pâturage aux moutons et aux chèvres. Le décor n’a rien à envier à un village en plein hivernage.
Insalubrité…
Le gazon mélangé aux sachets plastiques qui jonchent le sol humide créent un décor indescriptible. L’herbe s’étend à perte de vue. Mais les gens sont obligés de vivre dans cet environnement par manque de moyens, s’exposant ainsi à toutes sortes de maladies et d’infestions.
A quelques 100 mètres, habite Marie Corréa. Elle a quitté Tivaouane Peulh où elle était en location (2009) ; elle est revenue à Darou Salam 5 après l’installation des tuyaux d’évacuation qui ont permis de faire circuler les eaux de pluies.
Elle préfère ne pas faire de commentaires sur les risques auxquels elle et sa famille s’exposent en vivant dans et avec les eaux. Trouvée en train de préparer du poisson pour le repas de midi, madame Coréa soutient que les autorités municipales et administratives sont venues maintes fois chez elle mais sans suite concrète.
Pour le délégué de quartier Darou Salam 5, Abdou Diop, «beaucoup de personnes avaient déménagé mais commencent à revenir pour occuper leur maison». Et d’ajouter : «Ceux qui ont les moyens sont restés et ceux qui n’en ont pas sont revenus». Pour le vieux Diop, «payer un loyer de 50.000 Fcfa et 100.000 Fcfa n’est pas à la portée de tout le monde». Très disponible, le délégué de quartier de Darou Salam 5 fait avec nous le tour du quartier, pointant du doigt les zones inondées.
Partout le décor est le même. Des maisons abandonnées remplies d’eaux verdâtres sur les lesquelles flottent des ordures et des matières plastiques. Ce qui crée un environnement insalubre où les moustiques et les odeurs nauséabondes dictent leur loi. Au regard de cette situation, le vieux Diop lance un appel au Gouvernement et au président de la République afin qu’ils viennent en aide à ces populations qui, au quotidien, sont exposées à toutes sortes de maladies.
Des promesses politiciennes vaines
Cet avis est partagé par Adama Coly dit «Ado», un jeune du quartier. Il se rappelle les moments difficiles au plus fort des inondations, où la quasi totalité des rues et ruelles étaient envahies par les eaux. Ne disposant pas de moyens, M. Coly estime que tout ce que les jeunes peuvent faire, c’est organiser des séances de «set-setal» (nettoiement) pour alléger la souffrance des populations et rendre leur localité plus salubre. Mais pour lui, cela ne suffit pas et l’Etat doit faire quelque chose au plus vite pour assainir ce quartier pris en otage depuis 2005 par les inondations. Source : La Tribune