« Je ne te cache pas que j’envie ces femmes dont les époux emmènent en voyage. Ces hommes qui ne se lassent pas de prendre leurs familles en charge. Dis-moi, donc une femme comme moi ne mérite pas qu’un homme se batte pour elle ? »
Paix chez vous, sur vous et sur nous.
Il y a quelques mois, j’avais écouté les confidences d’une femme à propos de la situation difficile qu’elle traversait. Elle et son mari, à sa demande, avaient décidé de se séparer. Elle lui reprochait surtout son manque d’attention et le fait qu’elle ait découvert une relation extra-conjugale. Elle a mené ses enquêtes et a découvert qu’alors qu’elle et ses enfants, logeaient dans une maison en location, la conquête de son époux, vivait dans un duplex construit par le monsieur, avec une voiture choisie parmi les dernières sorties.
Avec les femmes que j’écoute, je m’emploie à ne pas jeter l’opprobre sur l’époux et ce, d’autant plus, que je n’encourage pas les femmes à partir forcément. D’ailleurs, le fait qu’elles m’en parlent est la preuve éloquente qu’elles cherchent des raisons de rester. Toutes les femmes qui sont parties ou partent, ne préviennent pas. Je me rappelle le cas d’une dame qui nous disait que son témoin de mariage n’a appris son divorce que plus de trois après.
En dépouillant les griefs de cette jeune dame, je lui ai posé les trois questions suivantes :
- En dehors de votre mari, quelles sont les autres personnes de votre entourage dont les encouragements comptent pour vous ?
- En dehors de votre mari, n’y a-t-il pas d’autres personnes avec lesquelles vous pouvez passer du temps de qualité au point de rendre moins pénible l’absence de votre mari ?
- Que pensez-vous de vous offrir des cadeaux vous-même ?
Mes questions, selon elle, lui ont fait réaliser toutes ses attentes portées sur son époux. Les attentes non comblées engendrent de la frustration. En en prenant parfois, simplement conscience, on résout bien de problèmes pour ne pas dire on évite bien de conflits.
Dernièrement, j’ai reçu la visite d’une autre femme. Elle avait besoin de parler. Elle a longuement parlé, beaucoup pleuré.
J’ai repris dans le passage ci-dessous la quintessence de ce qu’elle m’a confié, avec mes mots:
« Je me sens humiliée, idiote et manipulée. Suis-je l’exaucement de leurs prières ? Qu’ont-ils donné à Dieu pour que je sois condamnée à me prendre ainsi que mes enfants entièrement en charge ? Au final, il s’en tire à bon compte vu que la quasi-totalité des charges du foyer repose sur mes épaules alors qu’il travaille.
J’ai récemment découvert qu’il entretient une autre femme. A elle, il a offert tout alors qu’il me prive de tout. Ça fait mal.
Je n’ai jamais voulu être pour lui une charge. Bien au contraire, j’ai prié Dieu pour être pour lui, une source de miséricorde. Ne suis-je pas digne de ses efforts ? »
Ça fait mal. Et mes épaules sont douloureuses à force. Je cours dans tous les sens parce qu’en dehors de moi, mes enfants n’ont personne d’autre sur qui compter. Je serais gravement malade aujourd’hui, que Dieu m’en garde, je ne peux me tourner vers quelqu’un.
Il y a des jours où je me sens vide. Des jours comme celui d’aujourd’hui où je ressens le besoin d’être soutenue, le besoin d’établir le lien avec quelqu’un d’autre que moi. Quelqu’un pour me dire de ne pas désespérer. Il y a des jours où je regrette de m’être mariée et d’avoir donné naissance à mes enfants. Comment vais-je faire quand je n’ai aucune activité génératrice de revenus et que mon mari me montre que je suis littéralement une charge pour lui ?
Dis-moi, ne suis pas digne qu’un homme prenne soin de moi et sois heureux de le faire ?
Des fois, il me vient à l’esprit de partir et de laisser mes enfants à leur père. Mais vu comment ils sont traités en ma présence, je me demande ce qu’ils seront en mon absence.
Je n’ai jamais imaginé un instant qu’il puisse délibérément se soustraire à ses responsabilités vis-à-vis de nous. Et pourtant, il y a une autre femme à qui il offre tout. Je vis avec mes enfants dans une maison où nous sommes entassés comme des sardines dans une boîte. Ça ne l’émeut pas outre mesure.
Ça fait mal. Dis-moi, donc moi, je ne suis pas le genre de femmes pour qui on fait des efforts ?
Il m’arrive de me regarder et d’avoir pitié de moi surtout devant l’évidence que mes enfants et moi, ne sommes pas sa priorité. Il y a des jours où je me fais une raison. Je me bats comme une démenée pour assurer la pitance, l’éducation et les soins de mes enfants.
Mais, il y a des jours où c’est juste trop dur à porter. Je voudrais tellement que mes épaules soient soulagées de toutes ces charges. J’ai peur de me rendre malade. On m’a diagnostiquée une hypertension artérielle. Je n’ai même pas trente-cinq ans. Je me meurs. Je fais comment pour soutenir mes enfants quand je m’effondre ?
Réaliser que ses efforts ne servent à rien si ce n’est de permettre à certaines personnes de continuer à profiter de soi. Comment peut-il avoir les moyens de prendre une autre famille en charge quand il prétend ne pas en avoir pour faire face aux dépenses de celle que nous avons fondée ensemble ? Dis-moi, ne suis-je pas des femmes qu’on est heureux d’entretenir ? Ça fait mal, atrocement mal.
Je ne veux pas donner le sentiment à mes enfants qu’ils sont un fardeau pour moi. »
Quand j’étais élève, l’une des phrases que me répétait Na était : « Le premier mari d’une femme, c’est son travail. »
J’ai compris avec le temps, que la vie la lui avait enseignée.
Enfant unique de ses parents, orpheline de père à l’âge de quatre ans, c’est elle qui prenait en charge sa mère. J’ai vu Na faire jusqu’à son décès et même après, d’une certaine façon.
Na s’est aussi retrouvée veuve après le décès de mon père avec plusieurs enfants à charge dont ma petite-sœur et moi, respectivement âgées de trois et six ans. Nous étions plus d’une dizaine. C’est là où j’ai vu Na sortir pour nous ramener à manger. Heureusement, elle était déjà très entreprenante. Ça a été moins fastidieux par rapport à d’autres femmes.
J’ai vu Na, la mère de famille, manquer parfois de patience quand elle se sentait submergée par toutes les dépenses de la famille qu’elle devait supporter toute seule. Je me suis dit que si pareil agacement était perceptible chez une mère, que dire du père de famille ?
D’où je viens, culture et religion, la responsabilité de la prise en charge de la famille (hébergement, restauration, soins, vêtements), tout et absolument tout relève de la responsabilité de l’homme, époux, père de famille.
Chez nous, l’enseignement est que l’homme qui le fait, jouit auprès de Dieu d’énormes bénédictions. Je dois admettre qu’avec le coût de la vie, il n’est pas aisé de laisser toutes ces charges reposer sur une seule personne. C’est financièrement épuisant, physiquement et émotionnellement pénible.
J’ai essayé de me mettre dans la peau de l’homme qui fait les dépenses pour sa famille. Il travaille pour ramener l’argent sur la table. Quand il regarde sa femme qui ne travaille pas, oui, il arrive que cette dernière lui sorte par les pores. Il a le sentiment d’entretenir une profiteuse fainéante, consommatrice improductive, qui passe ses journées à ne rien faire. S’occuper des enfants et de la maison, ce n’est pas aussi difficile que ça voyons ! pense-t-il certainement.
Et si, elle n’avait pas été là, de même que ses rejetons, il y a tant de choses qu’il aurait pu faire de son argent.
Entre le loyer, les factures, la popote, la scolarité des enfants, leurs soins, ceux de madame, je peux comprendre ce qui se passe dans la tête d’un homme qui s’emploie à y faire face. Il y a des jours où il voudrait certainement pouvoir souffler…Je peux comprendre.
Si cet homme n’entretient pas sa crainte de Dieu pour se rappeler qu’il rendra compte à Dieu de ses responsabilités auxquelles il se soustrait, cela donne à voir le constat tel que décrit par la seconde femme.
Entre la théorie qui veut que ce soit l’homme qui prenne en charge sa famille et ce, avec joie, et la réalité, le gap est énorme. Dieu sait mieux.
A ces femmes, je voudrais dire qu’il est humain d’avoir mal. Ce qui t’arrive, n’arrive pas parce que tu le mérites. Ce n’est pas fait contre toi. Ce n’est pas parce que tu ne reçois rien de cette personne en face que cela signifie que tu ne mérites rien. C’est peut-être qu’elle est juste incapable de te donner quoi que ce soit, parce qu’elle n’a pas ou qu’elle ne sait pas quoi te donner.
Ne reste pas sur le fait que cette personne ne pourvoit pas à tes besoins ou à ceux de tes enfants, que peux-tu faire pour améliorer ta situation et celle de tes enfants ?
Tu n’es pas nulle parce qu’il te dit que tu es nulle.
Tu n’es pas indigne parce qu’il te dit qu’une femme comme toi, ne mérite pas un homme comme lui.
Tu n’es pas mauvaise parce qu’il te dit qu’il n’a pas d’argent pour toi et tes enfants.
Tu n’es pas une damnée parce qu’il te tourne le dos.
Et si c’était l’occasion pour toi, de prendre conscience de ce que tu vaux, réellement à Ses Yeux ?
Et si c’était l’opportunité pour toi, pour t’élever au niveau où ton Créateur t’attend ?
Et si c’était le moment de découvrir ce pour quoi tu es sur terre ?
Et si c’était le temps de la réconciliation et d’expérimenter l’intimité avec Lui ?
Cette épreuve que tu vis, n’est pas destinée à te détruire mais à te délivrer, à te découvrir et à guérir. Ton Seigneur est Fidèle et Juste. Il Se révèle d’une façon ou d’une autre. Et si tu regardes de près, tu verras qu’Il ne t’a jamais abandonnée. Peut-être regardes-tu dans la mauvaise direction, les yeux rivés sur la mauvaise personne.
Prie pour toi, prie pour cet homme qui demeure le père de tes enfants même si ton cœur se fend à l’idée de le faire. Prie pour que Dieu fasse de vous deux, des personnes justes.
Ne laisse pas la haine te consumer. Ton Dieu ne t’abandonnera pas. Il pourvoira généreusement au-delà de tes attentes si tu sais laisser Son Amour prendre toute la place dans ton cœur. Que Sa paix te remplisse Belle Âme.
Je te partage une prière que j’ai faite mienne : « Mon Dieu, je Te prie de me donner notre subsistance. Donne-moi la force et toutes les ressources nécessaires pour être la mère qu’il leur faut pour les rapprocher de Toi. Fortifie-moi afin que je sois à la hauteur de la responsabilité que Tu m’as confiée. Ils sont Tes dépôts. Rends-moi digne de Ta mission. Fais de mes enfants des êtres équilibrés peu importe l’environnement dans lequel ils baignent.
Donne à mes enfants Ta crainte, Ton Amour, l’intelligence, la sagesse, la patience, la résilience et le sens des responsabilités. Sois leur soutien.
Seigneur, qui suis-je pour Te dire ce que je mérite ou non ? Pardonne-moi mon ego. Préserve-moi de ses pièges. Apaise la douleur qui fait corps avec mon cœur. A Toi, je m’abandonne. »
allez vou en, vieilles peaux. Elle parle d’enquêter. Un homme qui vous tourne le dos, en sait long comme le bras sur vous. Il ne vous aime plus et ne vous regrettera pas non plus !
Les hommes sont un peu égoïstes. Que puis-je dire ? Du courage et mes excuses au nom de tous les hommes.