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Kër Ngoor à Hann Mariste: à la découverte d’un petit village niché au coeur d’un quartier Résidentiel

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Keur Ngor est un village niché au coeur du quartier résidentiel de Hann Mariste. C’est un village sérère d’une cinquantaine de maisons où cohabitent presque toutes les ethnies et toutes les religions.

 

KËR NGOOR À HANN MARISTE : À la découverte d'un petit village niché au coeur d'un quartier Résidentiel
La capitale sénégalaise regorge de beaucoup de quartiers résidentiels, où n’habitent généralement que des personnes aisées, comme Fann Résidence, les Almadies, Sacré Cœur 2 et 3, entre autres. Des quartiers avec des maisons aux architectures modernes reflétant l’image d’une classe moyenne aux allures d’une bourgeoisie locale. À Hann Mariste, par exemple, l’un de ces quartiers résidentiels où on retrouve des résidences très modernes, parfois des bâtiments gigantesques est niché un village avec tout ce qu’il y a comme corollaires de pauvreté : «Keur Ngoor».
Situé au coeur des Maristes, près de l’Institut national de pédologie (Inp), entre Mariste 1 et Mariste 2, «Keur Ngor» est en réalité une grande maison avec une cinquantaine de concessions. Majoritairement Sérères, les habitants de «Keur Ngoor», n’en sont pas moins issus des autres ethnies. On y trouve en effet aussi des Toucouleurs, des Bambaras que des Wolofs. Et tous cohabitent dans une parfaite harmonie. Juste à l’entrée se trouve la maison du chef de village. Une maison assez vaste, mais bien aménagée avec plusieurs chambres. Au beau milieu de la concession trône un grand arbre à palabre, lieu de rencontre et de discussion des villageois, comme un peu partout dans l’intérieur du Sénégal.
Une fois dans le village, l’on se croirait d’ailleurs hors de Dakar. De petites maisons construites en dur, avec des toits entrelacés, se croisent avec des ouvertures un peu partout. Dans certaines demeures, ce sont des cases qui constituent le décor. Et dans presque toutes les concessions, il y a un ou des arbres qui servent d’espace de repos aux résidents, à cause de la promiscuité qui règne. Ici, il n’y a en effet même pas de rues. C’est tout juste de petites ruelles sablonneuses qui séparent les demeures au design très modeste qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau. À notre passage dans le village, un silence presque total régnait en cette mi-journée. Les rares bruits qui s’élevaient dans le ciel sont des cris d’oiseaux et quelques pleurs d’enfants.
Et à cause de l’étroitesse des lieux, la chaleur est plus insupportable. Dans les cours des maisons, chacun dans son coin, éventail à la main, essaye de se rafraîchir du mieux qu’il peut. Et si certaines personnes, en cette journée du vendredi, se préparent pour aller à la mosquée, d’autres les jeunes notamment, sont installés dehors, sous les arbres pour profiter des frémissements des feuillages. Les femmes s’affairent, au même moment dans les cuisines improvisées au milieu de ces maisonnettes, autour des marmites pour préparer le repas. Les tout- petits, généralement torses nus, courent dans tous les sens, malgré la canicule qui règne.
À l’extérieur du village «Kër Ngoor», se trouve une sorte de rizière où les villageois font du jardinage, cultivent des tomates, des patates. Cet endroit verdâtre, avec des fleurs et des oiseaux, vient embellir la morosité de ce village qui manque de tout.

CRÉÉ VERS LES ANNÉES 1932 : «Kër Ngoor» doit son nom à son fondateur

«Kër Ngoor» est un village assez particulier. Il a été créé vers les années 1932 par un certain Ngoor Marone, un agriculteur originaire de Dioyine dans la région de Fatick. D’où le nom de ce village «Kër Ngoor». Avec une cinquantaine de concessions, «Kër Ngoor» a une histoire unique.
En effet, son fondateur, Ngoor Marone, était venu à Dakar pour travailler au service des eaux et forêts comme moniteur. Et puisqu’il n’avait pas de maison à Dakar, son patron, un Français du nom de Mesqui, l’a autorisé à construire une case dans cet endroit qui était jadis très désert et très enclavé, explique El Hadji Samba Thiamké Marone, le fils aîné de Ngoor. «Quand mon père a construit, pour la première fois, une case dans ce lieu désert, il a fait venir sa première épouse qui était restée au village. D’autres personnes qui travaillaient dans le même service que lui et qui habitaient des endroits très éloignés ont demandé à mon père s’ils pouvaient venir s’installer ici. Mon père en a parlé avec son patron qui les a autorisé à venir s’installer», confie-t-il.
«Au fil des années, des jeunes qui quittaient le village de mon père, pour venir en ville chercher du travail sont venus s’installer chez Ngoor qui leur donna un espace où construire leur case. Et c’est comme cela que ‘Kër Ngoor’ est devenu un village», renseigne Samba Marone qui est né dans le village. «Je suis né dans ce village en 1957. Au début, je me rappelle qu’il n’ y avait que des cases. L’endroit était sombre et désert. Les femmes n’osaient même pas sortir pour aller au marché. Les taximen, n’imaginaient même pas venir jusqu’ici. Mais maintenant, il y a des maisons qui nous entourent, les gens viennent normalement, sans aucun danger», souligne Samba Marone.
Il renseigne aussi qu’«au début et à trois reprises d’ailleurs, les cases ont pris feu. Et les habitants ont décidé de changer les cases en paille pour construire des maisonnettes en baraque. Et maintenant, on a commencé à construire en dur». À l’en croire, presque tous les fromagers, qui sont un peu partout dans Dakar, ont été plantés par son père qui cultivait également dans cette sorte de rizière qu’est la petite étendue d’eau située à l’entrée du village. «Il y a cultivé de la tomate, des patates et des légumes», précise-t-il.
«Kër Ngoor», qui a presque 79 ans cette année et qui est plus vieux que certains villages du pays, reste pourtant toujours méconnu des Dakarois. Bien que niché au coeur de la capitale Sénégalaise, le village de «Keur Ngor» est encore encré dans les traditions. Ce, malgré qu’il est situé en plein cœur d’un quartier résidentiel ouvert sur la modernité.

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