Séduisante mondaine à la silhouette allongée, de grands yeux très maquillés, une large bouche et une longue chevelure noire légèrement ondulée… Jill Kelley est présentée comme la « deuxième femme » dans l’affaire Petraeus. C’est elle qui a alerté le FBI se disant victime de mails « menaçants » envoyés par Paula Broadwell, la maîtresse du général David Petraeus, adultère qui aurait conduit à la démission fracassante de ce dernier de la tête de la CIA.
Jill Kelley, qui a grandi à Philadelphie, est d’origine libanaise. Elle serait issue d’unefamille maronite de Jounieh, dans le nord du Liban, qui a émigré aux Etats-Unis vers la fin des années 1970, selon le Philadelphia Inquierer.
Connue sur la scène sociale de Tampa, en Floride, où elle réside, Jill Kelley organisait fréquemment de grandes soirées dans sa villa située boulevard Bayshore – d’une valeur de 1 million d’euros, selon le Daily Mail. Elle participait aussi à des galas de charité aux côtés de hauts gradés de la base aérienne MacDill, située au sud de la ville.
Agée de 37 ans, mariée à Scott, chirurgien spécialisé dans le traitement des cancers, et mère de trois fillettes, elle était active au sein des organisations de la ville soutenant des causes militaires, selon un ami de la famille Petraeus, cité par le New York Times. Tampa héberge le commandement central qui supervise les opérations en Irak et en Afghanistan, dont David Petraeus avait pris la tête, entre 2008 et 2010, avant de servir en Afghanistan puis à la CIA.
« RELATION AMICALE »
Pour le directeur du journal local Tampa Bay, Aaron Fodiman, ces relations n’avaient rien d’extraordinaires. « Les cercles sociaux de Tampa sont souvent fréquentés à la fois par des officiers venus de MacDill et des personnes depouvoir et d’influence au niveau local », explique-t-il au Daily Beast. « Jill Kelley est absolument charmante et délicieuse. Elle impressionne toujours les autres personnes. Une hôtesse phénoménale », ajoute-t-il.
Une photo datant de janvier 2010, prouve, selon le Daily Beast, que Jill Kelley avait accès aux plus hauts échelons du pouvoir à la base de MacDill : elle montre David Petraeus et sa femme Holly, en compagnie du couple Kelley, sur la pelouse du manoir familial, lors du Gasparilla pirate festival, qui célèbre chaque année la légende du mythique pirate espagnol José Gaspar qui aurait atteint la côte de la Floride à la fin du 18e siècle.
Selon un proche de M. Petraeus cité par ABC News, la relation entre le général et Jill Kelley est purement « amicale ». Ce qu’a confirmé la jeune femme, qui a expliqué dimanche que sa famille et celle du général Petraeus étaient amies depuis cinq ans. « Nous respectons sa vie privée et celle de sa famille, et nous voulons la même chose pour nous-mêmes et nos trois enfants », a-t-elle déclaré dans un communiqué transmis à ABC.
« AGENT DE LIAISON SOCIALE »
Jill Kelley n’a pas seulement organisé des soirées réunissant le gratin de Tampa ni été une habituée des réunions mondaines de l’armée, mais elle a joué un rôle – qui reste à clarifier – au sein de la base MacDill. Selon l’agence de presse américaine Associated Press, elle travaillait comme « agent de liaison sociale »avec le Commandement central de l’armée, sans jouir d’un statut particulier au sein de l’armée et sans être rémunérée.
« On suppose que Kelley a travaillé au ‘Village Coalition’ à MacDill, une zone de labase dans laquelle les travailleurs étrangers aident dans la guerre contre le terrorisme. Mais le rôle qu’elle y aurait joué n’est toujours pas clair », explique leDaily Beast, qui affirme avoir appelé en vain le bureau des affaires publiques deMacDill, le Commandement central, le Commandement des opérations spécialeset même le ministère de la défense.
Selon une source officielle, citée par le Daily Mail, les pays de la coalition représentés au Commandement central ont accordé à Jill Kelley un certificat de remerciement, sur lequel elle est désignée comme une « ambassadrice honoraire » auprès de la coalition, sans qu’elle détienne pour autant de statut officiel ni ne soit employée par le gouvernement fédéral. Mais d’après la même source, la jeune femme se présentait comme « ambassadrice« , laissant de côté la notion« d’honoraire ».
Audrey Garric