Karim Wade: Je sais…Je comprends…Je suis touché …et nous allons agir.

«Dans ces moments difficiles, nous devons éviter les polémiques pour alléger les difficultés de nos compatriotes»

Le Ministre d’Etat, Karim Wade a recadré le débat politique, cet après-midi, lors de la cérémonie de passation au Ministère de l’Energie. Il a appelé à tous les hommes du Sénégal, Opposition comme Pouvoir à éviter les polémiques, en ces moment difficiles, pour alléger les difficultés des sénégalais. Voici l’essentiel de son discours.

Je voudrais tout d’abord remercier Monsieur le Président de la République et Monsieur le Premier Ministre pour la confiance qu’ils ont bien voulu placer en moi, en me confiant le département de l’Energie, un secteur stratégique et vital pour l’émergence du Sénégal, sa croissance économique et l’éradication de la pauvreté.

J’apprécie à sa juste valeur cette grande marque de confiance faite à ma modeste personne. Je mesure d’autant plus la responsabilité qui m’échoit  ainsi que j’ai la redoutable mission de prendre le relais des mains d’un ami et frère qui vient d’accomplir, en deux fois moins de temps, que tous ses prédécesseurs, des progrès importants pour la modernisation du secteur énergétique.

Monsieur le Ministre d’Etat,

Dans un contexte particulièrement difficile, vous avez mis  en œuvre,  avec beaucoup de courage, une vigoureuse politique de redressement du secteur stratégique de l’énergie.

Vous avez su donner, à la tête de ce département,  la mesure de vos talents en inscrivant à votre actif des réalisations particulièrement appréciables.

Je suis parfaitement conscient que l’énergie est devenue une question nationale  d’une extrême sensibilité.

Dans ces moments difficiles où l’essentiel est en jeu, nous devons éviter les polémiques et nous concentrer sur notre seul et unique objectif : alléger les difficultés auxquelles nos compatriotes font face. Et pour cela, nous devons tous faire preuve d’un esprit constructif mais aussi et surtout de sérénité.

Monsieur le Ministre d’Etat,

Mesdames et Messieurs,

Je rappelais, au mois de mars dernier, à Guédiawaye, lors de la cérémonie de signature de l’accord de financement de la seconde phase du projet « Boucle de Dakar » que je n’ai pas pour habitude, d’adopter la politique de l’Autruche.

Quelles que soient les circonstances,  disais-je,  nous avons un devoir de vérité vis-à-vis des sénégalais.

Et dire la vérité,

–       aux braves vendeuses de poissons dont la marchandise pourrit faute d’électricité ;

–       aux tailleurs contraints à l’inactivité après avoir peiné à décrocher quelques commandes à la veille d’une fête religieuse ou de la rentrée des classes ;

–        aux entreprises dont la compétitivité est mise à rude épreuve en raison des délestages ;

–       aux braves mères de famille obligées de jeter des provisions qui pourrissent dans un réfrigérateur sans alimentation électrique ou détraqué par le courant censé le faire marcher ;

–       aux élèves et étudiants obligés de s’éclairer à la bougie pour apprendre leurs leçons ;

–        et à tous les sénégalais confrontés aux coupures intempestives d’électricité,

Dire la vérité, c’est reconnaitre que le Sénégal est confronté à une crise énergétique sans précédent et que la situation est grave.

Dire la vérité, c’est admettre que tout abonné de la SENELEC, qui  s’acquitte, souvent  avec difficulté, du paiement de ses factures, a droit à l’électricité, denrée indispensable à la vie économique et sociale courante ;

Dire la vérité, c’est inviter les collectivités locales, notamment les mairies, qui prélèvent l’impôt sur les maigres ressources des citoyens qui, eux-mêmes peinent à honorer leurs factures, à s’acquitter de leurs factures d’électricité ;

Dire la vérité, c’est également souligner que pendant que les braves citoyens se saignent pour éviter l’humiliation de la coupure, d’autres s’adonnent à la fraude, consommant ainsi un bien public, sans facture ni paiement, avec l’aide de complices insoupçonnés ;

Disons le tout nettement : des mesures vigoureuses seront  prises. Elles  sont indispensables pour rétablir la situation.

Tout d’abord, un état des lieux sans complaisance sera fait. Il permettra de revisiter tout le secteur de l’énergie. De l’approvisionnement à la production en passant par le financement des hydrocarbures, au transport, à la distribution,  à l’investissement,  à la tarification et des investissements,  tout sera passé en revue et rien ne sera laissé au hasard.

En attendant, J’exhorte vivement les Autorités de la SENELEC à prendre les mesures nécessaires pour améliorer l’information des consommateurs sur la programmation des délestages.

Je mesure parfaitement les attentes légitimes de nos compatriotes bien compris l’espoir suscité par le changement qui vient d’être opéré ;

J’ai bien compris la volonté d’en finir avec la douloureuse gêne occasionnée par les ruptures dans la fourniture de l’électricité et du gaz ;

Avons-nous besoin de vous énumérer l’impact des délestages sur les ménages, les entreprises du secteur informel comme du secteur moderne, les formations hospitalières, l’approvisionnement en eau etc.?

Avons-nous besoin de vous rappeler les longues files d’attente devant les points de vente de gaz qui essoufflent  nos braves femmes ?

Je sais…Je comprends…Je suis touché …et nous allons agir.

Dans l’exécution de la mission difficile mais exaltante qui vient de m’être confiée, je me ferai un devoir d’être à l’écoute des sénégalais pour rechercher  avec eux et en eux, la force vitale qui guidera mon action de tous les jours.

Dans ce cadre, je suis prêt à nouer, sous l’impulsion du Premier Ministre,  un dialogue permanent et fécond avec les spécialistes du  secteur, les associations de consommateurs, les entreprises et ménages ainsi que les élus dont on connaît  l’intérêt pour la brûlante question de l’énergie.

Ce dialogue, je le souhaite franc, professionnel direct et serein pour qu’ensemble, nous  relevions le défi.

Il s’agit, en réalité, d’un véritable pari sur l’avenir, celui d’un Sénégal moderne où les coupures d’électricité et les pénuries de gaz seront un vieux souvenir.

Permettez-moi  maintenant de m’adresser  aux travailleurs du secteur et plus particulièrement à ceux de la SENELEC et de la SAR.

Je connais vos compétences avérées, votre professionnalisme et l’ampleur des sacrifices que vous avez déjà consentis pour vos entreprises respectives, votre bravoure et votre patriotisme.

J’attends de vous beaucoup d’abnégation, de courage dans le travail, de discipline, de rigueur, d’organisation et de  méthode, mais également le respect strict des règles de transparence et de bonne gouvernance.

Je sais, qu’à travers vos syndicats, dans un esprit constructif, vous avez manifesté le désir de me rencontrer pour me faire part de vos préoccupations,  sortir ce que vous avez dans le cœur et  me prodiguer des conseils.

Non seulement ma porte ainsi que celle de tous mes collaborateurs vous sont ouvertes mais, je vous demande une audience, pour commencer sans tarder, à échanger avec vous sur le  challenge qui nous attend car nous n’avons pas le droit d’échouer.

Dans cette œuvre, nous ne serons pas seuls. Comme par le passé, nous pouvons compter sur le précieux appui des institutions financières internationales, de nos amis bailleurs de fonds ainsi que de pays frères. Je les remercie bien vivement  des résultats qu’ils nous ont déjà permis d’obtenir.

Pour terminer, je voudrais transmettre un message à l’ensemble des travailleurs et partenaires du secteur de l’énergie, aux producteurs, aux distributeurs et surtout aux consommateurs : je ne viens pas avec des solutions clés en main.

Tel un ouvrier, au pied du mur, j’ai la volonté de travailler durement  aux côtés de tous les acteurs de ce secteur stratégique pour que les sénégalais puissent avoir accès, de façon durable et à des conditions raisonnables, à l’énergie.

Karim WADE

bitimrew.net