Insa Laye Sèye de l’Unapes – « Je suis désolé de le dire, mais nous avons un syndicalisme alimentaire »

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Au Sénégal, le 1er mai 2016 est marquée par une crise sur plusieurs fronts, notamment dans le secteur scolaire. Insa Laye Sèye, ancien syndicaliste, président de la Commission des règlements des conflits scolaires et universitaires et de médiations internes de l’Union nationale des associations des parents d’élèves du Sénégal (Unapes), estime qu’il faut mutualiser les actions et s’ouvrir au dialogue.

Nous sommes à 24 heures de la célébration de la fête du travail qui est commémorée cette année au Sénégal dans une ébullition du front social. Quels sentiments cette situation vous inspire ?

Le mouvement syndical, comme tous les autres mouvements sociaux, renforce la justice et l’équité, renforce la démocratie et la liberté des individus qui sont les éléments fondamentaux qui transforment qualitativement cette nature que Dieu nous a confiée. Dans le cadre de la lutte syndicale, il ne faut pas voir une adversité de groupes ou de tendances qui, peut être,  ont des intérêts divergents, mais qui sont complémentaires. Le seul employeur ne peut pas produire et l’employé ne peut pas manquer d’aller voir ce dernier pour discuter afin d’arriver à une production servant à l’ensemble du peuple. Le mouvement syndical d’hier avait une base fondamentale, c’est-à-dire la formation des militants syndicalistes. Le syndicalisme d’antan que nous avons vécu acceptait de défendre les intérêts moraux et matériels de ses mandants. Mais dans le cadre du renforcement de l’outil de leur travail qui est l’entreprise. Nous savions négocier, car nous avions le droit en tant que travailleurs dans le temps d’avoir des revendications.
Donc, des besoins parce que nous sommes l’élément fondamental de l’entreprise. Si nous n’y sommes pas, elle ne peut pas croître et ainsi créer des ressources additionnelles et s’enrichir. Nous demandions une part de ce que nous produisons sur le plan intellectuel comme sur le plan physique.

Mais aujourd’hui comme hier, les revendications sont formulées et déposées sur la table des autorités. Qu’est-ce qui peut bien être à l’origine de cette situation de statu quo dans laquelle l’éducation et de la santé sont plongées avec les grèves répétitives ?

La meilleure forme de lutte, c’est la mutualisation des forces. Car, si elles sont dispersées l’élément en face aura une possibilité de manoeuvre profitant de la divergence d’intérêts des acteurs,  premièrement.

Deuxièmement, il y a beaucoup de mouvements syndicaux et ça donne une marge de manoeuvre au gouvernement et aux employeurs. Si nous voulons que le gouvernement respecte ses engagements, il faut que les syndicats essaient de mutualiser leurs actions, et de fédérer leurs entités. Il nous faut des interlocuteurs qui pèsent de leur poids, des forces syndicales solides face aux gouvernements et aux employeurs. C’est ce qui manque. Et, hélas, le gouvernement le sait et en a fait une force. Le gouvernement sachant qu’il y a une dispersion totale du mouvement syndical manoeuvre. Volontairement, il ne respecte pas les engagements signés avec les syndicalistes. Je suis désolé de le dire, mais nous avons un syndicalisme alimentaire. Ce que nous regrettons. Chaque groupe d’individus se réunit pour former une centrale syndicale et ça ne règle pas le problème. Il faut que les organisations syndicales se réunissent pour mettre en place deux ou trois centrales représentatives, fortes, qui vont poser les revendications et obtenir gain de cause de ces revendications points par points.

Quel regard jetez-vous sur la situation actuelle avec le gouvernement qui a signé des accords avec les enseignants sans les respecter ?

Il faut poursuivre le dialogue, une discussion franche et sincère entre des individus qui se font confiance. Or, il y a une suspicion entre les tenants du pouvoir et les syndicats. Comment ce dialogue peut être fructueux s’il n’y a pas d’arbitre pour dire effectivement qui a tort et qui a raison ? Les syndicalistes ont le droit de poser dix points de revendications. Par contre, le gouvernement peut dire qu’il ne peut satisfaire que deux points. S’ils se mettent d’accord sur ces deux points, il faut qu’il les respecte. C’est ce qui va faciliter l’instauration d’un dialogue continu et permanent. Le dialogue ne doit pas se faire de manière ponctuel, il est structurel.

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