Le vote des électeurs non résidents a faussé le jeu
Les élections locales de janvier 2022 sont derrière nous. A Dakar-Plateau, l’ancien maire a été reconduit. Et on me demande de le féliciter. Parce que j’étais candidat. Ma vision était : rendre la mairie de Dakar-Plateau aux populations de Dakar-Plateau, mon credo : la participation citoyenne, encore et toujours, mon objectif : redorer le blason de la commune, améliorer les conditions de vie des populations. Les électeurs ont préféré la continuité. J’ai bien dit «électeurs», non pas populations, car des dysfonctionnements ont été constatés, dont le bourrage du fichier électoral par des électeurs non résidents. Le processus a commencé en 2014, déjà. Le mot d’ordre était : «Inscriviez-vous à Dakar-Plateau, votez pour le maire et il vous garantira une aide de 50 000 frs par année.» Il s’est poursuivi depuis lors, hélas. On parle de 4000 à 5000 électeurs non résidents inscrits, en toute illégalité, dans le fichier.
J’invite les autorités administratives à corriger cette forfaiture
J’invite les autorités à vérifier l’étendue de cette forfaiture et à la corriger. On parle d’électeurs résidents à Kolda, Sébikhotane, Ouakam, Usine, Hlm, etc. et qui n’ont aucun lien avec Dakar-Plateau, aucun, sinon celui voulu par le maire, qui déclare lui-même distribuer chaque année 12 000 secours aux indigents. Et aujourd’hui le nombre d’inscrits dans le fichier électoral au Plateau est quelque peu supérieur à la population : 35 609 contre 34 713. Je passe sur les conclusions.
Le répertoire des dysfonctionnements du processus électoral
Bref, on me demande, par formalisme, de féliciter l’élu. On me demande d’être fair-play avec quelqu’un qui ne joue pas franc jeu. Loin de là. Mais d’abord je voudrais dresser le répertoire des dysfonctionnements constatés durant le récent processus électoral. En effet, dès l’annonce des candidatures, à l’ occasion d’une conférence de presse sur l’affaire Sandaga, il a invité ses partisans à s’attaquer à ses adversaires qu’il considère comme des ennemis en leur interdisant l’accès des quartiers et de leur domicile. C’est ainsi qu’il a annoncé la couleur. Ensuite, durant les inscriptions sur les listes, poursuivant un scenario mûrement réfléchi, de concert avec certains délégués de quartier et des agents de l’Administration, il a privé une bonne frange des populations de la jouissance de leur droit, en leur refusant la délivrance des certificats de domicile et de résidence. Et pendant qu’on refusait ce droit aux bénéficiaires, ses partisans recrutaient hors du Plateau des électeurs non résidents. J’ai dénoncé la situation à l’époque, prévoyant, à juste titre, qu’elle allait léser les électeurs légitimes. Pendant la campagne, il a attaqué des adversaires en visite de proximité à Kaye Findiw et ailleurs. L’intervention de la police a permis d’éviter le pire. A la veille des élections, en violation de la loi sur les données à caractère personnel, il a utilisé le fichier de la mairie pour envoyer des messages partisans aux électeurs. Enfin, le jour du vote, ses éléments, éparpillés dans les centres de vote, ont distribué ici et là menaces de sanctions post-électorales et billets de banque, se jouant, comme à leur habitude, de la pauvreté des populations…
On ne félicite pas un tricheur, aussi habile soit-il
Je ne le félicite donc pas. Car on ne félicite pas un tricheur. On ne félicite pas un fraudeur, aussi habile soit-il. On le corrige. Et, en vérité, cette élection pour un troisième mandat est la preuve de la légitimité de notre combat pour la libération de Dakar-Plateau des griffes de Alioune Ndoye qui a parachevé, semble-t-il, le processus de privatisation de l’institution municipale. Aujourd’hui, il a mis toute l’administration communale, tous les délégués de quartier et tous les bénéficiaires des services de la mairie au pas, je veux dire qu’il en a fait des militants obligés. Mais nous restons debout et nous vaincrons, s’il plaît à Dieu.
Rien ne sera plus comme avant à Dakar-Plateau
Je ne le félicite pas. Le féliciter, en vérité, c’est encourager la triche. Je l’avertis plutôt. Car «le sang qui coule de la gorge rougira la main qui tient le couteau». Je l’avertis, car il a l’habitude de sévir, aux lendemains d’élections, contre ceux qui ont osé accompagner ses adversaires (Voir mon article : «Dakar-Plateau, pourquoi Alioune Ndoye doit partir ?). Mais nous ne laisserons pas faire. Nous ne laisserons plus faire. Et ceux qui savent lire les messages des peuples savent que plus rien ne sera comme avant au Plateau.
Je suis Dakar-Plateau. Nous sommes Dakar-Plateau. Le combat continue.
Abdou Khadre GAYE
Ecrivain, Président de l’Emad
Ex candidat à la mairie de Dakar-Plateau