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Intrigues À La Place Soweto

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Après l’adoption, le 29 juin dernier par les députés de la majorité parlementaire de la proposition de loi n° 13/2015 modifiant la loi n°2002-20 modifiée du 15 mai 2002 portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, des voix s’étaient élevées pour crier au scandale.

De fait, les évènements dramatiques survenus lors de l’ouverture de la session unique de l’année 2015-2016 de l’Assemblée nationale, le mardi 13 octobre dernier, confirment le caractère inique de cette proposition de loi controversée, qualifiée par certains observateurs de «crime contre la Démocratie». On aura remarqué, au passage, que la parité pouvait servir d’arme pour évincer un frondeur gênant ou pour séduire les femmes parlementaires, tout en camouflant un recul démocratique inacceptable. En effet, trois ans et demi après la survenue de la deuxième Alternance, on ne peut qu’être indigné par la persistance de l’essentiel des vices que le peuple des Assises reprochait au pouvoir wadiste.

Dans le cas d’espèce, on a eu droit à des manœuvres pour empêcher l’opposition de disposer d’un groupe parlementaire en épaulant un dissident libéral, certes réformateur, mais devenu minoritaire au sein du groupe qu’il dirigeait jusque-là. Il s’agit bel et bien d’une instrumentalisation avérée de la deuxième Institution de la République sur laquelle l’Exécutif veut exercer un contrôle absolu pour se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise, qu’elle vienne d’alliés incertains ou de véritables adversaires politiques.

Jamais, les arcanes de la République n’auront tant été caractérisés par l’esprit partisan et la volonté farouche d’écraser toute velléité de remettre en cause l’unanimisme ambiant. C’est là une preuve incontestable que le jeu politique classique n’arrive toujours pas à réguler le processus démocratique ; ce dont les Assisards se plaignaient déjà, quelques années avant la fin du règne des Wade.

C’est dire que, malgré deux alternances politiques réussies et la tenue des Assises nationales, dont les conclusions ont été endossées par la Coalition au pouvoir, rien n’a vraiment changé.

Le pouvoir continue de rester concentré au sommet de l’Etat tandis que le premier magistrat de la Nation, ci-devant secrétaire général du parti présidentiel, s’accommode assez bien de la Constitution de son prédécesseur votée en janvier 2001, qui avait tant exaspéré le peuple sénégalais !

Sur le plan des libertés démocratiques, une chape de plomb, qui n’épargne que ceux qui se satisfont de l’ordre pseudo-républicain actuel, semble s’être abattue sur notre pays avec la limitation du droit de marche, le licenciement arbitraire de fonctionnaires, la culpabilisation et/ou le rejet des couches les plus pauvres et les plus vulnérables de notre société vouées à la mendicité ou aux palliatifs d’une politique sociale aux forts relents électoralistes.

Il ne s’agit, certes, pas de se faire l’avocat des politiciens libéraux, qui continuent de se laisser mener par le bout du nez par le Pape du Sopi, jouant encore le rôle désuet d’un «Khomeiny aux petits pieds». Les députés libéraux devraient plutôt méditer sur le coût excessif que leur formation politique a dû payer aux lubies wadistes sur la dévolution monarchique du pouvoir et prêter plus d’attention aux messages des réformateurs qui refusent que leur parti soit instrumentalisé et réduit à un groupe de pression pour faire libérer l’ex-prince héritier qu’on cherche à imposer comme leur candidat aux prochaines présidentielles.

Encore une fois, la matérialisation de la rupture tant espérée ne pourra se faire qu’à travers l’appropriation, par les masses populaires, des conclusions des Assises nationales complétées par les recommandations de la Cnri et non par des manigances politiciennes dont le peuple ne veut plus.

Cela passera, entre autres, par la mise en place de mécanismes de sauvegarde de la Constitution, le respect des dispositions de la Charte de gouvernance démocratique, l’élaboration et l’adoption d’une Charte des libertés, de la démocratie et de la bonne gouvernance et la modernisation du système partisan et électoral, etc. Autant de réformes institutionnelles qui pourraient être proposées dans le package référendaire, qui tarde tant à être soumis à la sanction populaire.

Nioxor TINE

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